Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/PIERRE ou PEDRO II, roi d’Aragon et de Catalogne

Administration du grand dictionnaire universel (12, part. 3p. 985).

PIERRE ou PEDRO II, roi d’Aragon et de Catalogne, né en 1174, mort à la bataille de Muret en 1213. À la mort de son père, Alphonse II, il lui succéda (1196) et laissa à son frère Alphonse la Provence. Mû par l’esprit de son siècle, il commença son règne par des persécutions contre les hérétiques, dont il fit brûler un grand nombre, joignit ses armes à celles d’Alphonse IX, roi de Castille, contre le roi de Navarre Sanche VII, et obtint quelques avantages sur les Maures. Pour affermir son autorité sur les grands barons, il s’appropria plusieurs grands fiefs, établit un tribunal suprême de justice et assigna le premier rang aux fonctionnaires de sa cour. En 1204, il épousa Marie, fille et héritière de Guillaume VIII, comte de Montpellier, se rendit, cette même année, à Rome, où il se fit couronner par le pape Innocent III, s’engagea, pour lui et ses successeurs, à payer au saint-siége un tribut annuel de 500 pièces d’or, épuisa le trésor par son luxe et par ses libéralités envers le clergé, altéra les monnaies, augmenta les impôts et provoqua un soulèvement de la noblesse et des villes (1205), qu’il parvint à comprimer. Cette même année, il fit une expédition en Provence pour délivrer son frère Alphonse, tombé entre les mains du comte de Forcalquier, puis réunit, en 1212, ses forces à celles d’Alphonse VI, roi de Castille, pour combattre les Maures, sur lesquels il remporta une éclatante victoire à Tolosa. En 1213, par une contradiction singulière avec ses premiers actes, il alla secourir le comte de Toulouse, qui était à la tête des albigeois, et fut tué à la bataille de Muret. Il eut pour successeur son fils Jayme Ier. Pierre II était grand, bien fait, d’une grande vigueur corporelle, magnifique jusqu’à la prodigalité, courageux, mais aussi cruel et passionné pour les femmes. Il aimait et cultivait la poésie provençale. On possède encore une chanson de lui, adressée à Giraud de Borneilh.