Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Nuits du Père-Lachaise


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Nuits du Père-Lachaise, roman de Léon Gozlan (1849, in-8°). Le cadre et les développements de ce roman sont tout à fait fantastiques. L’auteur imagine un homme qui passe sa vie dans le cimetière à s’enquérir des causes de la mort de tous ceux que le corbillard y amène. Pour prouver à son interlocuteur la variété et la sûreté de ses renseignements, il lui propose de lui faire l’histoire de la première tombe venue ; celui-ci lui demande celle d’un magnifique mausolée qu’il lui désigne, celui de lady Glenmour. « Il est vide, répond l’amateur des nécropoles ; celle qu’on y croit inhumée est vivante ! » Et il enfile son histoire.

Il y avait à Londres un club appelé club des Dangereux ; tous ses membres devaient, sous peine de déchéance, réussir auprès de toutes les femmes. Deux d’entre eux, le comte de Madoc et lord Glenmour, sont amoureux de la comtesse de Wisby ; en même temps, ils font la cour à une actrice célèbre du nom de Mousseline, qui physiquement est le portrait vivant de la comtesse. Madoc réussit auprès de la comédienne et l’enlève ; son rival épouse la comtesse. Peu de temps après, obligé de faire un voyage, il confie sa femme à la garde d’un enfant de seize ans, Tancrède, le fils d’un de ses amis, sans se douter que cet enfant en est amoureux. Après son départ, un de ses amis se présente, un original, qui se donne le nom d’Achinbald Caskil ; il débute par embrasser sans façon la comtesse, lui fait boire du punch et met toute la maison sens dessus dessous. Lady Glenmour, habituée aux manières de gentleman de son mari, s’étonne d’abord, puis s’amuse de ce sans gêne. Le prétendu Caskil n’est autre que le comte de Madoc, désireux de prendre sa revanche. De concert avec Mousseline, qu’il fait habiller comme la comtesse, il mène tantôt l’une, tantôt l’autre femme au théâtre, de façon que, grâce aux excentricités calculées de la courtisane, tout le monde le croit l’amant de lady Glenmour. Le mari découvre la vérité, accourt et force sa femme à passer pour morte, afin de paraître avoir vengé son honneur. On l’enterre, et lord Glenmour tue le comte de Madoc en duel, près du tombeau où la comtesse attend sa délivrance, car son mari seul est dans le secret, et s’il avait été tué, elle périssait inhumée vive. Après le duel, les deux époux partent en voyage, et lord Glenmour a soin de défigurer sa femme d’un coup de poignard, afin que personne ne la reconnaisse.

Ce roman-excentrique ne manque ni d’intérêt ni de passion. Gozlan s’est abandonné, pour l’écrire, à toute la fougue de son imagination.