Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/S'mbal-s'mbal s. m.

Administration du grand dictionnaire universel (14, part. 2p. 787).

S’MBAL-S’MBAL s. m. (smbal-smbal). Condiment en usage chez les habitants de l’Asie méridionale.

Encycl. Les s’mbals-s’mbals se composent de deng-deng (viande de buffle coupée en morceaux, salée et séchée au soleil) de poissons salés et séchés vivants au soleil, d’œufs couvés et salés et de hachis de viande parfumé à la rose, au jasmin, au melatti (nyctanthus) ; les autres condiments sont de nature végétale, comme les graines de différentes plantes et les tranches de coco sautées au piment. Tous les s’mbals-s’mbals sont servis en fort petite quantité dans des plats à compartiments, où chacun choisit ceux qui répondent le mieux à son goût ou à ses habitudes. La première fois que ces saveurs étranges frappent un palais européen, elles produisent une douleur réelle, une sensation épouvantable de brûlure qui passe de la bouche à l’estomac et semble toujours augmenter. On boit, mais l’eau ne fait qu’activer et répandre par tout le corps l’horrible cuisson ; on pense avoir avalé des charbons ardents, on demande un miroir pour s’assurer si l’on a encore de la peau sur les lèvres et sur la langue. Cependant cette singulière impression se calme peu à peu, et, si on a le courage de renouveler l’expérience, on habitue assez vite ses organes à ces épices accumulées, si bien que la cuisine javanaise, très-propre d’ailleurs à exciter l’appétit, finit par devenir indispensable. Toutefois, si les Européens s’habituent assez rapidement à manger avec leur riz ou leur kari les divers s’mbals-s’mbals qui les accompagnent invariablement, il y a d’autres éléments de la cuisine javanaise, les chenilles et les termites par exemple, à l’endroit desquels ils se montrent plus rebelles. Quant aux indigènes, s’ils n’avaient pas de s’mbals-s’mbals pour relever la fade saveur du riz ou du kari, ils trouveraient le régal bien maigre.