Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/PÉRIGORD, en latin Petrocoriensis Ager, pays de l’ancienne France

Administration du grand dictionnaire universel (12, part. 2p. 611).

PÉRIGORD, en latin Petrocoriensis Ager, pays de l’ancienne France, dans la partie septentrionale de la province de Guyenne entre l’Angoumois au N., le Quercy et le Limousin krl E., l’Agenais au S. et la Saintonge a 10. ; chef-lieu, Périgueux. Le Périgord était divisé en haut Périgord ou Périgord Blanc et bas Périgord ou Périgord Noir, à cause des vastes forêts de sapins qui le couvrent en partie. Les villes principales du bas Périgord étaient Sarlat, Biron et Montignac. Le territoire de ce pays est actuellement réparu entre les départements de la Dordogne et de la Gironde.

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Le Périgord tirait son nom des Petrocorici, tribu gauloise qui, après avoir fait partie de l’Occitanie, fut comprise par César dans la Gaule Celtique. Les vestiges d’antiquités celtiques et romaines sont très-nombreux sur le sol de cette contrée ; on y rencontre beaucoup de dolmens, connus dans le pays sous-Ie nom de pierres levées (peyra levada), un grand nombre de tombelies et les restes de cinq voies romaines. Le Périgord, dont lacapitale, nommée d’abord Vesunna, prit plus tard le nom de Petrocorium, fut- réuni à l’Aquitaine 11° sous Valentinien, puis tomba au pouvoir des Goths vers le milieu du v< siècle et fut conquis par Clovis sur Alaric en 507. Détaché de la monarchie des Francs sous l’administration débile des derniers Mérovingiens, il fut une seconde fois reconquis par Pépin et forma sous les successeurs de Charleniag ne un comté qui passa, au xe siècle, sous 1 administration des comtes de La Marcha dans la personne de Boson 1er, dit le Vieux. Les descendants de ces nouveaux seigneurs conservèrent leur suzeraineté jusqu’à la rébellion d’Archambaud V, dit le Vieux, contre Charles VI. Fait prisonnier (1394), il fut condamné au bannissement (1397) et un arrêt du parlement confisqua ses biens (139S). Archambaud passa en Angleterre, où il mourut en 1399. Charles VI rendit alors le comté à Archambaud VI, fils du précédent ; mais Archambaud VI, banni pour crime de rapt, perdit le Périgord, qui fut donné à Louis d’Orléans (1399). Après avoir vainement essayé de se remettre en possession de son patrimoine à l’aide d’une armée anglaise, Archambaud mourut en 1425 au château d’Hauterache. « Charles d’Orléans, fils de Louis, captif des Anglais, vendit le comté de Périgord, en 1437, à Jean de Blois, dont la nièce Françoise apporta le Périgord en dot au seigneur d’Albret (1470). Jeanne, petite-fille de ce dernier, épousa Antoine de Bourbon, dont le fils Henri IV réunit définitivement le Périgord à la couronne de France.

Le déparlement de la Dordogne, dont les vins sont connus dans le commerce sous le nom de vins du Périgord, ne produit pas moins, année moyenne, de 2,250,000 hectolitres d’excellents vins qui constituent la principale richesse du pays. Rouges et blancs y sont récoltés à peu près en égale portion et sont aussi réputés les uns que les autres. Les vignobles les plus considérables et ceux qui produisent les meilleurs vins se tro’uvent dans l’arrondissement de Bergerac, des deux côtés de la Dordogne. Les meilleurs vins rouges se récoltent sur la rive droite ; ils sontvifs, lins, spiritueux et parfumés ; ceux de la rive gauche sont plus foncés, plus corsés, avec moins de bouquet et d’agrément. Les premiers sont préférés pour la table ; mais les meilleurs vins blancs sont ceux de la rive gauche ; on les recherche pour leur extrême douceur et pour la qualité qu’ils acquièrent en vieillissant.

« Quiconque a pu apprécier, aux lieux mêmes de leur provenance, les vins de choix de la côte de Bergerac, dit M. Rendu, setonne à bon droit qu’ils ne jouissent pas de plus de renom. Non-seulement ces vins sont les meilleurs de la Dordogne et occupent un des premiers rangs parmi les productions viticoles du sud-ouest de la France, mais, à les juger d’après leur mérite, ils seraient dignes de prendre place au-dessus de certains vins mieux classés. Légèreté, finesse, aleoolieité, franchise de goût, telles sont les qualités qui recommandent les bons vins rouges’de cette contrée. Quant au vin de liqueur de la côte de Monbazillac, il est sans rival dans sa région et ne déparerait pas les tables les plus recherchées, non loin des muscats de Rivesaltes et de Frontignan. L’oubli dans lequel ces vins languissent tient sans doute au petit nombre de débouchés qui leur sont ouverts et peut-être aussi à ce qu’ils sont rarement livrés aux consommateurs purs et sous leur véritable nom ; le commerce s’en sert le plus souvent pour opérer les mélanges et fortifier les vins faibles de Bordeaux. »

Les principaux cépages de la côte de Bergerac sont : l’auxerrois, le carmenet, le verdot, le piepouil, le fer, le périgord, le navarre. La plupart des cépages rouges sont taillés à vergues, c’est-à-dire qu’on réserve sur chaque cep un sarment de 0",60 de longueur, muni de trois à six yeux ; on le courbe sur lui-même, puis on l’attache ainsi replié au cep ou à, un échalas placé près de la souche. On trie, on épure la vendange, on l’égrappe et on la foule légèrement avant le cuvage. Le vin rouge destiné à la Hollande s’expédie sur lie.

Tous les bons vins rouges de la côte de Bergerac sont d’excellente garde et gagnent même beaucoup en vieillissant.

Leg vins blancs de Bergerac sont à peu près semblables à ceux de Monbazillac. C’est au mont Neyra que se trouvent les vif nobles blancs les plus estimés, sans parler e 96 hectares d’excellentes vignes rouges.

Après les vignobles de Bergerac et de Monbazillac, nous citerons ceux de Monmarvès et do Domme.

Tous les vins blancs du Périgord sont liquoreux au moment où on les fait’ ; mais ceux que l’on lire des raisins vendangés dès la maturité perdent cette extrême douceur et ne sont que des vins moelleux, comme ceux de la Bourgogne et des autres vignobles do France. Ceux que l’on récoite à Sainte-Foy PERI

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des-Vignes ont un goût de pierre à fusil qui n’est pas désagréable. Les vins blancs de seconde qualité sont additionnés d’eau-do-vio avant leur vente et servent à donner du corps et de la force aux autres vins blancs qui sont plus réputés, quoique inférieurs.

Dans tous les bons vignobles du Périgord, on fabrique aussi d’excellents vins de liqueur avec les raisins du seinellou et du muscatfou, raisins très-doux et dont on augmente encore la douceur en les laissant sur le cep jusqu’à ce que la pellicule ait acquis une couleur brune et qu’elle soit presque pourrie.

Les vins rouges et les vins blancs du Périgord prennent depuis quelque temps le nom de vins de Bergerac, autant parce que la plupart d’entre eux se récoltent aux enviions de cette ville que parce qu’elle est le centre du commerce de ces vins.

La Hollande achetait autrefois presque tous les vins’blancs de cette contrée ; mais ’ les Bordelais se sont emparés de cette branche de commerce. Us achètent les vins de Bergerac, qu’ils mélangent et droguent ensuite avec un talent tout particulier, pour les revendre comme vins de Bordeaux. Il en est de même des eaux-de-vie dites trois-cinq. Elles s’expédient dans les deux Charentes et se revendent ensuite sous le nom de cognac. Les barriques périgourdines sont de 30 veltes ou 228 litres. La grosse jaune varie de capacité.

Le Périgord produit également des truffes renommées. Nous en parlerons à l’article truffe.