Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/VIALA (Joseph-Agricole), enfant célèbre par son héroïsme

Administration du grand dictionnaire universel (15, part. 3p. 975).

VIALA (Joseph-Agricole), enfant célèbre par son héroïsme, né à Avignon en 1780, tué sur les bords de la Durance en juillet 1793. En juillet 1793, les royalistes du Midi, soulevés contre le gouvernement républicain, s’étaient rendus maîtres de la rive gauche de la Durance et marchaient sur Avignon. Les patriotes résolurent de leur barrer le passage ; mais, inférieurs en nombre, ils ne purent empêcher les assaillants de se rendre maîtres des pontons. Couper précipitamment les câbles, c’était le seul moyen de rendre les pontons inutiles ; mais l’entreprise était à peu près impossible, car il fallait avancer sous un feu terrible et courir à une mort certaine. On demanda quelqu’un de bonne volonté. Un enfant de treize ans, Viala, qui commandait la petite garde nationale, dite l’Espérance de la Patrie, se présenta. Son offre fut repoussée ; mais, s’étant emparé d’une hache, il parvint à s’échapper et s’élança vers le poteau où le câble était fixé. Avec son léger mousquet, il fit feu quatre fois sur l’ennemi, puis, arrivé au poteau, jeta son fusil et attaqua le câble avec la hache ; les balles royalistes pleuvaient autour de lui. Tout à coup, avant d’avoir pu couper le câble, il s’affaissa mortellement blessé à la poitrine. Les royalistes franchirent la rivière, plongèrent leurs baïonnettes dans le corps de l’enfant et le précipitèrent dans la rivière. L’héroïsme de Viala fut célébré en prose et en vers sur les théâtres, dans les écoles, dans les sociétés populaires. Tout le monde connaît la strophe du Chant du départ :

De Barra, de Viala le sort nous fait envie ;
     Ils sont morts, mais ils ont vécu.

Dans sa séance du 18 floréal an II, la Convention décréta que l’urne du glorieux enfant serait portée au Panthéon le 30 messidor, et que l’assemblée assisterait en masse à cette cérémonie.