Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Pujol (ANCIENNE FORTERESSE DU)

Administration du grand dictionnaire universel (13, part. 2p. 408-409).

Pujol (ancienne forteresse du), célèbre château fort du moyen âge, détruit par les Toulousains pendant la guerre des Albigeois et dont les ruines pittoresques s’élèvent encore sur un plateau, à 13 kilom. de Toulouse. La forteresse du Pujol joua un grand rôle pendant cette guerre d’extermination ; le fameux Simon de Montfort y plaça, en 1213, après avoir ravagé le territoire voisin, une garnison puissante, chargée d’inquiéter Toulouse par des sorties continuelles, et ne se décida à partir pour Castelnaudary qu’après avoir pris toutes les dispositions nécessaires pour que cette garnison se maintînt au poste difficile qui lui était confié. Cependant, après le départ du célèbre chef de la croisade, le comte Raymond VI résolut d’en finir avec ces scènes de pillage en anéantissant la forteresse du Pujol, redoutable boulevard de l’ennemi. En conséquence, le siège en fut résolu et immédiatement commencé. Un premier assaut demeura sans résultat. Le comte Raymond fit alors venir de Toulouse de redoutables engins de siège, à l’aide desquels les murailles furent bientôt entamées ; une brèche permit de tenter un nouvel assaut, et cette fois les assaillants pénétrèrent dans le château malgré une vive défense. Ils y entrèrent en force et la garnison, commandée par Roger de Sartes, fut contrainte de se réfugier dans une tour, où elle continua à se détendre. Sur ces entrefaites, les assiégeants apprirent que Guy de Montfort, frère du chef des croisés, accourait au secours de la forteresse ; il n’y avait pas de temps à perdre ; la garnison réfugiée dans la tour était dans l’impossibilité de s’y défendre et n’avait aucune nouvelle du secours imprévu qui allait lui survenir ; on la pressa, on la somma de se rendre ; réduite aux abois, elle dut accepter. Le comte de Toulouse et les seigneurs ses compagnons promirent, sous serment, d’observer les conditions de la capitulation. La porte de la tour fut ouverte par les assiégés eux-mêmes à Roger, fils du comte de Foix, qui l’occupa aussitôt avec ses gens. Mais les conditions convenues furent violées : plusieurs des chefs principaux, une fois tombés entre les mains des Toulousains, furent massacrés, et, quant à la forteresse, elle fut rasée. On voit aujourd’hui, sous le plateau qui servait d’assise à l’ancienne forteresse, un vaste caveau qu’on regarde, sans preuve certaine, comme un reste de cette place.