Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/THOU (François-Auguste DE), magistrat, fils du précédent

Administration du grand dictionnaire universel (15, part. 1p. 161).

THOU (François-Auguste de), magistrat, fils du précédent, né à Paris vers 1607, décapité à Lyon en 1642. Il avait environ dix ans lorsque, son père étant mort, il lui succéda comme maître de la librairie du roi ; mais, comme il était trop jeune pour remplir cette charge, il obtint de se faire suppléer par son cousin, Pierre Dupuy. Auguste de Thou reçut une solide instruction, fut nommé, à dix-neuf ans, conseiller au parlement, puis devint maître des requêtes. Désireux de compléter son instruction par des voyages, il visita la plus grande partie de l’Europe, entra en relation avec les hommes les plus distingués, puis revint à Paris, reçut le titre de conseiller d'État et fut chargé de diverses missions. Lorsque la duchesse de Chevreuse, avec qui il était lié, dut quitter la France, il devint l'intermédiaire de la correspondance secrète qu’elle eut avec la reine. Richelieu, ayant été informé de cette correspondance, qui avait pour objet d'amener son renversement du pouvoir, donna l'ordre d’arrêter de Thou. Celui-ci parvint à apaiser la colère du tout-puissant cardinal, mais il perdit pour toujours sa confiance. Ce fut alors qu’il se lia intimement avec le grand écuyer, Cinq-Mars, ennemi déclaré de Richelieu ; il alla habiter bientôt après auprès de lui et se trouva mêlé sans le savoir, par ses relations seules, à la conspiration formée par Cinq-Mars, le duc de Bouillon et le duc d’Orléans pour amener la chute de Richelieu. De Thou ne connut le traité négocié par ces personnages avec l'Espagne qu’après sa conclusion et le désapprouva fortement. Il était allé rejoindre la cour à Perpignan, dont Louis XIII faisait le siège, lorsque Richelieu, ayant reçu copie du traité passé par ses ennemis avec l’Espagne, ordonna d’arrêter Cinq-Mars et de Thou(1642). Conduit au château de Tarascon, ce dernier y fut interrogé par Richelieu lui-même et se renferma dans des dénégations absolues. Peu après, il remonta le Rhône jusqu’à Valence, dans un bateau attaché à celui qui portait le cardinal, presque moribond, puis fut transféré au fort de Pierre-Encise, où se trouvait Cinq-Mars, et comparut avec ce dernier devant une commission réunie à Lyon sous la présidence du chancelier Séguier (27 août 1642). Là encore, de Thou persista dans son système de dénégations. Toutefois, Cinq-Mars, dans l'espoir de se sauver, ayant chargé son ami, celui-ci avoua avoir eu connaissance du traité, mais seulement après sa conclusion, et déclara qu’il avait jugé impossible de révéler un complot dans lequel se trouvaient compromis le frère et le favori du roi. Bien que son innocence fût certaine, de Thou fut condamné à avoir la tête tranchée (12 septembre). En entendant prononcer cette sentence, il se retourna vers Cinq-Mars : « J'aurais le droit de me plaindre de vous, lui dit-il; vous m’avez accusé,vous me faites mourir, mais Dieu sait combien je vous aime. Mourons, monsieur, mourons courageusement. » Peu d’heures après leur condamnation, Cinq-Mars et de Thou étaient conduits sur la place des Terreaux. Cinq-Mars fut exécuté le premier. De Thou monta ensuite sur l'échafaud, se fit bander les yeux et posa sa tête sur le billot ; mais ce ne fut qu’après sept coups de hache que sa tête fut séparée du tronc. Son parent, Pierre Dupuy, a publié : Mémoire pour servir à la justification de François-Auguste de Thou.