Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Ricard (amable)

Administration du grand dictionnaire universel (13, part. 4p. 1174-1175).

RICARD (Amable), avocat et homme politique français, né à Charenton (Cher) la 12 juin 1828. Lorsqu’il eut terminé ses études de droit, il alla exercer la profession d’avocat à Niort, où son père était directeur des contributions directes. M. Ricard débutait à peine au barreau lors du coup d’État du 2 décembre. l’artisan convaincu de la république, il protesta hautement contre cet attentat. Son nom fut inscrit sur les tables de proscription des commissions mixtes, et il n’échappa aux rigueurs du plus odieux des pouvoirs que grâce à d’activés et puissantes intercessions. M. Ricard fit une opposition constante à l’Empire et ne tarda pas à se signaler comme un des plus brillants avocats de la province. Le 6 septembre 1870, le gouvernement de !a Défense nationale te nomma préfet des Deux-Sèvres. Il donna sa démission le 20 du même mois ; mais, quelques jours après, il fut chargé de remplir les fonctions de commissaire extraordinaire dans les trois départements des

Deux-Sèvres, de la Vendée et de la Charente-Inférieure. Dans ces difficiles fonctions, il montra autant de patriotisme que de modération et, le 8 février 1871, les électeurs deâ Deux-Sèvres l’envoyèrent siéger à l’Assemblée nationale. À Bordeaux, il vota pour les Préliminaires de paix et, après la réunion de Assemblée à Versailles, il fit partie du centre gauche, dont il ne tarda pas à devenir un des Membres les plus influents et qui le choisit pour président à diverses reprises. En même temps, il assista aux réunions de la gauche républicaine ; mais il se prononça vivement, au mois d’août lS7l ? contre un projet de fusion entre ce dernier groupe et le groupe de l’union républicaine. Sous le gouvernement de M. Thiers, il appuya sa politique et fut membre de la première commission des Trente. Après la chute de M. Thiers, il fit partie de la minorité qui vota constamment contre la politique de réaction à outrance inaugurée par M. de Broglie, et sa prononça notamment contre l’établissement du septennat (13 novembre 1873). Soit dans les commissions, soit dans les groupes parlementaires dont il faisait partie, M. Ricard s’était fait remarquer par une éloquence incontestable. La netteté de ses idées, l’habileté de son argumentation et jusqu’aux avantages physiques du geste, du port et de la voix, tout semblait le désigner pour les lutte8 parlementaires. Le 1er mars 1873, il avait abordé pour la première fois la tribune pour y prononcer un discours sur les conclusions de la commission des Trente, et il n’avait remporté qu’un demi-succès, tout à fait disproportionné avec l’espèce de renommée que lui avaient faite ses amis. Mais l’éloquent discours qu’il prononça le 21 janvier 1874, au sujet du régime de la presse sous le cabinet de Broglie, eut un succès complet et le rangea définitivement parmi les meilleurs orateurs de là Chambre. Le 16 mai suivant, il contribua à la chute du ministère de Broglie, puis il vota la proposition Périer (23 juillet 1874) et la proposition de dissolution faite par M. de Maleville (29 juillet). Le 23 décembre suivant, il prononça un très-brillant discours sur les menées bonapartistes et produisit sur l’Assemblée une grande impression. Au commencement de 1875, il a beaucoup contribué a la formation d’une majorité nouvelle, comprenant les trois groupes de la gauche et une partie du centre droit, majorité qui a enfin doté la France d’une constitution et reconnu la république comme forme de gouvernement (25 février). Le 1 « mars suivant, M. Ricard a été élu vice-président de l’Assemblée nationale à la place de M. Benoît d’Azy.