Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Langue hébraïque restituée, par Fabre d’Olivet

Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 1p. 160).

Langue hébraïque restituée, par Fabre d’Olivet (Paris, 1815, in-4o). Cet ouvrage est divisé en cinq parties. La première est une dissertation, qui sert d’introduction, sur l’origine de la parole ; elle contient, en outre, une étude sur les langues qui, selon l’auteur, peuvent conduire à découvrir cette origine. Dans la deuxième partie, Fabre d’Olivet présente une grammaire hébraïque, fondée sur de nouveaux principes qu’il déclare utiles à la connaissance générale des langues. La troisième partie contient une série de racines hébraïques, envisagées sous de nouveaux rapports, et destinées à faciliter l’étude de la langue et celle de la science étymologique. Viennent ensuite, dans la cinquième et la sixième partie, un discours préliminaire à une traduction du Sépher, de Moïse, tentée par l’auteur sur les principes posés par lui-même, et la traduction elle-même, en anglais et en français littéral, suivie d’une version plus littéraire, que le traducteur appelle une version correcte.

Tel est le plan de cet ouvrage, paru avant aucun des grands travaux philologiques qui ont honoré notre siècle. Le travail de Fabre d’Olivet, pour n’être point assis sur une base très-solide, n’en dénote pas moins un esprit profondément érudit, sagace, quoique un peu mystique. Si la plupart de ses hypothèses sont tombées, on ne peut nier que ses investigations n’offrent un intérêt très-sérieux. Dans sa préface, il s’élève contre cette prétention antiscientifique, que l’homme est né avec une langue toute formée ; il affirme que ceux qui se sont avisés de parler des langues et de leur origine ne savaient même pas ce que c’était qu’une langue. Il répète souvent que, pour arriver à la connaissance des origines de la langue, « il faut explorer beaucoup d’idiomes et les comparer entre eux ; » voilà l’idée de la grammaire comparée, qui a fait faire à la science philologique de si rapides et merveilleux progrès, idée qui remonte d’ailleurs à Guillaume Postel. Mais si Fabre d’Olivet a conçu l’idée de la philologie comparée, il est vrai de dire qu’il ne l’a nullement réalisée. Fabre d’Olivet avait, d’ailleurs, des notions très-vagues et très-fausses sur les idiomes de l’Orient. Le chinois, le samscrit (sic) et l’hébreu sont, à ses yeux, les trois langues qu’il importe de connaître. Mais il n’avait point étudié spécialement la première, et il ne connaissait le sanscrit que par les travaux de William Jones. Le vrai but de Fabre d’Olivet était d’arriver à une traduction nouvelle des dix premiers livres de la Genèse, qu’il regardait comme renfermant, sous des voiles symboliques, une sagesse profonde. Du reste, toutes les traditions religieuses s’accordent selon lui. Les formes de la révélation ont changé selon les peuples, mais la révélation est la même. Il importe de soulever tous ces voiles, et c’est ce qu’il a essayé dans la traduction du Sépher, traduction qu’il intitule Cosmogonie de Moïse.