Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Zoroastre

Administration du grand dictionnaire universel (15, part. 4p. 1508-1509).

ZOROASTRE, fondateur ou réformateur du magisme. Sa patrie et l’époque où il vécut sont également inconnues. L’histoire n’a recueilli des événements de sa vie que quelques traits qui ne concordent même pas entre eux, et c’est en vain que des savants du premier ordre ont essayé de reconstruire cette histoire en s’aidant des brèves indications des auteurs grecs, des fragments mutilés ou interpolés des livres sacrés du magisme, et des légendes merveilleuses des poètes et historiens de l’Orient. Cette incertitude serait déjà une preuve de haute antiquité, s’il n’en existait pas, d’ailleurs, d’autres d’un caractère plus précis. L’opinion générale de l’antiquité grecque était que Zoroastre avait vécu 5000 ans avant la guerre de Troie. Quelque exagérée que paraisse cette donnée chronologique, il faut constater que les anciens étaient à peu près unanimes sur ce point, et c’est un témoignage auquel on ne peut méconnaître un poids considérable. Une opinion contraire a cependant surgi dans le xviiie siècle ; Zoroastre, au lieu d être un législateur des temps primitifs, serait simplement contemporain d’Hystaspe et de Darius. Cette opinion, qui a longtemps régné et dont toute la force était basée sur la similitude du nom de Gustasp, dont il est fait mention à plusieurs reprises dans te Zend-Avesta, et de celui d’Hystaspe, a été savamment réfutée par M. J. Reynaud, dans l’Encyclopédie nouvelle, et ne peut plus se soutenir aujourd’hui. Sans qu’on puisse assigner, même approximativement, l’époque où vécut le législateur religieux du magisme, il parait hors de doute qu’il appartient à la plus haute antiquité et qu’il est peut-être même antérieur au brahmanisme. Les poëmes primitifs révélés par Zoroastre, qui commença peut-être son œuvre de prophète et de pontife dans la Bactriane, se nommaient originairement Naçkas ; le Zend-Avesta tel que nous le possédons a été composé de leurs débris (v. Avesta). Ils étaient écrits dans la langue zende, un des plus anciens idiomes connus et qui ne se parlait plus depuis longtemps dans la haute Asie au temps de Darius. Ils contenaient les traditions sacrées, les dogmes, le culte, la liturgie, les institutions politiques et civiles, les observances, etc. Ce qui nous en reste, quoique incomplet, quoique mêlé de compositions postérieures, peut nous foursir les principaux traits de cette antique religion du feu. Le premier livre, le Vendidad, qui est comme la Genèse du Zend-Avesla, contient la revue des lieux donnés successivement aux hommes par Ormuzd, c’est-à-dire probablement le récit des migrations des races venues de la vallée de l’Iaxarte. Elles habitaient primitivement une contrée riante nommée Ariane (que quelques


savants regardent comme le berceau du genre humain), d’un climat doux et où régnaient sept mois d’été contre cinq mois d’hiver. Ahriman, dieu du mal, envoya dans le pays un grand froid qui ne laissait que deux mois d’été sur dix mois d’hiver, ce qui contraignit les habitants à émigrer. Cette tradition, qui semble, dit Heeren, un des échos du monde antédiluvien, est confirmée par les découvertes mêmes de la géologie, et on retrouve dans cette contrée de l’Ariane primitive, d’un climat si rude aujourd’hui, des fossiles de plantes et d’animaux qui attestent la douceur et la beauté de l’ancien climat. L’ordre que suit le Vendidad dans son énumération se déroule du nord au midi, jusqu’au seizième lieu, que M. Burnouf conjecture être le Sindh actuel. Il résulte de ces données géographiques, que la religion de Zoroastre, née au berceau des peuples aryens, se répandit ensuite dans la Bactriane, l’Iran, la Médie, etc. En voici les dogmes principaux. Dans l’empire de la lumière règne Ormuzd, auteur et préparateur de tout ce qui est bon ; dans l’empire des ténèbres règne Abriman, source de tout le mal moral et physique. Autour du trône d’Ormuzd se tiennent les sept amschaspands, ou princes de la lumière, dont il est lui-même le chef. Ahriman est de même entouré des sept dews, génies du mal. Une quantité innombrable d’amschaspands et de dews inférieurs remplissent les deux empires, qui sont dans une guerre permanente ; mais Ahriman sera vaincu un jour, et la domination d’Ormuzd (la lumière, le bien) embrassera tout l’univers. Ce qu’il y a de remarquable dans cette théologie naturaliste, c’est qu’après la victoire définitive de la lumière, le Satan du magisme a part à la rédemption universelle et rentre comme tous les êtres dans la divine harmonie du bien. Le grand dualisme du bien et du mal, qui est l’idée fondamentale de cette religion, ne s’arrête pas à une seule généralité. Il forme une hiérarchie de tous les êtres animés ou inanimés, hommes, animaux, insectes, végétaux, qui, soit purs ou impurs, se rattachent à Ormuzd ou à Ahriman. Le culte consistait en purifications, qui s’accomplissaient devant le feu sacré. La législation de Zoroastre était déduite de sa doctrine religieuse. Le despotisme était posé en principe ; au-dessous du despote souverain s’étageait toute la hiérarchie du gouvernement, et toujours par groupes de sept, nombre sacré qui représentait les sept astres descultes primitifs. Les lois morales avaient pour principales dispositions les vertus domestiques. La polygamie y est clairement énoncée. La caste des prêtres était savamment organisée et disposait d’un pouvoir presque souverain. La nation était également partagée en castes.

Anquetil-Duperron a placé en tête de sa traduction du Zend-Avesta une Vie de Zoroastre qui n’a plus maintenant une aussi grande autorité.

Une note que nous empruntons à la Biographie Michaud fera connaître les importants travaux qui ont été publiés en Allemagne et en Angleterre sur les livres de Zoroastre. » Le Vendidad a été publié d’après les manuscrits de Paris, avec une traduction latine et les variantes, par Jules Œllmusen (Hambourg, 1829, in-4o). Une traduction allemande de l’Avesta, faite d’après le texte original par le docteur F. Spiegel, a paru à Leipzig, de 1852 à 1863, en 3 volumes in-5°. Citons aussi Zend-Avesta edited and interpreted by N.-L. Westergaard (Copenhague, 1852, in-4o), et le Zendasclita, texte original, avec une triple version (française, polonaise et allemande), entreprise par M. Ignace Petraszewski. Le Zend-Avesta a également été l’objrt d’un travail, en allemand, de M. G.-F. Fechtner (Leipzig, 1848-1851, 3 vol. in-8o). Eugène Burnouf avait entrepris la publication du Vendidad-Sadé, avec un commentaire, une traduction nouvelle et un mémoire sur la langue zende considérée dans ses rapports avec le sanscrit et les anciens idiomes de l’Europe ; cet important travail, que recommande le nom de l’illustre indianiste qui s’en était courageusement chargé, a paru de 1829 & 1843; il a été tiré à 100 exemplaires. Burnouf a également mis au jour, en 1833 et 1835, en deux parties, le premier volume d’une édition (restée inachevée) du Yaçna, texte zend, avec les variantes de quatre manuscrits de la bibliothèque de Paris et la version sanscrite inédite de Nériosengh. Une continuation du commentaire de Burnouf sur le Yaçna, formée d’articles insérés dans le Journal asiatique de 1840 à 1850, a été réunie en 1 volume in-8o (Paris, Imprimerie royale), sous le titre d’Étude sur la langue et sur tes textes sends. M. Jules Thonnelier a, de son côté, entrepris, en 1855, une reproduction autographiée, d’après les manuscrits zend-pehlvis de la bibliothèque de Paris, du Yendidad-Sadé, traduit en langue huzvaresch ou pehlvie. Lit bibliothèque de Paris possède un exemplaire d’une édition très-rare, autographiée à Bombay, du Vendidad-Sadé, texte zend, avec titre persan et commentaire guzarati de la première partie des livres des paisis, par les soins de Manakelis Cursetii. M. Herman Brockhausa fait paraître à Leipzig, en 1850, grand in-4o, i’Yaçna, le Vispered et le Vendidad, d’après les éditions lithographiées de Paris et de Bombay, avec un index et un glossaire. En 1842, un guèbre, du nom d’Aspandiarij, avait mis au


jour, à Bombay, l’Yaçna, en zend, mais en caractères guzarates, avec une traduction guzarate, une paraphrase et un commentaire. Ceci nous rappelle un autre ouvrage en guzarate, qui a été publié à Bombay en 1859, et dont le litre peut se traduire par: Essai sur tes livres religieux de Zoroastre, la langue dans laquelle ils sont écrits et leur antiquité, par Sohrabji Shapourji. Ce qui manque encore à la France, c’est une traduction complète et fidèle des livres zends. Le travail d’Anquetil ne répond nullement aux vœux de la critique moderne; il a été fait d’après une version persane, où le texte et les commentaires sont confondus. M. Lanjuinais a écrit une analyse du Zend-Avesta, concise et claire, mais qui aujourd’hui est fort incomplète. On peut aussi consulter l’ouvrage de J.-A. Vullers  : fragments sur la religion de Zoroastre, en allemand (Bonn, 1831). »

Zoroastre et sa doctrine par Windischmann (en allemand, Zoroastrische Studie, Études zoroastriennes, 1862, in-8o). L’auteur est un des savants qui ont le plus approfondi les doctrines et l’histoire de Zoroastre. Ses travaux, peu connus en France, peuvent être considérés comme fournissant les données les plus complètes sur cet intéressant personnage. Cet ouvrage, qui a été publié après sa mort, par Spiegel, consacre à Zoroastre trois chapitres importants. Le premier traita du nom même de Zoroastre, le second du lieu de sa naissance, le troisième des documents conservés sur lui par l’antiquité classique. Résumer ces trois chapitres, c’est le meilleur moyen de donner aux lecteurs une idée exacte, précise, conforme aux dernières découvertes de la science, sur ce personnage si mal connu et si digne de l’être mieux.

Windischmann commence par comparer entre elles les différentes formes du nom de Zoroastre que nous ont transmises les Grecs. Les plus anciens écrivains jusqu’à l’ère chrétienne se servent de la forme Zôroastrês ou Zôroastros. Plus tard apparaît une nouvelle forme, celle de Zaradès. On trouve encore Zaratos, Zoradês, Zaras, Zarès. Suidas parle même d’un Zôramasdrès, sage chaldéen, confondant ainsi Zoroastre avec Oromasdès. Windischmann explique l’existence des formes plus modernes par la confusion opérée entre Zoroastre et l’Assyrien Zaratus, le précepteur de Pythagore. Diodore de Sicile nous montre une autre forme, Zathraustès, que Windischmann suppose être une corruption de Zarathustès. Diodore donne au roi bactrien, qui fut vaincu par Sémiramis, et que plusieurs écrivains grecs appellent Zoroastre, le nom de Oxyartès.

On sait que le véritable nom de Zoroastre est en zend Zarathustra. On est naturellement aussitôt porté à se demander pourquoi les Grecs ne transcrivaient pas tout bonnement ce mot sous la forme exacte de Zarathustrès. Windischmann démontre que c’est parce que les Grecs n’ont entendu parler de Zoroastre qu’indirectement, par 1 intermédiaire des Perses ou Babyloniens, qui l’avaient confondu avec celui d’Ahura-Mazda ou Oromazès.

Si maintenant nous cherchons dans les autres dialectes iraniens quel nom porte Zoroastre, nous trouvons eu huzvarech Zartust et Zartuhast, en parsi Zarathust, en persan moderne Zàrtucht, Zârducht, Zârduhacht, Zârhucht, Zarâthuoht etc., etc.

Quelle est l’étymologie réelle du nom de Zoroastre, quelle que soit la forme qui doive être considérée comme primitive ? Déjà Burnouf avait cru reconnaître dans la seconde partie de ce nom le mot zend ustra, chameau. Ce qui semble justifier cette opinion, c’est la fréquence, dans les textes zends, de noms propres qui ne sont autre chose que des noms d’animaux, exactement comme dans nos langues indo-germaniques : Wolf, Loup, Chevreau, Lebœvf, etc. Ainsi le père du prophète est appelé Pourus-açpa, où açpa signifie cheval ; on rencontre encore Aurvataçpa, Vistâçpa, Kitâçpa, etc. D’autres noms renferment le moi vkhclian, taureau. Le mot ustra lui-même, qui est l’objet de l’hypothèse de Burnouf, se rencontre dans quelques noms propres de personnages figurant dans les textes zends, tels que : Frachaostra, Fraoraostra, Vôhuustra, Aravaostra.

Reste à expliquer la première partie du nom de Zoroastre, Zarath, et c’est là le point le plus difficile. On a cru pouvoir identifier Zaïath avec l’adjectif zairiti el zairina, jaune, fauve, ce qui donnait un sens très-satisfaisant, mais ce qui ne pouvait aucunement se justifier sous le rapport exactement grammatical et phonétique.

Windischmann, s’appuyant sur ces considérations, rejette l’opinion de Burnouf, et pense qu’il faut séparer le nom, non pas en Zarath' ustra, mais bien en Zara-thustra. De cette manière on obtient pour la première partie du mot une forme et une signification très-rationnelles, celles de jaune ou d’or, comme celle de l’adjectif sairina précédemment cité. Quant à la seconde partie du mot, thustra, Windischmann la rapproche, avec Lassen, du sanscrit trachtâr, dérivant d’une racine trich ou trach, briller. On a donc induit que ce second mot devait avoir le sens d’étoile, bien qu’on ne puisse rigoureusement justifier l’origine grammaticale de cette forme. Il faudrait donc admettre, mais sous réserve, néanmoins, que le nom de Zoroastre signifiait étoile d’or.

Quel était le lien de naissance de Zoroastre ? Le Bundehech dit que le père de Zoroastre habitait sur une hauteur près du fleuve Dàraga, et que c’est la qu’est né Zoroastre. Les renseignements les plus exacts et les plus détaillés que nous trouvions sur Zoroastre nous sont fournis par les historiens grecs. C’est là la source la plus sûre et la plus abondante a laquelle nous puissions puiser. Les premières données qui aient trait aux rapports des Grecs et des mages remontent à l’époque de Pythagore. Ce rapprochement nous fournit immédiatement un synchronisme, soit que l’on admette, avec quelques auteurs, que Pythagore, après avoir quitté sa patrie vers la mort de Cyrus pour commencer ses voyages scientifiques servit dans l’armée d’Assurhaddon, soit que l’on admette avec d’autres qu’il fut fait prisonnier par Cambyse en Égypte et ramené a Babylone, où il vécut douze années avec les Chaldéens. L’époque à laquelle Pythagore fut emmené à Babylone doit donc être placée entre l’expédition de Cambyse en Égypte (525) et la mort de ce conquérant (521). C’est là que Pythagore fut instruit des pratiques du magisme par un certain Zaralas, dans lequel on a voulu voir à tort Zoroastre lui-même. Cette opinion, basée sur un malentendu, fut de bonne heure adoptée, et nous voyons la plupart des auteurs anciens donner Zoroastre comme maître à Pythagore, Lorsque Pythagore vint à Babylone, le zoroastrisme y florissait avec une vigueur qui supposait une existence déjà ancienne.

Plus tard Démocrite, à l’exemple de Pythagore, visita Babylone et s’entretint avec les Chaldéens et les mages.

Le plus ancien auteur grec qui fasse clairement mention de Zoroastre et de son système philosophique est le Lydien Xanthus, qui vivait encore au commencement de la guerre du Péloponèse et dont on a inutilement taxé les œuvres d’apocryphes. Un des historiens qui nous ont parlé le plus longuement de Zoroastre est assurément Dino, père de Clitarque, le compagnon d’armes d’Alexandre le Grand, qui composa sous le titre de Persika un ouvrage du plus haut intérêt, dont malheureusement quelques fragments seuls nous sont parvenus. Les renseignements contenus dans ces fragments sont d’une exactitude singulière. Ainsi Dino affirme que le zoroastrisme repoussait les pratiques de sorcellerie, ce qui est parfaitement vrai, comme nous le voyons aujourd’hui par les malédictions du Zend-Avesta contre les sorciers et les magiciens. Théopompe avait également, dans son ouvrage historique intitulé Philippika, qui ne nous est malheureusement pas parvenu, consacré un chapitre du plus haut intérêt à Zoroastre et aux mages. Hermodore avait aussi donné des détails sur Zoroastre, ainsi que l’Alexandrin Sotion, qui vivait sous Ptolémée Épiphane. Hermippus termine la liste des auteurs grecs qui se sont occupés de Zoroastre antérieurement à l’ère chrétienne ; il avait écrit un livre intitulé : Sur les mages, également perdu. Trois passages nous en ont été conservés par Pline le Naturaliste ; ils dénotent une connaissance étendue du sujet traité par l’auteur. À partir de ce moment, nous voyons se former sur Zoroastre et sa doctrine une foule d’opinions plus ou moins erronées. Mentionnons encore les passages importants que Strabon a consacrés à cette question, et particulièrement au culte si caractéristique du feu ainsi que sur les pratiques spéciales de la Bactriane et de la Cappadoce. Pline parle beaucoup de Zoroastre dans son grand ouvrage, et nous a conservé plusieurs passages d’auteurs perdus qui y étaient relatifs. 11 dit qu’un nommé Osthanès, qui accompagnait Xerxés dans sa malheureuse expédition, répandit partout les doctrines des mages. Beaucoup d’autres écrivains postérieurs à ceux que nous venons de nommer se sont occupés de Zoroastre ; il est inutile de les éuumérer et nous renvoyons le lecteur au livre de Windisehmann lui-même. Les détails que nous venons de donner suffiront pour faire comprendre l’importance et l’intérêt de ces études.

    1. Zoroastre (tragédie de Cahusac et Rameau) ##

Zorooatre, tragédie lyrique en cinq actes, paroles de Cahusac, musique de Rameau, représentée par l’Académie royale de musique le vendredi 5 novembre 1749. Cette pièce, à grand spectacle, offre deux personnages rivaux en puissance et en amour, Zoroastre et Abramane ; l’un représente le principe bienfaisant, l’autre celui du mal. La magie intervient naturellement, et à l’Opéra elle se trouve dans son élément. Le prologue fut supprimé pour la première fois, et remplacé par une ouverture, sorte de symphonie descriptive, dont la première partie « trace un tableau pathétique du pouvoir barbare d’Abramane et des gémissements des peuples qu’il opprime ; un doux calme succède, l’espoir renaît. La seconde partie est une image vive et riante de la domination bienfaisante de Zoroastre et du bonheur des peuples qu’il a délivrés de l’oppression. » Le quatrième acte fut le plus admiré. Rameau déploya dans cet ouvrage toutes ses ressources harmoniques. Les airs de danse offrent surtout un grand intérêt. Voici la distribu-


tion des rôles : Zoroastre, instituteur des mages, Jélyotte ; Abramane, grand prêtre des idoles, Chassé ; Amélite, héritière du trône de Bactriane. Mlle Fel ; Erinice, princesse de Bactriane, Mlle Chevalier ; Zopire, prêtre des idoles, Person ; jeunes Bactriennes de la suite d’Amélite, Mlles Jacquet et Duperey ; Abénis, jeune sauvage indien, Poirier ; une voix sortant du nuage enflammé, Latour ; une Salamandre, Lepage ; une sylphide, Mlle Coupée ; la Vengeance, Lepage ; une voix souterraine, Lefebvre ; la Jalousie, Mlle Dalière ; la Colère, Mlle Rollet ; Furies, Poirier et Cuvillier.

Le ballet se composait des entrées suivantes : première entréé, Bactriennes ; deuxième, Indiens sauvages et mages ; troisième, peuples élémentaires ; quatrième, prêtre d’Ahriman, esprits cruels des ténèbres, la Haine, le Désespoir ; cinquième, peuples élémentaires, bergers et bergères.

Les principaux acteurs du ballet étaient : Laval, Caillez, Feuillade, Lelièvre et le célèbre Dupré ; Mlles Puvigué, Labatte, Thierry, Carville, Lallemand, Lany, Lyonnois, Beaufort, Deschamps et enfin Mllle Camargo.

Rameau employa pour ce grand ouvrage la musique qu’il avait composée longtemps auparavant pour l’opéra de Samson, dont les paroles étaient de Voltaire, et qui avait été refusé par l’Académie de musique.

Le chœur des mages de Zoroastre est un des plus beaux que Rameau ait écrits.