Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Rivarol (Antoine, dit comte de), écrivain français

Administration du grand dictionnaire universel (13, part. 4p. 1237-1238).

RIVAROL. (Antoine Rivaroli, dit comte DE), écrivain français, né à Bagnols, en Languedoc, le 26 juin 1753, mort à Berlin, le 13 avril 1801. Rivarol, qui ne haïssait pourtant pas de parler de lui-même, ne s’est jamais nettement expliqué sur cette qualité de comte qu’il se donnait. Ses rares amis lui ont fait une généalogie de fantaisie ; ses ennemis, beaucoup plus nombreux, ont clairement établi que son père, un brave homme qui eut jusqu’à seize enfants, dont Antoine était l’aîné, avait exercé à Bagnols le métier d’aubergiste, sous le nom familier de Riverot, et n’avait jamais signé d’aucun titre aristocratique les nombreux actes de l’état civil dont il dut charger les registres de sa paroisse. Les partisans de Rivarol ont fait de son père un savant aussi légèrement qu’ils en avaient fait un comte. La vérité est que l’aubergiste des Trois Pigeons ne put rien apprendre à sa nombreuse famille que la langue italienne, ou plus probablement le patois piémontais, qu’il avait lui-même appris de son père, Piémontais d’origine.

Rien n’est obscur, d’ailleurs, comme l’histoire des premières années de Rivarol. On sait, assez vaguement, qu’il fit quelques études à l’école des frètes de Saint-Joseph de Bagnols, qu’il entra à dix-huit ans au grand séminaire de Bourg-Saint-Andéol, d’où il passa, comme professeur sans doute, au petit séminaire de Sainte-Garde, à Avignon. Il n’y resta pas longtemps, fit une courte apparition dans les rangs de l’armée, et nous le trouvons ensuite précepteur à Lyon, sous le nom de Longchamps. Pourquoi ce singulier déguisement ? Il ne s’en est jamais expliqué. Quant au nom de Deparcieux, qu’il prit en venant à Paris (1777), il s’en expliqua, mais d’une façon si peu satisfaisante qu’il dut renoncer bientôt, sur l’injonction d’un neveu de l’illustre géomètre, à une parenté qu’il avait cru pouvoir usurper sans danger, Deparcieux étant mort depuis tantôt neuf ans. C’est de la même époque que date le comté du spirituel et vaniteux Bagnolais.

Rivarol était donc à Paris. On peut dire qu’il se trouvait là dans son véritable milieu et qu’il y était venu précisément à son temps. Dans ce Paris, le vrai et l’unique centre de l’esprit de conversation, les réputations de salon, les succès d’élégance et de belles manières étaient alors plus en vogue que jamais. Or, Rivarol, ce comte improvisé, était un causeur admirable, un railleur irrésistible, et il avait le ton d’un parfait gentilhomme. Ajoutez à cela une tête aussi remarquable par la beauté des traits que par la finesse de l’expression, plus d’avantages qu’il n’en faut pour réussir dans ce monde délicat et léger. Malgré tout, cependant, les débuts de Rivarol à Paris restent enveloppés d’un mystère impénétrable. On comprend très-bien comment il dut réussir dans les salons, mais on ne s’explique pas comment, avec une noblesse plus que douteuse, il put réussir à s’y introduire avant qu’aucune production littéraire l’y eût fait connaître. Nous le trouvons cependant établi, comme chez lui, à la cour, à la ville et même dans les sociétés littéraires. Il est en pleine possession de cette réputation de malignité qui devait le rendre si précieux à la malice parisienne et lui faire tant d’ennemis. II travaille déjà activement par ses épigrammes (nous ne parlons pas do ses épigrammes en vers, qui sont uniformément pitoyables) à faire prévaloir ce faux goût dont il ne se dépouillera jamais. Car Rivarol est là tout entier : beaucoup d’esprit et peu de sens commun. « Ne me parlez pas, lui disait un jour d’Alembert, de ce comte de Tuffières (Buffon), qui nous dit que la plus belle conquête de l’homme est cet animal fier et fougueux…, lorsqu’il était tout simple de nommer le cheval. — Vous avez bien raison, répondit Rivarol, c’est comme ce sot de Rousseau qui s’est avisé de dire :

Des bords sacrés où naît l’aurore,
Aux bords enflammés du couchant,

au lieu de dire tout simplement de l’est à l’ouest.  » Et, pardieu oui, monsieur le comte, les bords sacrés de l’aurore et les bords enflammés du couchant sont une vraie trouvaille pour protester contre ce style creux et ampoulé qui révoltait justement d’Alembert ; malheureusement, si la raison trouve souvent des d’Alembert pour la goûter, il est rare qu’elle triomphe des persiflages des Rivarol. Sous ce rapport, cependant, Rivarol a trouvé de rudes adversaires dans Cerutti et André Chénier, et nous-même, à qui le caractère de Rivarol inspire peu de sympathie, nous sommes contraint d’avouer que la colère a fait plus d’une fois dépasser la mesure à ses ennemis et qu’ils ont abusé du droit qu’ils avaient de se servir contre lui de ses propres armes.

Rivarol ne tarda pas à s’apercevoir que la vie des salons et les triomphes qu’on y remporte ne peuvent se soutenir qu’à la condition de s’appuyer sur d’autres moyens d’existence. Il entreprit un travail sérieux, la traduction de l’Enfer de Dante, sur laquelle nous reviendrons plus loin. En 1781, il obtint son premier succès littéraire. L’Académie de Berlin avait proposé un prix pour le meilleur discours sur les causes de l’universalité de la langue française. Rivarol concourut pour ce prix, qui fut partagé entre son travail et une dissertation allemande sur le même sujet. Ce succès lui valut l’entrée à l’Académie de Berlin et une lettre de félicitations du roi de Prusse. Quant à la valeur de son discours, nous l’apprécierons d’un mot, qui peut s’appliquer d’ailleurs à la plupart des écrits de Rivarol : c’est l’œuvre d’un spirituel ignorant, un recueil d’aperçus ingénieux, de traits tins, entremêlés de fautes de goût et d’effroyables bévues. Mais Rivarol n’avait pas encore trouvé sa véritable voie, il y entra, en 1782, en publiant deux minces opuscules anonymes contre l’abbé Delille : Lettres critiques sur le poème des Jardins, sous le nom du comte de Barruel, et la Plainte du Chou et du Navet contre les Jardins de l’abbé Deliile, en vers. L’année suivante, Rivarol fit paraître un travail un peu plus long intitulé : Lettre à M. le président de *** sur le Globe aérostatique, sur les Têtes parlantes et sur l’état présent de l’opinion publique (Londres-Paris, 1783, in-8°), anonyme encore. C’est un pur bavardage, plein de prétention, à propos de la première ascension de Montgolfier et des têtes parlantes d’un abbé Mical, qui faisaient alors beaucoup parler d’elles.

La même année parut sa traduction de l’Enfer (in-8°), où Rivarol étala à l’aise tout son esprit quelque peu frelaté, toute son abondance pompeuse. Quant au génie de l’original, on en chercherait vainement des traces dans le travail du traducteur. Rivarol, du reste, traite Dante avec tout le sans-gêne d’un compatriote, tranchant, ajoutant, abrégeant, paraphrasant avec une admirable désinvolture.

Peu après la publication de l’Enfer, Rivarol se maria. Une femme très-romanesque et très-belle, fille d’un professeur de langue anglaise, et qu’il avait rencontrée dans le monde, s’était éprise de lui. Il avait, comme nous l’avons dit et comme ses portraits l’attestent, une très-belle figure, de beaux yeux, une taille avantageuse et bien prise, un air très-distingué. Il n’en fallait pas tant pour ravir Mlle Louise Mather-Flint, alors âgée d’un peu plus de trente à trente-cinq ans. Elle avait recueilli quelque argent à la mort de son père et vivait d’une façon moins précaire que le prétendu comte de Rivarol ; celui-ci l’épousa. Il vécut quelque temps avec elle en assez bonne harmonie et en eut un fils ; mais, dissipateur incorrigible, quand il eut dépensé l’argent que sa femme lui avait apporté, il retomba dans sa vie d’expédients. « Il serait facile, dit un écrit du temps, de raconter toutes les bonnes plaisanteries qu’il a faites à une foule d’amis, de bienfaiteurs, de créanciers. Voici l’espièglerie qu’il a faite à la dame Meunier, aubergiste de Fontainebleau. M. le comte, sa digue épouse, son noble fila et une servante étaient logés et nourris chez elle depuis six semaines. Tout à coup M. le comte va à Paris pour un jour et ne revient point ; huit jours après, Mme la comtesse part et ne revient plus : l’enfant reste seul pour caution. Les Égyptiens mettaient en gage les momies de leurs ancêtres, le vaillant Albuquerque y mit sa moustache ; M. le comte n’a ni moustache ni momie ; mais il a un fils qu’il expose dans les grandes occasions. » Bientôt les époux se séparèrent.

L’ouvrage qui devait fonder la réputation de Rivarol parut en 1788 ; il est intitulé : Petit almanach de nos grands hommes pour 1788, avec cette épigraphe : Diis ignotis (in-12). Ce fut une vraie déclaration de guerre. Rivarol y daube avec une malice impitoyable sur les beaux esprits de son temps. Sa verve est intarissable, ses traits acérés, ses coups le plus souvent mortels, et nous devons reconnaître que la plupart des sentences qu’il y a portées sont restées sans appel. Sur le Petit almanach est fondée tout entière la réputation d’esprit qu’on a faite à Rivarol.

Néanmoins, selon une habitude dont il ne s’est jamais départi, il ne mit pas tout d’abord son nom à cet opuscule, soit qu’il redoutât le nombre des ennemis qu’il devait lui faire, soit qu’il voulût tâter l’opinion avant de faire connaître sa paternité. Il poussa même la précaution, pour donner le change, jusqu’à se mettre lui-même dans son Panthéon des sots. Il s’y accuse très-méchamment de n’être connu, comme littérateur, que par une inscription en vers qui ne serait pas de lui. Rivarol et Champcenetz, son collaborateur au Petit almanach, essuyèrent une avalanche de répliques d’une vivacité parfois exagérée. Nous ne saurions approuver, par exemple, celle dont Cerutti nous a conservé le souvenir : « Après avoir endossé quelques coups de bâton de la main de Brigand-Bomier, Rivarol rencontra Champcenetz : « Mon ami, lui dit-il, on ne peut faire un pas dans ce Paris sans qu’il ne vous tombe des bûches sur le dos. — Je te reconnais bien là, reprit l’autre qui savait l’affaire ; tu grossis toujours les objets. »

Avant l’Almanach, Rivarol et Champcenetz avaient déjà publié, sous le couvert de Grimod de La Reynière, une Parodie du songe d’Alhalie (1787), libelle très-violent dirigé contre Mme de Genlis.

Mais le moment était venu où Rivarol, uniquement connu jusque-là par des scandales littéraires, allait faire son entrée dans la carrière politique. Rivarol ne prit pas tout d’abord parti dans les démêlés de la cour avec l’esprit nouveau. Il prit son temps pour étudier la situation, et de ses méditations prolongées il tira cette conclusion que tout ce grand bouillonnement d’idées n’était qu’à la surface et qu’on pourrait le calmer, comme les révoltes des essaims d’abeilles, avec quelques pincées de sable. On ne saurait être plus perspicace. Toutefois, le bruit montait ; Rivarol commença à juger qu’il n’y avait plus guère de temps à perdre. Dans le Journal politique et national, entrepris par l’abbé Sabatier, vant la prise de la Bastille, il se mit à pousser Louis XVI vers les mesures violentes, à gourmander dans les termes les moins respectueux la faiblesse de « ce monarque qui, disait-il, n’a jamais été dans le secret de son existence, dont le premier travail, en montant sur le trône, fut avec son maître serrurier, et dont la première ordonnance fut une ordonnance sur les lapins. » Il ajoutait : « Au reste, un roi chasseur ne convient qu’à des peuples nomades. » Rivarol montrait dès lors pour la défense de la noblesse toute l’ardeur naturelle à un néophyte, mais ne réussissait pas toujours à faire accepter ses titres. « Nous avons perdu nos droits, nos titres, notre fortune ! » s’écriait-il avec désespoir après la nuit du 4 août, — « Nous ! nos ! notre ! » murmurait le marquis de Créqui. « — Eh bien ! s’écria Rivarol, que trouvez-vous donc de singulier dans ce mot ? — C’est ce pluriel que je trouve singulier. » répondit le marquis. Le comte gascon a fuit depuis, contre ce seigneur, une vingtaine d’épigrammes, plus mauvaises les unes que les autres, mais qui prouvent qu’il avait bien senti le mérite de celle-là.

Au mois d’octobre 1789, Rivarol suspendit la feuille qu’il publiait, pour passer, le mois suivant, aux Actes des apôtres, créés par Peltier. Il y resta jusqu’en octobre 1791. Quelques traits empruntés à cette publication donneront une idée du genre d’esprit que Rivarol y déployait : « Autrefois les rois portaient le diadème sur le front : ils l’ont maintenant sur les yeux. Le peuple est un souverain qui ne demande qu’à manger : sa majesté est tranquille quand elle digère. » Leurs majestés royales sont incontestablement plus exigeantes. Il disait de Mirabeau, pour faire allusion au marché passé par le tribun avec la cour en 1790, et dont on se doutait dans le public ; « Il est capable de tout pour de l’argent, même d’une bonne action. »

Cependant, alléché par le succès de scandale qu’avait eu son Petit almanach, où il ne touchait qu’aux écrivains, Rivarol crut pouvoir, avec son inséparable acolyte Champcenetz, s’attaquer aux hommes politiques, et il publia un volume intitulé : Petit Dictionnaire des grands hommes de ta Révolution, par un citoyen actif, ci-devant rien (Paris, 1790). « On trouve, dit Grimm, à la tête de cette nouvelle facétie de MM. de Champcenetz et de Rivarol une Épître dédicatoire à Son Excellence madame la baronne de Staël, ambassadrice de Suède auprès de la Nation, et cette épître est un modèle de persiflage et d’impertinence ; mais l’objet d’une satire si cruellement injuste avait déjà su se placer à une hauteur où de pareils traits ne sauraient l’atteindre ; ils ne serviront qu’à consoler un moment la haine et l’envie. » Reconnaissant enfin que la Révolution ne pouvait plus être domptée par l’emploi de la force, si longtemps préconisé par lui dans le Journal politique et les Actes des apôtres, Rivarol conçut une idée toute différente, mais non moins saugrenue. Il fit passer au roi, par l’intermédiaire de M. de La Porte, un véritable plan de corruption universelle. Ce plan consistait à salarier, moyennant 164, 000 francs par mois, des pamphlétaires, des journalistes, des chanteurs de rues, des applaudisseurs dans l’Assemblée nationale et dans les clubs, des claqueurs aux spectacles, des propagandistes dans les cafés, les guinguettes, les ateliers, etc. La communication de Rivarol, retrouvée plus tard dans l’Armoire de fer, fut bien accueillie à la cour ; mais son plan, mis à exécution, ne produisit pas les résultats que s’était promis l’inventeur, et dut être modifié dans les derniers temps du règne de Louis XVI. Rivarol dut enfin quitter la France. Il émigra le 10 juin 1792, emmenant avec lui une jolie aventurière qu’il nomma Minette. Ils allèrent de compagnie grossir le nombre des insensés qui préparaient, sous le duc de Brunswick, l’envahissement de leur patrie. Rivarol passa d’abord à Bruxelles, où il crut devoir tracer à la noblesse française la conduite qu’elle aurait à tenir contre les révolutionnaires lors de sa prochaine rentrée en France. La Lettre à la noblesse française au moment de rentrer en France sous les ordres de M. le duc de Brunswick (Bruxelles, 1792, in-8°) restera comme un vrai monument de la sottise où peut descendre un homme d’esprit. Rivarol publia la même année, à Bruxelles, un pamphlet intitulé : De la vie politique et privée de La Fayette (in-8°), puis un Dialogue entre M. de Limon et un homme de goût (in-8°) et, enfin, l’Éloge de Minetto Ratoni, chat du pape en son vivant, et premier soprano de ses petits concerts (in-4°).

De Bruxelles, Rivarol passa en Angleterre, avec mission du comte de Provence, pour stimuler le zèle des tories contre la République. Il fut accueilli par Burke avec tous les honneurs qu’il prodiguait aux contre-révolutionnaires français, depuis qu’il avait embrassé la cause de Pitt contre Fox. Revenu sur le continent, Rivarol se fixa à Hambourg, où il travailla à cette foule d’écrits qu’on imprimait là pour les introduire en France. Rivarol recevait 500 francs par mois sur le subside que l’Angleterre faisait au prétendant : plus 1 000 francs également par mois du libraire Fauche, pour travailler à un Nouveau dictionnaire de la langue française, avec Discours préliminaire, dont les Prospectus seuls ont été publiés en 1797.

Rivarol avait accompli sa quarante septième année lorsque Monsieur l’envoya à la cour de Berlin comme son chargé d’affaires. Berlin était alors comme le quartier général des ennemis de la République française. Rivarol y connut intimement une grande dame russe, la princesse Dolgorouka. Ce fut au milieu des honneurs et des plaisirs de la cour qu’il fut enlevé par une mort presque soudaine.

Tel fut Rivarol. Nous n’avons pas à insister sur sa vie privée. Comme homme politique, le rapide exposé que nous avons fait de sa conduite suffit amplement pour le juger. Enfin, comme écrivain, il nous suffira, pour le faire apprécier, de rappeler un de ses meilleurs mots : « C’est, disait-il, un terrible avantage de n’avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser. » Cet avantage, Rivarol en a joui, mais nous pouvons dire, malgré les cinq volumes dont se compose son bagage littéraire, qu’il en a abusé, soit par sa faute, soit par celle des circonstances. Doué d’un esprit très-vif et très-alerte, il n’a, en définitive, laissé qu’un Almanach. Ce ne serait vraiment pas assez pour expliquer la réputation dont il jouit encore de nos jours, si l’on ne se rappelait son dévouement à la cause royale et l’habitude bien connue qu’ont les coteries politiques de se faire valoir elles-mêmes en exaltant au delà de toutes les limites du bon sens ceux qui ont la chance ou l’adresse de se faire accepter d’elles. Rivarol n’eÛt jamais passé pour un écrivain de génie s’il n’eût été un royaliste enragé.

Rivarol eut, de son mariage, un fils qui fut élevé par sa mère, et qui mourut, en 1810, au service de la Russie.

Une de ses sœurs, vive Languedocienne qui se faisait appeler la baronne d’Angel, était la maîtresse de Dumouriez. Elle avait suivi le général dans son exil, et elle écrivait à son frère aîné : « Tire donc Dumouriez de son tombeau ; par ce qu’il a fait, on doit juger de ce qu’il fera encore. » Outre les ouvrages de Rivarol mentionnés dans cet article, on cite encore de lui : De l’homme et de ses facultés intellectuelles (1800, in-4°) ; Mémoires sur la Révolution (1824, in-8°), dans la collection Beaudoin ; un Dictionnaire de ta langue française (1828, in-8°) a été publié par Verger, avec le discours préliminaire que Rivarol avait écrit pour le sien. Ses Œuvres complètes ont été publiées en 1808 (5 vol in-8°), par Fayolle et Chênedollé ; mais cette compilation, incomplète malgré son titre, est, de plus, extraordinairement infidèle. Ses auteurs ont particulièrement éliminé du Petit almanach les traits qui, par leur violence, pouvaient donner une mauvaise idée de la justice ou de la bonne foi de Rivarol. Chênedollé a encore publié l’Esprit de Rivarol (2 vol. in-12), recueil des bons mots que le spirituel Gascon avait réellement prononcés, ou que la légende lui attribue, suivant son habitude bien connue de prêter aux riches. Tous les bons mots recueillis par Chènedollé sont loin d’être dignes de Rivarol ; nous n’en citerons qu’un : « Que pensez-vous de mon distique ? lui demandait un poëte. — J’y trouve des longueurs, » répondit le malin critique.

On possède des notices sur Rivarol, par sa veuve, par Cubières-Palmézeaux (1803) ; par Sulpice de La Platière (1803) j par Hippolyte de La Porte (1829) ; par M. de Lescure, en tête d’une édition des Œuvres choisies (1802) ; par Sainte-Beuve, dans le tome V des Causeries du lundi.