Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/SIBÉRIE, immense contrée de l’empire russe

Administration du grand dictionnaire universel (14, part. 2p. 672-673).

SIBË

le froid devenait trop vif et qu’on ne pouvait plus rester dans la traîneau sans courir le risque d’y être complètement gelé, le baron Velbo franchissait a pied la distance d’une station à l’autre, en devançant le traîneau tiré lentement par les chameaux, et cherchant, avec le guide kirghiz, la route à travers les épais tourbillons de neige qui enveloppent le steppe d’un brouillard opaque. ■

Comme on le voit par ce récit emprunté à un journal.russe, la Sibérie, même sur les points les plus fréquentés, est loin de présenter aux voyageurs toutes les commodités possibles ; et tout reste à faire dans cette immense contrée, dont quelques parties à peine, celles situées à l’O. et vers le S., pourront peut-être, dans un avenir très-lointain encore, être accessibles à la civilisation européenne.

Sibérie (voyaqb bn), par M. Castren (Pétersbourg, 1849). De 1845 à 1848, M. Castren. a fait de longues courses dans la moitié occidentale de la Sibérie, où il a successivement étudié les populations errantes qui occupent le bassin de deux grands fleuves, l’Obi et l’Iériisséi ; tribus sans nombre répandues depuis les bords de la mer Glaciale jusqu’au pied de l’Altaï. C’est au prix de terribles souffrances qu’il a pu continuer ses observations sous ce climat rigoureux. Les investigations du voyageur ont porté de préférence sur les matières ethnographiques, sur l’étude des populations, des tribus de race samoyède principalemnt, au triple point de vue de la langue, de la conformation physique et de la vie sociale. Ces recherches ont créé une base solide à la classification des tribus de la Sibérie occidentale, rapportées, comme à deux souches principales, à la race samoyède et à celle que les Russes désignent sous le nom de tartare (Turcoinans). Les peuplades qui restent en dehors de cette classification délinitive, ne sont ni turques ni samoyèdes ; elles appartiennent à d’autres familles et se partagent en groupes moins étendus. Ce qui donne aux premières un intérêt particulier, ce sont leurs rapports d’origine, révélés par la communauté fondamentale des idiomes, avec des classes de peuples qui ont joué dans l’histoire un rôle considérable. Ces grandes questions d’ethnographie asiatique ont attiré l’attention sérieuse de plusieurs savants du Nord ; on a repris à fond l’étude comparée des langues, mères du centre et du nord de l’Asie, le finnois, le turc, le mongol et le mandchou, et cette étude approfondie a conduit à des conclusions inattendues, qui s’appuient sur dés preuves irréfragables. Ces langues, malgré les très-grandes différences qui les séparent en tant que langues parlées, n’en reposent pas moins au fond sur une base commune et ne sont en définitive que quatre branches séparées d’un même tronc. Ces travaux ont une grande portée. C’est ainsi qu’ils signalent de singulières affinités entre les anciens Madgyars ou Hongrois et les Turcs. M. Castren a recueilli aussi d’abondants matériaux pour la géographie proprement dite des contrées par’ courues ; aux prises avec une nature sauvage, il a esquissé des tableaux saisissants d’expression et de vérité. Son voyage a eu un grand retentissement scientifique, justifié par la richesse des résultats ; il complète le voyage de M. Middendorff, qui a exploré la Sibérie orientale de 1843 à 1844. Sa relation a été imprimée en langue allemande dans les comptes rendus de l’Académie impériale des sciences de Pétersbourg. Cette Académie avait fait les frais de l’expédition, de même qu’elle avait pourvu aux dépenses du voyage de M. Middendorff.