Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Morales (louis de)

Administration du grand dictionnaire universel (11, part. 2p. 544).

MORALES (Louis de), peintre espagnol surnommé el Divino, né à Badajoz en 1509, mort en 1586. Il ne peignit que des tableaux religieux, ce qui lui valut son surnom de Divin. Après avoir étudié son art à Valladolid et à Tolède, il revint dans sa ville natale, où il se fit une grande réputation par ses tableaux religieux. Appelé à la cour par Philippe II pour décorer l’Escurial, il y étala un luxe, un faste qui déplut aux favoris de ce prince et à ce prince lui-même, fort économe dans ses dépenses de luxe ; aussi, peu après son arrivée, reçut-il l’ordre de retourner dans sa province. Cette disgrâce lui fit perdre la riche clientèle qui jusque-là avait payé ses œuvres fort cher. Pour vivre, il se vit réduit à vendre ses tableaux à des prix infimes, perdit en vieillissant presque entièrement la vue et fut réduit à une profonde misère. Philippe II, ayant traversé Badajoz an 1581, voulut revoir ce remarquable artiste. « Tu es bien vieux. Morales, lui dit-il. — Et encore plus pauvre, sire, » répondit le vieillard. Touché de cet état, le roi lui fit alors une pension de 300 ducats. Louis de Morales joignait a une connaissance profonde des nus une remarquable science du dessin et une exécution d’une perfection rare. Il excellait en outre à rendre les sentiments et les passions des personnages qu’il représentait. Bien qu’il peignit avec beaucoup de lenteur, il a laissé un grand nombre d’œuvres, qu’on voit dans les églises, les couvents, les palais, les musées de l’Espagne. Parmi ses tableaux peints sur bois, on cite particulièrement : Jésus portant sa croix ; la Vierge et le Christ ; un Saint (au Louvre). Le musée de Madrid possède de beaux tableaux de lui. Son chef-d’œuvre est la Voie des Douleurs, placé par ordre de Philippe II chez les hiéronymites de Madrid.