Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/MONTMORILLON, en latin Mons Mauritionis, ville de France (Vienne)

Administration du grand dictionnaire universel (11, part. 2p. 521).

MONTMORILLON, en latin Mons Mauritionis, ville de France (Vienne), sous-préf., ch.-l. d’arrond. et de canton, sur la Gartempe, à 50 kilom. S.-E. de Poitiers ; pop. aggl., 3,970 hab. — pop. tot., 5,010 hab. L’arrond. comprend 6 cantons, 60 communes et 63,240 hab. Tribunal de 1re instance ; justice de paix ; petit séminaire. Fabrication de macarons renommés, noir animal, tuyaux de drainage, poterie ; fours à chaux, papeteries, blanchisseries de toiles. Commerce de bestiaux. Mine de fer importante.

Montmorillon est pittoresquement située sur la Gartempe, qui divise la ville en deux parties. C’était jadis une place forte dont Philippe le Hardi fit l’acquisition en 1281. Les ligueurs la prirent dans le XVIe siècle ; mais le prince de Conti s’en empara pour le compte de Henri IV le 6 juin 1591, et les fortifications furent rasées ainsi que le château. En 1651, pendant les troubles qui signalèrent la minorité de Louis XIV, les troupes royales occupèrent Montmorillon. Elles avaient pour chefs principaux le duc de Vivonne et le maréchal de Saint-André. On imposa alors aux habitants pour gouverneur, au préjudice des privilèges de la ville et malgré la résistance des échevins, M. de Pruniers, sergent de bataille, et cette mesure, quoique arbitraire, n’en fit pas moins rentrer dans l’ordre une partie de la province. Avant la Révolution, Montmorillon se divisait en deux paroisses ; celle de Saint-Martial et celle du faubourg de Concise. L’ancienne chapelle du château, sous l’invocation de Notre-Dame, avait été érigée en collégiale. La ville possédait des couvents de récollets, d’augustins et de cordelières, et des règlements municipaux, peut-être uniques en France à cette époque, obligeaient ces ordres religieux à des aumônes annuelles considérables. Les commencements de la Révolution ayant été signalés aux environs de Montmorillon par quelques troubles, le 2 janvier 1793, Piorry, député de la Vienne à la Convention nationale, fit rendre un décret ordonnant une instruction immédiate au sujet de ces troubles. À la même époque, Montmorillon fut érigé en chef-lieu de district.

Montmorillon possède une église, connue sous le nom de temple de Montmorillon, qui est sans contredit un des édifices les plus intéressants de toute la France archéologique. Cette église est située dans l’ancien couvent des augustins, occupé aujourd’hui par le petit séminaire. On y remarque la chapelle sépulcrale de la maison-Dieu de Montmorillon, fondée à la suite de la première croisade. Cet édifice, connu aussi sous le nom d’Octogone, est décoré de quatre curieux groupes et de figures grossièrement sculptées. En 1839, l’édifice demandait une réparation urgente ; les antiquaires de l’Ouest s’adressèrent à l’autorité, et le ministère de l’intérieur s’empressa de répondre par l’envoi des sommes nécessaires à sa conservation. L’année suivante, on rétablit dans l’église, sous le premier arceau latéral à droite, une tombe, qui porte cette inscription : « Ci gist Étienne de La Hire, sire de Vignoles, en son vivant chevalier.» Il est question de nouveaux projets qui doivent rendre prochainement son éclat primitif à cette intéressante construction.