Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/VENDÉE (DÉPARTEMENT DE LA)

Administration du grand dictionnaire universel (15, part. 3p. 839-840).

VENDÉE (département de la), division administrative de la région occidentale de la France, formée en 1790 de l’ancien bas Poitou et tirant son nom de la rivière de la Vendée qui l’arrose dans sa partie méridionale du N.-E. au S.-O. Ce département, baigné à l’O. par l’Atlantique, qui y forme plusieurs îles, confine au N. au département de la Loire-Inférieure, au N.-E. à celui de Maine-et-Loire, àk l’E. à celui des Deux-Sèvres, au S. à celui de la Charente-Inférieure. Sa plus grande longueur, du N.-O. au S.-E., est de 190 kilom., et sa plus grande largeur, de l’O. à l’E., d’environ 75 kilom ; superficie, 670,153 hectares, dont 454,153 en terres labourables, 119,941 en prairies naturelles, 15,495 en vignes, 1,588 en autres cultures arborescentes, 47,440 en pâtis, landes, bruyères ; 61,733 en bois, forêts, étangs, chemins, cours d’eau, etc. Cette superficie est divisée administrativement en trois arrondissements : La Roche-sur-Yon, chef-lieu ; Fontenay-le-Comte, les Sables-d’Olonne ; on y compte 30 cantons, 298 communes et 401,446 hab. Le département forme le diocèse de Luçon, suffragant de Bordeaux ; la 4e subdivision de la 15e division militaire ; il ressortit à la cour d’appel de Poitiers, à l’académie de Poitiers, à la 24e conservation des forêts.

La côte, baignée par l’Atlantique, a un développement de 140 kilom. du N.-O, au S.-E. ; elle est généralement basse, envasée et sur quelques points hérissée de rochers ; une ligne de dunes peu élevées lui sert de digue. On y trouve les ports des Sables-d’Olonne et de Saint-Gilles, le golfe de l’Aiguillon, qui offre un bon mouillage. Près des côtes, on rencontre plusieurs îles, qui font partie du département ; les plus importantes sont Bouin, Noirmoutier et l’île Dieu. L’aspect du territoire de la Vendée est très-varié, et peut-être ne trouverait-on pas dans toute la France un seul département dont le sol présente autant de diversité dans sa nature et dans ses produits. Il se divise naturellement en quatre régions bien distinctes : le Bocage, la Plaine, le Marais et les îles. Le Bocage, ainsi appelé des bois qui couvrent sa surface et des haies qui entourent les champs, occupe toute la partie septentrionale du département, depuis la rive gauche de la Sèvre Nantaise jusqu’au Marais occidental et à l’Océan. La partie la plus orientale de cette région est hérissée de collines qui donnent naissance à des vallées étroites et peu profondes, où de petits ruisseaux coulent dans des directions variées. Là, les chemins sont creusés entre deux haies, étroits, et quelquefois les arbres joignant leurs branches les couvrent d’une espèce de berceau ; ils sont bourbeux et presque impraticables en hiver et raboteux en été. Dans quelques parties du Bocage se trouvent des landes de grands genêts et d’ajoncs épineux ; mais les vallées et les pentes de plusieurs coteaux sont couvertes de prairies. Le Bocage fait partie du grand massif armoricain formé de roches primitives, granit, gneiss, schiste. Le sous-sol est souvent formé d’une couche d’argile imperméable qui cause un excès d’humidité en hiver et de sécheresse en été. Les cours d’eau, peu importants, y sont interrompus pendant une partie de l’été.

La Plaine est la langue de terre comprise entre le Bocage et la limite méridionale du département. Le banc de pierre calcaire qui en forme le noyau, les coquillages entiers que l’on rencontre disséminés sur la surface ou incrustés à de grandes profondeurs annoncent qu’elle est le produit des atterrissements successifs qui remplirent ce vaste golfe où l’Océan avait séjourné ; sa surface n’est pas aussi unie que semble l’indiquer son nom, son aspect est triste et monotone et son sol, insuffisamment arrosé, n’est pas d’une grande fertilité. On appelle Marais toute la côte occidentale et méridionale du département qui fut autrefois couverte par la mer. L’alluvion marine du Marais repose, au nord, sur un sous-sol de sable et de gravier, au midi sur une couche d’argile compacte. Plusieurs de ses parties sont d’une fertilité prodigieuse ; il en est sur les rives de la baie de Bourg-neuf qui produisent alternativement le froment et les fèves sans engrais pendant plus d’un siècle, avant de donner des signes d’épuisement. Cette région se subdivise en trois parties : le marais desséché, le marais mouillé et le marais salant. Les marais desséchés, au S.-E., l’ont été au moyen d’un canal de ceinture et d’une digue nommée digue des Hollandais, qui a permis de retenir les eaux supérieures et de leur assigner un cours. Ce pays est riche en bestiaux et en grains. On désigna sous le nom de marais mouillé la partie du Marais qui reste submergée pendant certains mois de l’hiver. Quant aux marais salants, qui s’étendent sur la côte, ils sont divisés de kilomètre en kilomètre par des canaux parallèles, qui reçoivent à la marée montante les eaux de la mer et les conduisent dans les aires où le sel se dépose. Quant à la région des îles, dont nous avons nommé les principales, elle est généralement composée de terre ingrate, en grande partie couverte de bruyères et ne produisant pas la moitié du blé nécessaire à la consommation de ses habitants, qui n’y trouvent également ni bois, ni lin, ni chanvre, ni autres denrées utiles.

Le département de la Vendée est arrosé par un grand nombre de rivières, dont cinq seulement sont navigables : l’Autise, la Vendée, le Lay, la Vie et la Sèvre Niortaise ; les autres rivières importantes sont la Sèvre Nantaise, la Boulogne, le Maine et le Jaunay. De tous les canaux qui sillonnent le département, le seul particulièrement destiné à la navigation est le canal de Luçon ; les principaux canaux de dessèchement sont le canal dit de ceinture des Hollandais et le canal dit étier. On trouve des sources minérales à La Ramée, au Pouet, à Réaumur, à Beaulieu, à La Gilardière, etc. Les richesses minérales du département consistent en quelques mines de fer peu abondantes, mines de plomb argentifère aux environs des Sables ; mines de houille près de Vouvant, Chantonnay et près de La Châtaigneraie ; pierres de Chamberteaud, dites diamants de la Vendée, servant à faire des bijoux ; pierres meulières, ardoises, sable, argile à tuile, à brique et à poterie ; pierre de taille, grès, cristal de roche et kaolin aux environs de La Chaise.

Le climat de ce département présente à peu près les mêmes variétés que son sol. « En passant du Marais à la Plaine et de la Plaine surtout au Bocage, dit M. de La Fontenelle de Vandoré, on croirait véritablement voyager d’un degré de latitude à un autre, et la différence est encore plus grande quand on arrive à la côte. » Les hivers y sont très-humides et plus rigoureux dans les cantons montueux que dans la Plaine et dans le Marais. Dans ces dernières régions, les chaleurs de l’été sont assez vives ; mais dans le Bocage elles sont tempérées ; aussi la maturité des arbres et des fruits y est-elle plus tardive. Sur la côte, on passe fréquemment et brusquement par des alternatives de chaud et de froid. L’air, pur et sain sur la côte et dans le Bocage, est humide et chargé de vapeurs malsaines dans le Marais. Les vents dominants dans le département sont ceux du N. et du S. ; ce dernier est le plus fréquent. Les principales productions agricoles de la Vendée sont la culture des céréales et celle des plantes sarclées. L’assolement biennal, froment et jachère, autrefois universellement adopté, se modifie chaque jour par l’introduction des cultures fourragères, telles que choux, turneps, rutabagas, choux-navets, betteraves, trèfle. On exporte chaque année de la Vendée de grandes quantités de froment, fèves, lentilles, haricots, ail, oignons. Le mil, la pomme de terre, le sarrasin, introduit depuis une vingtaine d’années dans les assolements du Bocage, sont consommés entièrement dans le département, soit pour la nourriture des habitants, soit pour l’alimentation du bétail. Le colza est cultivé dans le Bocage et la Plaine, le chanvre et le lin dans la partie méridionale du Marais. Les marais actuellement desséchés renferment 75,000 hectares de prairies, donnant des produits de qualité supérieure en foin et en herbage. Malheureusement, les circonstances climatériques influent défavorablement sur cette immense étendue de prairie ; on ne fait généralement qu’une coupe au printemps ; encore est-elle peu abondante dans les années sèches. L’absence d’eau courante ne permet pas l’irrigation. Nous devons une mention spéciale à l’une des plantes fourragères les plus estimées de la Vendée, le chou. On en cultive plusieurs variétés. Toutes sont l’objet de soins intelligents et nourrissent un nombreux bétail.

Voici le nombre à peu près exact des divers animaux domestiques du département : espèce chevaline, 25,000 ; bêtes bovines, 160,000 ; bêtes ovines, 335,600 ; espèce asine, 4,000 ; mules et mulets, 5,000 ; chèvres, 11,500 ; porcs, 43,000. La culture et le transport se font par les bœufs ; la Plaine cependant emploie le mulet. Ce bétail si nombreux est objet de transactions incessantes et aussi de soins assidus. En général, on peut dire qu’il est peu de départements où l’homme ait autant fait depuis quelques années pour utiliser toutes les ressources du sol. L’étendue des fermes est généralement de 28 à 40 hectares, et elle tend aujourd’hui à diminuer. La forme générale des baux est le métayage, mais le métayage établi dans les meilleures conditions, constituant en quelque sorte une association honnête et par conséquent accompagné de rapports cordiaux entre le tenancier et son propriétaire. Les métayers ne sont généralement pas riches, mais cela ne doit pas étonner ; car, si nous avons signalé des progrès réels et très-sensibles dans l’agriculture de cette partie de la France, il faut aussi songer que leur date est fort récente. Les principales branches de l’industrie sont la minoterie, les fabriques de petite draperie, les toiles, les corderies, tanneries, verreries ; l’exploitation des marais salants, qui produisent annuellement 220,000 quintaux métriques de sel ; l’exploitation de cinq concessions de mines de houille ; la pêche de la morue, de la sardine, des coquillages, des crustacés, etc. Les principaux articles du commerce vendéen sont les céréales, les vins, les denrées du Midi, le sel, le charbon, le bois à brûler, les merrains, les cerceaux, les chevaux, les mules et les bestiaux.