Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Suovétaurilies s. f. pl.

Administration du grand dictionnaire universel (14, part. 4p. 1250).

SUOVÉTAURILIES s. f. pl. pi. (su-o-vé-tôri-li — du lut. sus, truie ; ovis, brebis ; taurus, taureau). Antiq. rom. Sacrifice d’une truie, d’une brebis et d’un taureau, que l’on faisait dans le champ de Mars à la fin de chaque lustre.

Encycl. Ces sortes de sacrifices avaient lieu dans toutes les cérémonies purificatoires ; il y avait donc des suovëtaurilies aux ambarvales, fête champêtre qui se célébrait chaque année, au printemps, en l’honneur de Mars et de Cérès, et consistait, outre le sacrifice, en une procession faite autour des terres cultivées, dans le but de les purifier ; aux palilies, fête en l’honneur de Paies, qui avait lieu chaque unnée le 21 avril et avait


pour but la purification des troupeaux ainsi que de leurs bergers ; aux amburbalies, fête célébrée pour purifier une ville où s’était manifesté un prodige menaçant, et qui consistait en une procession —autour des murs, suivie du sacrifice ; aux armilustres, dont la célébration avait lieu chaque.année, le 19 octobre, sur le mont Aventin, et où l’on purifiait les armes. Il y avait^ aussi des surfvétaurilies à la clôture des lustres, c’est-à-dire tous les cinq ans, lorsqu’on faisait le recensement des citoyens romains ; cette opération était terminée par une purification de tout la peuple. Aux jeux séculaires, qui furent institués pour purifier la ville de Rome à la suite de prodiges redoutables et qui revinrent ensuite tous les cent ans, il y eut de même le sacrifice des trois victimes ; on le divisa en trois jours : le premier, on immolait des agneaux en l’honneur des Parques sur le bord du Tibre ; le second, des taureaux blancs devant le temple d’Apollon ; le troisième, on sacrifiait, au lieu dit Térente, une truie et un porc à la Terre. Enfin, il y avait des suovétaurilies toutes les fois qu’on purifiait soit les villes, soit les champs, soit les personnes, soit les troupeaux.

Les Grecs offraient des sacrifices du même genre, qu’ils appelaient iritlua, c’est-à-dire composés de trois sortes de victimes. La célébration de ces trittua avait lieu dans des circonstances analogues à celles qui amenaient à Rome la célébration des suovétaurilies.

On peut voir au musée du Louvre, dans la galerie de Diane, un bas-relief qui représente la cérémonie des suovétaurilies. Ce bas-relief, tiré de la bibliothèque de Saint-Marc, à Venise, a été publié en 1553 par Antoine Lafreri, et il parait qu’à cette époque il était à Rome dans le palais de Paul II. Un autre bas-relief en marbre, représentant la même cérémonie, a été placé dans la cour du musée, sur la muraille qui regarde le midi. Inférieur au premier sous le rapport de la beauté du travail, de la grandeur du style et sous celui de l’ensemble, il est peut-être plus complet au point de vue de l’archéologie. Ce bas-relief faisait partie jadis de la collection du palats Mattei, à Rome ; il a été acquis par le musée fi la vente du cardinal Fesch. Il ne comprend pas moins de vingt et un personnages, sans compter les trois animaux que l’on conduit k l’autel. La sculpture de ce basrelief est d’ailleurs d’une exécution assez médiocre. Le principal mérite de ce basrelief est de fournir des détails curieux pour la science.

On possède aussi au musée de Lyon un très-beau bas-relief antique représentant le même sujet. Cette œuvre est si remarquable que l’on appelle communément la salle du musée où il est placé la salle du Suovétaurifia. Ce bas-relief, de marbre blanc, était autrefois à— la porte de Beaujeu. Le prêtre, revêtu des habits pontificaux, y est représenté assis et tenant sur l’autel une coupe où sont les entrailles des victimes.

Quelques archéologues ont confondu les suovétaurilies avec les solitaurilies ; nous pensons que l’étymologie s’oppose d’une manière absolue à cette interprétation.