Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Soc s. m.

Administration du grand dictionnaire universel (14, part. 2p. 799).

SOC s. m. (sok — du bas latin soccus, que l’on regarde communément comme un mot d’origine celtique, en comparant l’irlandais soc, socc, génitif suie, bec, groin, soc, corps pointu en général, d’où socan, armé d’un bec, kymrique suh, sweh, soc et groin, ancien cornique soch, armoricain souck, soh. Ce mot a des affinités étendues, mais son origine primitive reste incertaine. Dans l’ancien allemand, nous trouvons suoha, herse, à côté de seh, sech, soc, et de sahs, anglo-saxon seax, Scandinave sax, couteau. Le russe et le polonais socha, charrue, d’où le russe soshnika, soc, complique encore la question, car, d’une part, l’ancien slave socha ne signifie que colonne, comme le russesoshka, polonais soszka, étai, fourche à étayer, et, de l’autre, le c/i slave correspond dans la règle à s ou sh sanscrit, et parfois à fesh. On ne sait, de plus, si l’o remplace ici un a ou un u primitif. Le sanscrit ne nous vient point en aide ; car ni suka, flèche, ni stlci, aiguille, cône, ne peuvent rendre compte des formes celtiques et slaves, qui ne s expliqueraient que par un thème sûksha, peut-être conservé dans sûkshma, fin, subtil, pointu. Toute conjecture sur l’origine de ces noms du soc et de la charrue reste d’autant plus incertaine que, soit hasard, soit rapport réel, les langues sémitiques présentent ici quelques analogies frappantes dans l’arabe sikkut, soc, sikkin, couteau, hébreu sakkin, sakka, coin à monnayer, clou, tous du radical sakka, shakka, siiaqqa, il a fendu, coupé, percç, divisé, lequel se retrouve même dans l’ancien égyptien sekeu, sekea, labour, cophte skai, skei, labourer, et siki, sike, briser, broyer). Partie de la charrue qui ouvre la terre et creuse le sillon : Le bec d’un soc. L’oreille du soc. Ces terres étaient en friche, c’étaient des landes ; jamais le soc n’y avait passé, n’y était entré. (Acad.) Le soc vient immédiatement derrière le coutre. (M. de Dombasle.) La terre ne produit que sous le soc qui la déchire. (A. Martin.)

Qui forgea le sue était sage,

Et qui fit l’épée était fou.

Lamotte.

— Encycl. Agric. V. charrue.