Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/PONTÉCOULANT (Louis-Gustave DOULCET, comte DE), conventionnel girondin

Administration du grand dictionnaire universel (12, part. 4p. 1411).

PONTÉCOULANT (Louis-Gustave Doulcet, comte DE), conventionnel girondin, né à Caen en 1764, mort en 1853. Il était sous-lieutenant aux gardes du corps depuis 1783 lorsque commença la Révolution, dont il embrassa les principes avec chaleur. Il fonda un club à Vire, devint président du département du Calvados, puis député à la Convention nationale, où il vota d’abord avec les montagnards, combattant Roland et J.-B. Louvet, et défendant, à son retour d’une mission à l’armée du Nord, le ministre Pache, accusé de négligence dans l’approvisionnement des troupes. Dans le procès de Louis XVI, il vota pour le bannissement et pour le sursis à l’exécution. Attaché dès lors au parti de la Gironde, fortement engagé dans ses luttes contre la Commune de Paris, il échappa pourtant à la proscription du 31 mai 1793, malgré la proposition faite par Couthon de l’y comprendre. On a rapporté, et toutes les biographies n’ont cessé de répéter depuis, qu’il avait refusé de défendre sa compatriote Charlotte Corday devant le tribunal révolutionnaire. Elle-même emporta cette conviction dans la mort. On connaît le dernier billet qu’elle écrivit avant de marcher à l’échafaud : Le citoyen Doulcet de Pontécoulant est un lâche d’avoir refusé de me défendre... Heureusement, il existe des pièces authentiques qui redressent cette erreur. La lettre par laquelle Charlotte déclarait choisir Pontécoulant pour son défenseur, ainsi que la lettre d’envoi de l’accusateur public, fut remise à un gendarme qui, ne trouvant pas celui à qui ces lettres étaient adressées, les rapporta au tribunal. Pontécoulant, compromis alors et qui probablement se cachait, apprit par les journaux son prétendu refus. Il leur adressa une lettre-circulaire et réclama auprès du président du tribunal, Montané, qui lui envoya enfin les lettres, mais quatre jours après l’exécution de Charlotte Corday. (V. les pièces authentiques de cette affaire dans les Dossiers du procès de Charlotte de Corday, par M. Ch. Vatel, 1861.) Pontécoulant donnait d’ailleurs, à cette époque, des preuves éclatantes de courage, en plaidant avec persistance en faveur de ses amis les girondins et en signant la protestation contre les événements du 31 mai. Mis hors la loi le 30 octobre, il trouva une retraite chez Mme Lejay, la belle libraire du Palais-Royal, qui avait été, dit-on, la maîtresse de Mirabeau et qu’il épousa par reconnaissance. Pour mettre sa tête en sûreté, il se réfugia à Zurich, où il chercha des moyens de subsistance dans la profession de menuisier. En décembre 1794, la Convention le rappela dans son sein avec les autres proscrits, dont il fut loin de partager l’esprit de vengeance. On le vit défendre Robert Lindet, protéger Joseph Lebon contre l’indignation des tribunes (4 juillet 1795) ; élu par un grand nombre de collèges électoraux au conseil des Cinq-Cents, il en fut nommé à plusieurs reprises président, y défendit la liberté de la presse, empêcha que la découverte de la conspiration de Babeuf ne fût le prétexte d’une réaction violente, etc. L’opposition qu’il fit à la journée du 18 fructidor ayant failli le faire inscrire sur la liste des déportés, il ne reparut plus qu’au 18 brumaire, pour applaudir au coup d’État. Étant membre des comités de gouvernement sur la fin de la Convention, il avait protégé Bonaparte ; celui-ci, arrivé au pouvoir, le nomma successivement préfet de la Dyle, sénateur 1805), commissaire extraordinaire à Bruxelles (1813). En 1814, il fit partie des sénateurs qui formèrent un gouvernement provisoire et fut nommé peu après pair de France par Louis XVIII. Napoléon, pendant les Cent-Jours, le maintint à la Chambre des pairs. Après la bataille de Waterloo et la seconde abdication, Pontécoulant s’opposa vivement à la proclamation de Napoléon II (22 juin 1815) et fut désigné comme l’un des commissaires chargés de négocier avec les alliés. Éliminé de la Chambre des pairs au commencement de la seconde Restauration, il y entra de nouveau en 1819 et ne cessa de voter dans un sens libéral. En 1830, il se rallia facilement au gouvernement de Louis-Philippe et ne se retira de la vie politique qu’en 1848. Il a laissé des Mémoires qui ont été publiés en 1862 (in-8°).