Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/PHILIPPE LE HARDI, duc de Bourgogne, quatrième fils du roi Jean

Administration du grand dictionnaire universel (12, part. 3p. 813).

PHILIPPE LE HARDI, duc de Bourgogne, quatrième fils du roi Jean, né en 1342, mort en 1404. Il avait à peine quinze ans lorsqu’il combattit auprès de son père à la bataille de Poitiers (1356) et mérita son surnom de Hardi. Blessé en défendant son père et fait prisonnier avec lui, il le suivit à Londres. À son retour en France, il fut investi par le roi des duchés de Touraine et de Bourgogne, donations qui furent ratifiées par Charles V. Son mariage avec Marguerite de Flandre (1369) le rendit héritier, à la mort du père de cette princesse (1384), des comtés de Flandre, d’Artois, de Rethel, etc., et l’éleva au rang d’un des plus puissants souverains de l’Europe. Dès le règne de Charles V, il s’était signalé en combattant les Anglais dans la Beauce et la Bourgogne (1364), puis devant Calais (1369) et à La Rochelle (1374). En mourant, Charles V lui confia la tutelle du jeune Charles VI (1380). Il s’associa aux dilapidations de ses frères, les ducs d’Anjou et de Berry, et se montra impitoyable dans la répression des mouvements populaires excités à diverses reprises par leur insatiable cupidité. Lors de la démence du roi, il reprit la régence (1392) et se trouva en rivalité d’ambition avec son neveu Louis d’Orléans ; mais son influence fut presque toujours prépondérante. Plus d’une fois la guerre civile faillit ensanglanter Paris, et cette compétition de pouvoir fut le prélude des inimitiés qui divisèrent depuis les maisons de Bourgogne et d’Orléans et des malheurs que leur ambition réciproque préparait à la France. Philippe mourut en 1404. S’il servit utilement la France sous Charles V, il la ruina sous son successeur par ses exactions et son excessive prodigalité. Son fils aîné, Jean sans Peur, lui succéda.

« Philippe le Hardi, dit Michelet, était dans son intérieur un homme rangé et régulier. Il fut toujours bien avec le clergé ; il le défendait volontiers au conseil ; du reste, donnant peu aux églises. On ne lui reproche aucun acte violent. Ce politique mettait dans toute chose un faste royal qu’on pouvait prendre pour de la prodigalité et qui sans doute était un moyen. Le culte était célébré dans sa maison avec plus de pompe que chez aucun roi ; la musique surtout nombreuse, excellente. Dans les occasions publiques, dans les fêtes, il tenait à éblouir et jetait l’argent. » Il mourut en état de banqueroute. De son mariage avec Marguerite de Flandre, il avait eu cinq fils, dont Jean sans Peur, qui lui succéda, et quatre filles.