Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/LOUIS XVI (Louis-Auguste)

Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 2p. 710-715).

LOUIS XVI (Louis-Auguste), né à Versailles le 23 août 1754, décapité le 21 janvier 1793. Il était le troisième fils du dauphin (fils de Louis XV) et de Marie-Josèphe de Saxe, et il reçut en naissant le titre de duc de Berry. Il fut élevé, comme ses frères puînés, sous la direction du duc de La Vauguyon, dans les principes d’une dévotion fort étroite. Son intelligence était médiocre, son caractère indécis, sa physionomie vulgaire, ses manières brusques et timides à la fois. Nous ne pouvons mieux faire, pour esquisser le portrait de ce malheureux prince, qui devait être le dernier roi de l’ancienne France, que de reproduire les traits suivants, empruntés à quelques-uns de nos principaux historiens. Ces appréciations se rapportent à l’époque où Louis XVI monta sur le trône.

« ......... Un mot de Louis XVI, encore dauphin, avait jeté une sorte de panique parmi les courtisans. Tandis qu’à Paris, par une sanglante épigramme contre son aïeul (Louis XV), on le surnommait Louis le Désiré, des seigneurs de la cour lui avaient un jour demandé quel surnom il préférait : « Je veux, répondit-il, qu’on m’appelle Louis le Sévère. » On redoutait donc à Versailles un règne dur et sombre. L’expression de brusquerie et de mauvaise humeur, qui était assez habituelle au jeune monarque, fortifiait ces appréhensions. L’éducation qu’il avait reçue de son gouverneur La Vauguyon avait augmenté sa sauvagerie naturelle, dont la cause n’était point dureté, comme on le supposait, mais timidité et répugnance pour les mœurs dont il était témoin. Qui eût examiné plus attentivement cette physionomie, d’où avait disparu la majesté mêlée d’élégance, le grand air bourbonien conservé par Louis XV jusque dans sa dégradation, y eût reconnu, sous une expression vulgaire, un fond de bonté et surtout de grande honnêteté. Ce n’étaient pas les traits qui étaient vulgaires, mais le port, le geste, l’obésité précoce, le maintien gauche et disgracieux, la parole hésitante et embarrassée. Il n’était à son aise qu’au milieu de ses livres, car il était instruit et il aimait fort les sciences naturelles, ou, mieux encore, dans son atelier de serrurerie ; s’il avait une passion, c’était le travail manuel ; il suivait les préceptes de l’Émile par goût, et non par système ; la nature lui avait donné les facultés d’un habile et probe artisan ; les lois humaines avaient fait de lui le chef d’un empire, pour son malheur et pour celui de son peuple. » (Henri Martin.)

« .......... Cependant, que faisait le roi ? Tandis que le comte de Maurepas, son Mentor, cherchait un aliment à des moqueries cyniques et souriait à la lutte établie entre des ministres réformateurs et des courtisans ; tandis que les philosophes révolutionnaires allaient à la conquête des esprits, et que, par des voies souterraines mais sûres, les mineurs s’avançaient jusqu’au pied de la monarchie, le roi chassait, il récitait des litanies ou des psaumes ; le roi faisait des serrures, heureux quand il avait contenté l’ouvrier Gamain, son maître, dont il redoutait fort la sévérité, ou bien lorsque, perdu dans l’ombre des corridors de Versailles et chargé des instruments de son travail favori, il était parvenu à gagner la chambre aux enclumes sans être aperçu de la reine !

« C’est qu’en effet Louis XVI n’avait rien d’un roi, et le voir suffisait pour le juger. Sa démarche indécise, ses manières lourdes, la mollesse de sa physionomie, sa brusque timidité, tout cela révélait son règne et permettait de lire dans sa destinée. On eût dit qu’afin de mieux encourager les futurs élus de la place publique à porter la main sur lui, Dieu l’avait d’avance dépouillé de tout prestige. En lui transmettant leur autorité, ses aïeux ne lui avaient rien laissé pour la défendre ; rien, pas même la domination du regard, pas même l’attitude et le geste du commandement. Dans lui, la dignité contenue de Louis XIV se trouva changée en embarras, et la grâce de Louis XV en bonhomie. On allait avec insulte frapper sa famille dans sa personne ; et le type de cette famille, il le reproduisait assez dégénéré pour que le peuple désapprit le respect. Roi, il représentait l’affaiblissement de son principe ; homme, il représentait le dépérissement de sa race...

« Louis XVI était instruit ; il possédait, en géographie et en histoire, des connaissances peu communes ; il avait un fond de bonté qui résista aux mauvais conseils du rang suprême... Mais quand les rois prennent leur point d’appui autre part que dans la bassesse humaine, il leur est si difficile de se maintenir que Louis XVI eut contre lui ses qualités mêmes. Sa faiblesse l’exposait au mépris du peuple ; ce qui lui attira le mépris des grands, ce fut l’honnêteté de ses mœurs. Séparé du peuple par ses fautes, et de la noblesse par ses vertus, il resta seul : étranger à la nation sur le trône, étranger à la cour dans un palais, et comme égaré au sommet de l’État...» (Louis Blanc.)

« .......... Louis XVI n’eut rien de la France, ne la soupçonna même pas. De race, et par sa mère, il était un pur Allemand, de la molle Saxe des Auguste, obèse et alourdie de sang, charnelle et souvent colérique. Mais, à la différence des Auguste, son honnêteté naturelle, sa dévotion, le rendirent régulier dans ses mœurs, dans sa vie domestique. En pleine cour, il était solitaire, ne vivait qu’à la chasse, dans les bois de Versailles, à Compiègne ou à Rambouillet. C’est uniquement pour la chasse, pour conserver ses habitudes, qu’il tint les états généraux à Versailles. S’il n’eût vécu ainsi, il serait devenu énorme, comme les Auguste, un monstre de graisse, comme son père le dauphin, qui dit lui-même, à dix-sept ans, « ne pouvoir traîner la masse de son corps, » Mais ce violent exercice est comme une sorte d’ivresse. Il lui fit une vie de taureau ou de sanglier. Les jours entiers aux bois, par tous les temps ; le soir, un gros repas où il tombait de sommeil, non d’ivresse, quoi qu’on ait dit. Il n’était nullement crapuleux comme Louis XV. Mais c’était un barbare, un homme tout de chair et de sang... Sous ses formes un peu rudes, le fond chez lui était la sensibilité aveugle, il est vrai, et sanguine, qui lui échappait par accès. Morne, muet, dur d’apparence, il n’en avait pas moins quelquefois des torrents de larmes. Quand, coup sur coup, son père, sa mère moururent, il eut ce cri : « Qui m’aimera ?... » (Michelet.)

Ses deux frères aînés étant morts en bas âge, le duc de Berry resta, après la mort du dauphin son père (1765), l’héritier présomptif de la couronne. Il avait, comme on le sait, deux autres frères, les comtes de Provence et d’Artois (depuis Louis XVIII et Charles X). Il n’avait pas seize ans révolus quand on le maria avec Marie-Antoinette (16 mai 1770). La jeune fille de Marie-Thérèse n’avait elle-même que quatorze ans. Il y eut à l’occasion de ce mariage des fêtes publiques d’une grande magnificence, qui se terminèrent de la manière la plus tragique, par l’étouffement de plusieurs centaines de personnes, à la suite du feu d’artifice, dans l’encombrement d’une foule immense à laquelle on n’avait pas préparé des débouchés suffisants.

Cet événement funeste eut lieu sur cette même place Louis XV où devait se dresser, vingt-trois ans plus tard, l’échafaud de Louis XVI !

Autre coïncidence plus singulière. Dès sa première jeunesse, ce prince se préoccupait déjà du sort de Charles I[[er}}, dont le nom et la destinée semblaient exercer sur son esprit une fascination lointaine. Il traduisit même de l’anglais l’histoire de ce prince, histoire lugubre dont il devait tant de fois méditer les péripéties au milieu des tempêtes de la Révolution et dans ses insomnies de la tour du Temple.

On sait que le mariage du dauphin de France avait été négocié par Choiseul, dans l’intérêt de l’alliance autrichienne. Les époux (d’ailleurs enfants tous les deux) ne s’aimaient point. Le dauphin, circonvenu par ses tantes et La Vauguyon, ne voyait dans sa jeune compagne qu’un instrument docile de Marie-Thérèse, au moyen duquel l’ambitieuse impératrice espérait peser sur la France. Les lettres de la mère et de la fille, récemment publiées à Vienne, ont prouvé que cette prévention était fondée.

Plus tard, Marie-Antoinette prit un grand ascendant sur son époux, mais sans détruire entièrement ses défiances ; on l’a vu par diverses pièces trouvées dans l’armoire de fer.

Ainsi, la rudesse de manières et les dispositions chagrines du dauphin ne purent encore être adoucies par les affections de famille, si puissantes sur les natures simples. Il fut longtemps avant de connaître les satisfactions de la vie privée. Tout entier à quelques études solitaires, et surtout à ses éternelles chasses, il revenait harassé au château, soupait trop abondamment, se fatiguait d’indigestions, se couchait de bonne heure, et souvent même s’endormait pesamment à table, pendant que Marie-Antoinette, nature légère et folle, cherchait à secouer son ennui au milieu des amusements les plus frivoles.

Une circonstance assez étrange contribuait encore à rendre les deux époux comme étrangers l’un à l’autre, c’est que le mariage fut longtemps avant d’être consommé.

Ici, nous touchons à un sujet assez délicat ; cependant, nous ne pouvons nous dispenser de l’aborder, ou au moins de l’effleurer le plus sobrement qu’il nous sera possible.

Pendant les premières années du mariage, on s’étonnait fort à la cour et dans le public de la stérilité de cette union. On paraît avoir été longtemps avant d’en soupçonner la cause ; sans cela, quelle pluie de chansons et d’épigrammes la verve gauloise, si peu respectueuse, surtout à cette époque, n’eût-elle pas prodiguée !

Plus tard, cependant, il circula des bruits étranges, et l’on parla tout bas d’une infirmité secrète dont le roi était atteint, d’un vice de conformation qui empêchait la consommation du mariage. Quelques-uns allaient même jusqu’à affirmer l’impuissance complète (comme on la soupçonnait chez le comte de Provence).

Ce qui est certain, c’est qu’après sept ans de mariage Marie-Antoinette n’avait pas encore le droit de concevoir l’espérance d’être mère. On savait déjà ce triste détail par Mme Campan ; on le connaît mieux aujourd’hui par la correspondance de la reine avec sa mère. La pauvre princesse revient constamment sur cet objet, qui fait à toutes deux leur constante et vive sollicitude.

Certes, la chose serait d’un haut comique et toucherait même à la farce, si l’intérêt dynastique et politique n’était ici en jeu.

Enfin, l’empereur Joseph II vint faire un voyage à Paris en 1777, et il paraît que l’intervention et les conseils de ce prince contribuèrent à amener un changement notable dans cette singularité matrimoniale.

On voit que la comédie se continue jusqu’au bout. À ce propos, Marie-Antoinette écrit à sa mère :

« On croit la comtesse d’Artois encore grosse ; c’est un coup d’œil assez désagréable pour moi, après plus de sept ans de mariage. Il y aurait pourtant de l’injustice à en avoir de l’humeur. Je ne suis pas sans espérance ; mon frère (Joseph II) pourra dire à ma chère maman ce qui en est. Le roi a causé avec lui sur ce chapitre avec sincérité et confiance... ! »

Sans entrer dans plus de détails sur ce sujet scabreux, disons que l’événement paraît avoir eu lieu vers le mois d’août de la même année. C’est ce qui ressort des documents que nous avons cités. Ajoutons, comme épilogue à ce curieux fait conjugal, que Louis XVI, déjà gauche et timide, était en outre empêché par un obstacle dont il fut délivré par une petite opération chirurgicale analogue à celle qu’on fait subir à certains enfants mal conformés pour leur délier la langue. (On ne se choquera pas si nous donnons le mot médical : le roi était bridé.)

Le procès-verbal original de l’opération existe ; il fait partie des riches collections d’un amateur célèbre, M. Feuillet de Conches.

Le 10 mai 1774, la mort de son aïeul investit Louis XVI de la royauté, dont il redoutait sincèrement le poids et l’éclat. Malgré son ignorance des affaires, il débuta assez heureusement. Instruit, par l’examen des papiers secrets de Louis XV, des manœuvres de l’Autriche, il refusa à la reine le rappel de Choiseul, écarta d’Aiguillon, Maupeou et l’abbé Terray, appela au conseil Maurepas, choix peu heureux, qui lui fut inspiré par sa tante, Mme Adélaïde, puis Saint-Germain, Turgot et Malesherbes. Il remit à ses sujets le droit de joyeux avènement, qui coûtait 40 millions aux contribuables, mais dont la moitié était dévorée par la ferme. On remarqua au reste que l’ordonnance, tout en s’abstenant de l’appliquer, consacrait ce prétendu droit, exaction féodale non reconnue par les parlements.

L’homme tout-puissant du nouveau gouvernement fut Maurepas, vieil homme de cour sceptique et léger : mais la haute capacité fut Turgot, déjà célèbre par son intendance du Limousin. Ce n’est pas ici que nous pouvons entrer dans le détail des réformes tentées par ce grand citoyen. Bornons-nous à rappeler qu’après avoir converti le jeune roi à ses plans il fit rendre l’ordonnance établissant la pleine liberté du commerce des grains à l’intérieur, et supprimant tout achat et emmagasinement au compte de l’État, ce qui coupait court aux opérations des accapareurs qui avaient fait le fameux pacte de famine ; ce qui, en outre, devait avoir pour effet d’encourager la culture, d’augmenter les produits, par la certitude donnée au cultivateur de vendre sur tous les points du royaume. Il provoqua en outre, par des primes, l’importation des blés étrangers, frappa la haute finance en supprimant le banquier du roi, en cassant les baux usuraires signés par Terray, en refusant les pots-de-vin des fermiers, en supprimant les croupes que ces traitants distribuaient aux plus grands personnages pour se créer des appuis et s’assurer l’impunité de leurs vols et de leurs exactions, enfin par une série de mesures qui lui firent naturellement un grand nombre d’ennemis parmi ceux qui s’engraissaient des abus.

Le roi avait rétabli les anciens parlements malgré Turgot ; ces corps ne manquèrent point de se prononcer contre les réformes et en faveur des privilèges dont la réforme était urgente.

Le grand ministre n’en poursuivit pas moins son œuvre, cherchant, comme contrôleur des finances, à introduire partout l’économie, la répartition plus équitable des charges publiques, améliorant les lois fiscales, accomplissant d’utiles réformes dans les tailles, les impôts, les octrois, étendant son influence sur des matières étrangères aux finances, créant des chaires, une école de clinique, l’Académie de médecine, le mont-de-piété, une caisse d’escompte, remplaçant la corvée par un impôt, dont les classes privilégiées n’étaient point exemptes, délivrant l’industrie du régime des maîtrises, etc. C’était la Révolution qui commençait. Malesherbes, de son côté, secondait son ami et faisait des efforts pour réformer le système des lettres de cachet, établir la liberté de conscience, abolir la torture, etc.

On a fait honneur à Louis XVI de tous ces progrès ou tentatives de réformes. En réalité, il y donna d’abord son adhésion, mais il n’eut pas même le courage de soutenir les hommes qui cherchaient à les accomplir contre la meute qui les poursuivait. Naturellement, d’ailleurs, comme dévot et comme roi, il était antinovateur, antiphilosophe, attaché aux traditions du passé, aux iniquités de la vieille monarchie ; en un mot, s’il consentait à l’adoucissement des abus, il n’en voulait pas la destruction.

D’ailleurs, c’était l’indécision même, et chez lui les variations de la faiblesse et de l’irrésolution ressemblaient souvent aux combinaisons de la fausseté.

« Il n’y a, disait-il, que moi et M. Turgot qui aimions le peuple. »

Et peu de temps après (mai 1776), il le congédiait avec la dureté la plus brutale.

Le roi était « si bon, » comme disait la cour, qu’il n’avait rien à refuser aux privilégiés. Sa « bonté, » en certains cas, était la plaie publique ; il ne savait rien refuser à son entourage, ni les pensions énormes qui dévorent la substance du peuple, ni le rétablissement de la corvée et de la torture (qui ne tomba définitivement qu’en 1788), ni le maintien de toutes les iniquités qui étaient l’essence même de l’ancien régime. Tout cela lui était respectable comme choses anciennes, traditionnelles, monarchiques par excellence.

Turgot arrache au roi la promesse de ne plus signer des acquits au comptant ; mais l’excellent cœur du monarque ne lui permet pas de refuser à quelque favori de la reine ou à tout autre courtisan des bons qui vont parfois jusqu’à un demi-million.

Malesherbes veut supprimer les lettres de cachet ; mais comment résister aux prières des familles nobles qui veulent se débarrasser de quelqu’un de leurs membres ? Le roi cède : il est si bon ! Les prisons se remplissent de nouveau (1777).

De même, quand les parlements, malgré leur intolérance janséniste, proposèrent de donner l’état civil aux protestants, Louis XVI refusa pour ne pas affliger le clergé.

On pourrait multiplier ces exemples, mais à quoi bon ? N’est-il pas assez connu qu’il en va toujours ainsi dans les gouvernements de la faveur et du bon plaisir ?

« Louis se croyait très-bon, dit encore M. Michelet ; mais c’était la bonté de son père le dauphin, de son aïeul le duc de Bourgogne. Son évangile était les papiers de son père et ceux du dévot Télémaque. Il sortait peu de là. Il voulait être juste, mais pour les injustes. Quand on lui fit supprimer le servage sur ses domaines, il n’osa y toucher sur les domaines des seigneurs, respectant la propriété (propriété de chair humaine). Sur un plan de Turgot, qui ne tient compte des ordres et privilèges, il écrit ce mot étonnant : « Mais qu’ont donc fait.les grands, les états de province, les parlements, pour mériter leur déchéance ? » Tellement il était ignorant, ou aveugle plutôt, incapable d’apprendre.

« Là était la difficulté, plus qu’en aucune intrigue. Le réel adversaire du progrès, de l’idée nouvelle, c’était le bon cœur de cet homme qui, tout en admettant certaines nouveautés, n’en couvait pas moins le passé d’une tendresse religieuse, respectait tous les droits acquis, et n’y portait atteinte qu’avec regret, remords. L’ennemi véritable, c’était surtout le roi. Il était l’antiquité même. »

Malesherbes, abreuvé de dégoûts, était sorti du ministère quelques jours avant Turgot, et le roi lui avait dit en le quittant un mot qui peint assez bien les embarras que lui causait l’indécision de son caractère : « Vous êtes plus heureux que moi, vous pouvez vous en aller. »

Ce prince, absolument médiocre de caractère et d’esprit, fut donc, comme nous l’avons dit, étranger aux grands essais de réforme de ces deux illustres citoyens. Il ne le fut pas moins aux idées mêmes de son temps, à cet admirable mouvement intellectuel qui, depuis 1750, par l’Encyclopédie, par Voltaire, Diderot, les économistes, puis par Rousseau, Mably, Montesquieu, etc., emportait la nation et passionnait jusqu’aux femmes. Non-seulement il n’en fut pas touché, chose rare en ce grand siècle, mais instinctivement, par infirmité de nature aussi bien que par les vices de son éducation jésuitique, il était hostile à ces idées, et il les repoussait pour ainsi dire sans les connaître.

Après le départ de Turgot, les finances, dirigées par de Clugny, tombèrent dans une véritable anarchie ; le crédit public s’affaissa, et l’on en fut réduit à chercher des ressources honteuses dans l’établissement de la loterie. Les corvées et les jurandes furent rétablies ; tout l’ancien système reprit faveur. Cependant on jugea bientôt nécessaire d’appeler Necker, financier capable, enfoncé dans des systèmes contestables, mais honnête et désintéressé. Il remit un peu d’ordre dans le chaos des finances et accomplit quelques réformes, dont on trouvera le résumé dans l’article consacré à sa biographie.

Toutes les préoccupations s’effacèrent bientôt devant l’agitation passionnée que souleva le grand événement de la révolution d’Amérique. Toute la France fut entraînée, non-seulement, comme on l’a dit, par sa haine contre l’Angleterre, mais par enthousiasme pour les idées nouvelles et pour la liberté. On vit se manifester d’une manière éclatante l’esprit chevaleresque de la nation, ce dévouement pour les peuples opprimés, qu’elle a consacré dans ses lois et dans les faits pendant la Révolution, et qui lui conquit un ascendant irrésistible dans le monde, jusqu’au moment où les violences militaires de l’Empire vinrent changer en haine cet amour des peuples.

La Fayette et une foule d’autres jeunes nobles traversèrent les mers pour aller mettre leur épée au service de la liberté. Beaumarchais, d’un cœur admirable, se jette dans le mouvement, aventure des sommes considérables pour envoyer des secours et des fusils aux insurgents, comme on disait alors, éblouit, entraîne les hommes les plus flottants, comme Louis XVI et le ministre Vergennes, obtient un million, et enfin, à force d’obsessions, décide ou contribue largement à décider notre gouvernement à s’allier ouvertement aux Américains (fév. 1778). Le prudent Necker lui-même fut emporté.

L’hésitation était permise, car nos finances étaient dans l’état le plus désastreux. Mais la nation n’hésita pas ; les hommes d’État furent poussés, entraînés par le sentiment public.

À ce moment, Voltaire et Rousseau mouraient. Mais leurs disciples allaient bientôt faire passer leurs idées dans le domaine des faits.

Cette guerre en faveur de l’indépendance américaine fut très-glorieuse pour la France ; mais elle nous ruina, nous endetta de plus d’un milliard. Elle se termina par le traité de Versailles (1783), qui consacra l’indépendance des États-Unis et nous fit recouvrer Saint-Pierre, Miquelon et Sainte-Lucie, dans les Antilles, Pondichéry et Chandernugor, dans l’Inde, enlova à l’Angleterre Minorque et la Floride, rendues à l’Espagne, etc.

Nos officiers et nos soldats revinrent d’Amérique enthousiasmés pour la liberté, qu’ils avaient vue dans les faits, bien plus puissants que les livres, et les théories. La guerre avait été une sorte de dérivatif extérieur aux sentiments de la France ; mais ces sentiments n’en éclateront bientôt qu’avec plus de puissance et d’énergie.

Entravé dans ses réformes, comme l’avait été Turgot, Necker avait été renversé en 1781 par les manœuvres de Vergennes et de Maurepas, ligués avec la cour et tous les privilégiés. Il venait de publier son célèbre Compte-rendu, première révélation publique (encore incomplète) du mystère des finances, le saint des saints de la vieille monarchie.

Ses successeurs incapables, Joly, d’Ormesson, creusèrent encore le gouffre qu’il avait essayé de combler malgré les énormes dépenses de la guerre. Le déficit ne cessa plus de s’accroître, autant à cause de la mauvaise direction des finances que par les largesses insensées faites aux princes, aux courtisans, par les prodigalités de la reine, ses dons énormes à ses créatures et à ses favorites (Lamballe, Polignac), etc.

Incapable d’apprécier les hommes, trop faible d’ailleurs et trop indécis pour soutenir ceux qui lui eussent été le plus utiles, le roi allait de l’un à l’autre, et tombait enfin sur Calonne, ce Figaro qui allait mener si gaiement le convoi de la monarchie. Dans cette crise permanente des finances, le ministre de ce département se trouvait être le plus important personnage de l’État. Le système de Calonne était ingénieux ; il consistait à dépenser le plus possible, à gorger les grands pour s’en faire des appuis. Des 100 millions qu’il emprunta tout d’abord, il n’en arriva pas 25 au roi ; d’Artois, Condé et autres sangsues absorbèrent le reste.

« Tout va aller à la dérive. Où est le roi ? Que devient-il ? Il était travailleur, sérieux, sous Turgot. À voir aujourd’hui sa torpeur, on le croirait hydrocéphale. La table, la vie conjugale, l’invincible progrès de l’obésité paternelle, semblent paralyser sa grosse tête d’embryon. On lui fait en un an signer en acquits au comptant 136 millions ! Pour qui ? Je ne le sais. Il ne le sait lui-même. » (Michelet.)

Au milieu de cette débâcle de l’ancien régime, la nation conservait sa vitalité ; une société nouvelle se formait. Beaumarchais lançait son terrible Figaro, les sciences reprenaient un nouvel éclat avec les Lagrange, les Bailly, les Lalande, les Lavoisier ; l’audace de conception et d’entreprise suscitait la navigation aérienne, inspiration aventureuse des Montgollier ; une génération nouvelle avait grandi, qui croyait aux miracles de la science et de la raison, à l’éclosion d’un monde nouveau. La Révolution était pour ainsi dire dans l’air. Tous les grands acteurs qui devaient y figurer étaient déjà debout et frémissants.

Un événement fameux, une tragi-comédie de cour vint activer encore la désaffection pour la famille royale et pour les gens de cour. Nous voulons parler de l’affaire du Collier, dont nous n’avons pas à nous occuper ici, et à laquelle le Grand Dictionnaire a consacré un long article.

Cependant, après avoir épuisé la ressource des emprunts, ne sachant plus que faire et se trouvant en face d’un déficit toujours croissant, Calonne, à bout d’expédients, proposa au roi l’idée (que Mirabeau lui avait suggérée) d’une Assemblée des notables, qui eut lieu à Versailles en février 1787.

Naturellement cette assemblée de quelques privilégiés ne produisit absolument rien ; elle repoussa les « réformes » proposées par le charlatan Calonne, qui tomba du ministère. Il eut pour successeur Loménie de Brienne, poussé par la reine, qui tira des notables quelques réformes et quelques contributions, et qui fit exiler le parlement pour refus d’enregistrer le nouvel impôt du timbre. Avant de se séparer, le grand corps judiciaire lance un mot gros d’orages : il réclame la convocation des états généraux.

Il parait certain que dans cette déroute gouvernementale la banqueroute fut proposée, discutée, surtout dans le cercle de la reine, pendant que l’agitation causée par l’exil du parlement, par l’idée des états généraux, qui faisait son chemin dans les esprits, par l’état désastreux des affaires publiques, suscitait des troubles fort graves en Bretagne, et surtout en Dauphiné, où la célèbre assemblée de Vizille fut comme le prélude de la Révolution.

Au milieu de toutes ces complications, Brienne tombe ; on rappelle Necker (août 1788). En même temps, on se résignait à la convocation des états généraux pour le 1er mai de l’année suivante. Une nouvelle Assemblée des notables montre une fois de plus l’invincible obstination des privilégiés, leur résistance à tout progrès.

Malgré tout, la force de l’opinion était telle qu’elle imposa au roi même et à la reine (avec l’appui de Necker) le doublement des députés du tiers aux états généraux.,

L’ouverture de cette mémorable Assemblée eut lieu à Versailles le 5 mai 1789.

On peut marquer à cette date la fin de l’ancien régime. Une ère nouvelle s’ouvrait pour la France et pour le monde.

On comprend que nous n’avons pas à raconter ici ces événements, amplement décrits en de nombreux articles de ce Dictionnaire, où le rôle même de Louis XVI est partiellement retracé. V. ASSEMBLÉE, BASTILLE, CONSTITUTION, RÉVOLUTION, CONVENTION, 20 JUIN 1792, 10 AOÛT, etc.

Il ne nous reste qu’à esquisser très-largement les actes principaux de ce malheureux prince, toujours flottant, toujours irrésolu, au cours de ces prodigieux événements, comme il l’avait été dans la première partie de sa carrière,

À demi converti parfois par les partisans les plus modérés des idées nouvelles, mais tiraillé en sens contraires, dominé par ses propres préventions et par l’influence de la reine, qui était le centre de la faction la plus rétrograde, il ne faisait une concession que pour la regretter aussitôt et tâcher de la reprendre par de petites manœuvres, qui passaient facilement pour des trahisons et des parjures.

À peine les états s’étaient-ils assemblés que, devinant les vues du tiers état, il se repentit de lui avoir accordé une représentation double de celle des deux autres ordres. Il s’opposa un vote par tête et en commun, employa l’intimidation ; mais le tiers, fort de l’appui du peuple, se déclara Assemblée nationale dans la fameuse séance du Jeu de paume (20 juin). Le roi céda bientôt, avec l’arrière-pensée de reprendre l’avantage ; tel est le rôle qu’il joua constamment jusqu’au dénoûment fatal ; telle est la perpétuelle contradiction dans laquelle il s’agita, se dégradant dans les plus pitoyables duplicités sans pouvoir conjurer sa perte ni celle de la monarchie.

Effrayé de la marche des événements et poussé par la faction, il renvoie Necker, le ministre populaire, et concentre des troupes dans Paris, comme s’il méditait quelque coup d’État. À ces mesures, qui annonçaient des projets sinistres, le peuple répondit par la prise de la Bastille (14 juillet 1789). Nouvelles concessions du roi ; mais à quelque temps de là, lorsqu’il croit la tourmente calmée, nouvelles agressions de sa part ou tolérées par lui. Les gardes du corps, dans un repas resté fameux, se répandent en manifestations bruyantes en faveur de la cour et en imprécations contre le nouveau régime ; les Parisiens se portent sur Versailles (5 et 6 octobre) et ramènent Louis XVI avec eux pour le garder à vue dans la capitule. À chaque péripétie de cette lutte, le monarque perdait une partie de son crédit et de sa puissance, qui passait à l’Assemblée et aux autorités populaires.

En réalité, il ne régnait plus, il assistait effaré aux événements, jouet des circonstances et des hommes, cherchant à de rares intervalles à s’accommoder aux institutions dont la formation successive était pour lui un sujet d’étonnement et de scandale, mais le plus souvent réagissant contre la destinée et méditant des restaurations impossibles par des appels secrets aux armes de l’étranger. C’est dans ces vues coupables qu’il écrivit au roi de Prusse le 3 décembre 1790, et que, jusqu’à la fin de son règne, il prêta la main aux complots de la reine et des émigrés, tout en les désavouant officiellement.

Nous le répétons, les péripéties de ce grand drame appartiennent à l’histoire de la Révolution bien plus qu’à la biographie du roi.

En juin 1791, après diverses combinaisons avortées, il s’enfuit secrètement des Tuileries avec sa famille, dans l’intention de gagner la frontière de l’est, de se mettre sous la protection de Bouillé et de commencer, avec l’appui de l’étranger, une lutte pour recouvrer son autorité.

D’Artois, qu’il désavouait en apparence, s’était, au nom du roi, concerté avec l’empereur, dans l’entrevue de Mantoue, pour combiner l’envahissement de la France par quatre points à la fois : première ébauche de coalition qui échoua.

Arrêté dans sa fuite, à Varennes, et ramené à Paris, Louis XVI se réconcilie avec l’Assemblée (mais non avec l’opinion), en prêtant serment à la Constitution, trop heureux de conserver sa couronne à ce prix.

Va-t-il au moins l’exécuter loyalement, cette Constitution ? Non ; il y apportera toutes sortes d’entraves ; il laissera machiner secrètement par la reine l’invasion de la France par les armées ennemies ; il soudoiera des pamphlétaires et des hommes prêts à prendre les armes contre la Révolution ; il corrompra des députes : toute cette œuvre sourde fut révélée plus tard par l’ouverture de l’armoire de fer et par des pièces authentiques découvertes depuis.

Pendant que, publiquement et conformément aux décrets, il commandait à ses frères émigrés de rentrer en France, secrètement il entretenait une correspondance avec eux pour se plaindre de la « captivité » qu’il subissait, ot pour s’associer, quant au fond, à leurs intrigues et à leurs projets ; il envoyait Breteuil et Mallet-Dupan en Allemagne pour presser l’intervention ; il commettait enfin, de concert avec la reine, une série de trahisons qui ne sont plus contestées et dont les preuves existent partout.

Malgré sa soumission apparente, il était donc très-visiblement le chef de la réaction, le complice des émigrés et de la coalition des rois, le grand obstacle à l’établissement de l’ordre nouveau. Son refus de sanctionner les décrets de l’Assemblée législative contre les émigrés et les prêtres rebelles, le renvoi du ministère patriote qu’on lui avait imposé (Roland, Servan, etc.), provoquèrent le mouvement du 20 juin 1792 ; enfin sa complicité évidente avec les étrangers qui marchaient sur la France détermina la révolution du 10 août, qui mit fin à la monarchie.

Suspendu par décret, Louis XVI fut enfermé avec sa famille à la tour du Temple, mis en jugement par la Convention nationale (décembre 1792-janvier 1793) et condamné à la peine de mort (20 janvier). Voyez ci-dessous, jugement de LOUIS XVI, les détails du procès avec l’énumération des votes.

Le dernier roi de France, qui n’était plus nommé officiellement que Louis Capet, fut décapité le 21 janvier 1793, sur la place de la Révolution (Concorde), non loin de l’endroit où est aujourd’hui l’obélisque.

On trouvera les détails relatifs à son exécution aux articles Edgeworth et Santerre. Bornons-nous à rappeler qu’il marcha au supplice avec courage, et que sur l’échafaud il protesta de son innocence dans un discours qu'un roulement de tambours, resté fameux, l’empêcha de continuer.

Cette innocence, elle serait difficile à établir, et, quoi qu’on en ait dit, le roi n’était pas couvert par la Constitution, car la fiction de l’inviolabilité n’a plus aucune valeur dès qu’il s’agit d’intelligences avec l’ennemi et de trahisons envers la patrie.

Toutefois, des historiens éminents, passionnés pour la cause de la Révolution, se sont élevés contre ce sanglant sacrifice, et pensent que la détention eut suffi aux nécessités de ces terribles moments.

Quant aux souffrances et aux privations de la famille royale au Temple, rien de plus faux et de plus légendaire. Des pièces officielles, reproduites dans toutes les histoires, établissent que Louis XVI avait au Temple treize officiers de bouche et un service encore somptueux.

Louis XVI, comme il est dit plus haut, avait quelque instruction ; il connaissait notamment assez de géographie pour dicter les instructions pour l’expédition de La Pérouse. On lui attribue une traduction de Gibbon, publiée sous le nom de son lecteur Leclerc de Sept-Chênes (1777-1795), et des Doutes historiques sur la vie et le règne de Richard II. Enfin, il avait écrit dans sa jeunesse des Réflexions sur mes entretiens avec M. le duc de La Vauguyon, qui ne manquent pas de mérite. On a aussi un Journal intime écrit de sa main pendant son règne, et qui n’est composé que de sèches mentions sur ses chasses, ses digestions, ses dépenses, etc. La correspondance publiée sous son nom, en 1802, et réimprimée en 1862, est apocryphe. M. Feuillet de Conches a publié des lettres authentiques de ce prince dans son recueil Louis XVI, Marie-Antoinette et Mme Élisabeth.

Louis XVI (jugement de). La Convention nationale, après les débats du grand procès qu’elle poursuivait en face de l’Europe armée, décréta dans sa séance du 14 janvier 1793, sur la rédaction de Boyer-Fonfrède et après de longues et orageuses discussions, qu’elle se prononcerait par appel nominal sur les trois questions suivantes : 1° Louis est-il coupable ?La décision sera-t-elle soumise à la ratification du peuple ?Quelle peine Louis a-t-il encourue ?

Le lendemain, elle décréta :

Que chaque membre se placerait à la tribune pour voter ;

Que les votes seraient signés par chaque votant :

Que les absents auraient la faculté d’émettre leur vœu après l’appel ; que tous les membres pourraient motiver sommairement leurs opinions, et que les motifs en seraient insérés au procès-verbal ; enfin que les absents sans cause seraient censurés.

Premier appel nominal. Première question : « Louis Capet est-il coupable de conspiration contre la liberté de la nation et d’attentats contre la sûreté générale de l’État ? » (15 janvier 1793).

[Pour ne point multiplier les listes de noms, nous ne donnerons, dans le premier et dans le second appel nominal, que le résumé des votes. C’est dans le troisième appel, sur la peine à appliquer, que nous offrirons le tableau complet des députés classés par département.]

L’Assemblée se composait de 749 membres. L’appel constate 8 absents pour cause de maladie et 20 absents par commission de l’Assemblée. 37 députés ont motivé leur opinion ; enfin 633 ont répondu oui. Ainsi, à la presque unanimité, soit par des votes simples, soit par les votes motivés, la première question avait été affirmativement résolue.

Le président proclame, au nom du peuple français, que la Convention nationale déclare Louis Capet coupable de conspiration contre la liberté de la nation et d’attentats contre la sûretê générale de l’État.

Deuxième appel nominal. Deuxième question : « Le jugement de la Convention nationale contre Louis Capet sera-t-il soumis à la ratification du peuple ? » (Même jour, 15 janvier.)

Absents pour cause de maladie 9
Membre qui s’est récusé (Noël, des Vosges) 1
Membres qui ont refusé de voter (Lafon, Corrèze ; Wandelaincourt, Haute-Marne ; Morisson, Vendée ; Lacroix, Haute -Vienne) 4
Membres qui ont motivé leur opinion (les uns votant l’appel au peuple dans le cas seulement où la Convention
prononcerait la peine de mort ; les autres à certaines conditions, telles que la présentation à la sanction populaire du décret d’abolition de la monarchie) 11
Absents par commission 20
Membres qui ont voté pour la ratification 281
Membres qui ont voté contre 423

                    Total 749

La Convention décrète que le jugement de Louis Capet ne sera pas soumis à la ratification du peuple.

Cette mesure de l’appel au peuple, appuyée par une partie de la Gironde et des modérés, était repoussée par les montagnards et leurs adhérents, comme pouvant entraîner la guerre civile, comme une tentative déguisée pour sauver le roi, etc.

Troisième appel nominal. Troisième question : « Quelle peine sera infligée à Louis ? » (Séance permanente des 16 et 17 janvier 1793.)

Quelques-uns de ceux qui voulaient sauver le roi, au moins de l’échafaud, avaient proposé que cette décision importante ne fût rendue qu’à la majorité des deux tiers des voix. Lanjuinais avait même demandé les trois quarts.

L’Assemblée passa à l’ordre du jour, motivé sur ce que tous ses décrets devaient être rendus indistinctement à la majorité absolue seulement.

Nous classerons ici les députés par départements, dans l’ordre où ces départements furent appelés. Beaucoup de membres s’étant ralliés à la motion de Mailhe, qui figure en tête de cette liste, il suffira d’y renvoyer. Nous donnerons aussi quelques votes motivés auxquels la célébrité s’est attachée. Cet appel fameux commença le 16, à huit heures du soir.

Garonne (Haute-).

Jean Mailhe, la mort. Il demande, si cette opinion passe, que l’Assemblée discute le point de savoir s’il conviendra à l’intérêt public que l’exécution ait lieu sur-le-champ ou qu’elle soit différée. Cette proposition est indépendante de son vote. — Delmas, la mort. — Projean, la mort. — Pérès, la réclusion et l’expulsion à la paix. — Julien, la mort. — Calés, la mort. — Estadins, la réclusion et l’expulsion à la paix. — Ayral, la mort. — Desacy, la mort. (Il se rallié à la motion de Mailhe. V. le premier nom de la liste.) — Rouzet, la réclusion à temps. — Druhle, la réclusion, le bannissement à la paix. — Mazade, la réclusion perpétuelle.

Gers.

Laplaigne, la mort. — Maribon-Montaut, la mort. — Deschamps, la mort. — Cappin, la réclusion jusqu’à l’affermissement de la liberté, puis le bannissement. — Barbeau-Dubarran, la mort. — Laguire, la mort. — Ichou, la mort. — Bousquet, la mort. — Moysset, la réclusion, l’expulsion à la paix.

Gironde.

Vergniaud, la mort. (Se rallie à la motion de Mailhe. V. le premier nom de cet appel nominal.) — Guadet, la mort. (Se rallie à la motion de Mailhe. V. le premier nom de cet appel nominal.) — Gensonné, la mort. Il demande que la Convention délibère, après son jugement, sur les mesures de sûreté à prendre en faveur des enfants du condamné et contre sa famille, et qu’afin de prouver qu’elle n’admet point de privilège entre les scélérats elle ordonne des poursuites contre les assassins de septembre. — Grangeneuve, la détention. — Joy Sainte-Foy, la mort.Ducos, la mort. — Garraud, la mort. — Boyer-Fonfrède, la mort. — Duplantier, la mort. (Se rallie à la motion de Mailhe. V. le premier nom de cet appel nominal.) — Deleyre, la mort. — Lacaze, la réclusion jusqu’à la paix, puis le bannissement. — Bergoing, la réclusion.

Hérault.

Cambon, la mort. — Bonnier, la mort.Curée, la réclusion et la déportation à la paix. — Viennet, la réclusion jusqu’à la paix ou jusqu’à ce que les puissances de l’Europe aient reconnu l’indépendance de la République. Le bannissement alors, sous peine de mort. — Rouyer, la mort. — Cambacérès, les peines prononcées par le code pénal, avec sursis jusqu’à la paix ; alors faculté de commuer ces peines ; mais leur exécution rigoureuse dans les vingt-quatre heures en cas d’invasion. Vote motivé de Cambacérès : « Si Louis eût été conduit devant le tribunal que je présidais, j’aurais ouvert le code pénal et je l’aurais condamné aux peines établies par la loi contre les conspirateurs ; mais ici j’ai d’autres devoirs à remplir. L’intérêt de la France a déterminé la Convention à ne pas renvoyer Louis aux juges ordinaires et à ne point assujettir son procès aux formes prescrites. Pourquoi cette distinction ? C’est qu’il a paru nécessaire de décider de son sort par un grand acte de justice nationale ; c’est que les considérations politiques ont dû prévaloir dans cette cause sur les règles de l’ordre judiciaire ; c’est qu’on a reconnu qu’il ne fallait pas s’attacher servilement à l’application de la loi, mais chercher la mesure qui paraissait le plus utile au peuple. La mort de Louis ne nous présenterait aucun de ces avantages ; la prolongation de son existence peut, au contraire, nous servir : il y aurait de l’imprudence à se dessaisir d’un otage qui doit contenir les ennemis extérieurs et intérieurs. » — Brunel, la réclusion comme mesure de sûreté générale, sauf la déportation suivant les circonstances. — Fabre, la mort. — Castilhon, la réclusion et le bannissement à la paix.

Ille-et-Vilaine.

Lanjuinais, la réclusion, le bannissement à la paix sous peine de mort. Vote motivé de Lanjuinais : « Comme homme, je voterais la mort de Louis ; mais comme législateur, considérant uniquement le salut de l’État et l’intérêt de la liberté, je ne connais pas de meilleur moyen pour les conserver et les défendre contre la tyrannie que l’existence du ci-devant roi. Au reste, j’ai entendu dire qu’il fallait que nous jugeassions cette affaire comme la jugerait le peuple lui-même : or, le peuple n’a pas le droit d’égorger un prisonnier vaincu. C’est donc d’après le vœu et les droits du peuple, et non d’après l’opinion que voudraient nous faire partager quelques-uns d’entre nous, que je vote pour la réclusion, etc. » — Defermont, la réclusion. — Duval, la mort. — Sevestre, la mort. — Chaumont, la mort. — Lebreton, la réclusion à perpétuité. — Dubignon, la détention jusqu’aux prochaines assemblées primaires, qui pourront confirmer la peine ou la commuer. — Obelin, la détention, la déportation après la paix. — Beaujard, la mort. — Maurel, la détention jusqu’à la paix, puis le bannissement.

Indre.

Porcher, la détention, le bannissement à la paix. — Thibaud, la mort. (Se rallie à la motion Mailhe. V. le premier nom de l’appel nominal.) — Pépin, la détention, la déportation à la paix. — Boudin, la détention, la déportation à la paix. — Lejeune, la mort. — Derazey, la réclusion.

Indre-et-Loire.

Nioche, la mort. — Dupont, la mort. — Pothier, la mort. — Gardien, la réclusion, la déportation à la paix. — Ruelle, la mort. Il demande que l’Assemblée examine s’il ne serait pas de l’intérêt public de commuer la peine ou d’en suspendre l’exécution. — Champigny, la mort. — Ysabeau, la mort. — Bodin, la réclusion, le bannissement sous peine de mort un an après la paix.

Isère.

Baudran, la mort. — Genevois, la mort.Servonat, la réclusion, le bannissement à la paix, sous peine mort. — Amar, la mort. — Prunelle-Lierre, le bannissement, avec toute sa famille, sous peine de mort. — Real, la détention. — Boissieu, la détention, le bannissement à la paix. — Genissieu, la mort. (Se rallie à la motion de Mailhe. V. le premier nom de l’appel nominal.) — Charrel, la mort.

Jura.

Vernier, la détention, le bannissement à la paix. — Laurençot, la réclusion le bannissement à la paix. — Grenot, la mort. — Prost, la mort. — Arnyon, la mort. — Babey, la détention, le bannissement à la paix. — Ferroux, la mort. — Bonguyod, la détention perpétuelle.

Landes.

Dartigoyte, la mort sans délai. — Lefranc, la réclusion, le bannissement à la paix. — Cadroy, la détention. — Ducos aîné, la mort. — Dizès, la mort. — Saurine, la détention.

Loir-et-Cher.

Grégoire (absent par commission). — Chabot, la mort. — Brisson, la mort. — Fressine, la mort. — Leclerc, la détention perpétuelle. — Venaille, la mort. — Foussedoire, la mort.

Loire (Haute-).

Reynaud, la mort. — Faure, la mort, exécution dans le jour. — Delcker, la mort. — Flageas, la mort. — Bonnet fils, la mort. — Camus (absent par commission). — Barthélémy, la mort.

Loire-Inférieure.

Meaulle, la mort. — Lefebvre, la réclusion, la déportation à la paix. — Chaillon, la réclusion, la déportation à la paix. — Mellinet, la réclusion, la déportation à la paix. — Villers, la mort. — Fouché, la mort. — Jassy, la réclusion, le bannissement à la paix. — Coustard, la réclusion, le bannissement à la paix.

Loiret.

Gentil, la détention, la déportation à la paix. — Garran-Coulon, la réclusion. — Lepage, la détention, le bannissement à la paix. — Pellé, la détention, la déportation à la paix. — Lombard-Lachaud, la mort. — Guérin, la détention, l’expulsion à la paix. — Delagueulle, la mort. — Louvet-Couvray, la mort, sous la condition expresse de surseoir jusqu’après l’établissement de la constitution. — Léonard Bourdon, la mort, l’exécution dans vingt-quatre heures.

Lot.

Laboissière, la mort. (Se rallie à la motion Mailhe. V. le premier nom de l’appel nominal.) — Cledel, la mort. — Sallèles, la réclusion, le bannissement à la paix. — Jean-Bon Saint-André, la mort. — Mont-Mayou, la mort. — Cavaignac, la mort. — Bouygues, la réclusion. — Cayla (absent par maladie). — Delbrel, la mort, avec sursis. — Albouys, la réclusion, le bannissement à la paix.

Lot-et-Garonne.

Vidalot, la mort. — Laurent, la réclusion. — Paganel, la mort. (Se rallie à la motion Mailhe. V. le premier nom. de l’appel nominal.) — Claverie, la réclusion, le bannissement à la paix. —Laroche, la réclusion, le bannissement à la paix. — Boussion, la mort. — Guyet-Laprade, la détention, le bannissement à la paix. — Cournel, la mort. — Noguer, la réclusion, le bannissement à la paix.

Lozère.

Barrot, la déportation avec sa femme et ses enfants. — Châteauneuf-Randon, la mort. — Servière, la mort, dans le cas seulement où l’ennemi envahirait le territoire français ; jusque-là, la réclusion. — Monestier, la mort, sursis jusqu’à la paix. — Pelet (absent par commission).

Maine-et-Loire.

Choudieu, la mort. — Delaunay (d’Angers) aîné, la mort. — Deshoulières, la réclusion, la déportation à la paix. — La Réveillère-Lépeaux, la mort. — Pilastre, la réclusion, le bannissement à la paix. — Leclerc, la mort. — Dandenac aîné, la réclusion, le bannissement à la paix. — Delaunay jeune, la réclusion, le bannissement à la paix. — Pérard, la mort. — Dandenac jeune, la déportation de tous les prisonniers du Temple. — Lemaignan, la détention, le bannissement à la paix.

Manche.

Gervais-Sauvé, la réclusion, la déportation à la paix. — Poisson, la réclusion, la déportation à la paix. — Lemoine, la mort, avec la réserve qu’il y sera sursis jusqu’à ce que toute la race des Bourbons ait quitté Je territoire de la République. — Pinel, la détention, la déportation à la paix. — Lecarpentier, la mort. — Havin, la mort. — Bonnesœur, la mort, avec sursis. — Enguerrand, la détention perpétuelle. — Bretel, la détention, le bannissement à la paix. — Laurence-Villedieu, la mort, avec sursis. — Hubert, la mort.

Marne.

Prieur, la mort. — Thuriot, la mort. — Charlier, la mort. — Lacroix-Constant, la mort. — Deville, la mort. — Poulain, la réclusion, le bannissement à la paix. — Drouet, la mort. — Armonville, la mort. — Blanc, la réclusion, le bannissement à la paix. — Ratellier, la mort.

Marne (Haute-).

Guyardin, la mort, l’exécution dans les vingt-quatre heures. — Monnel, la mort. — Valdruche, la mort. — Chaudron, la mort. — Laloy, la mort. — Wandeliancourt, le bannissement.

Mayenne.

Bissy jeune, la mort ; sursis jusqu’au moment où les puissances étrangères envahiraient le territoire français. Et dans le cas où elles ne feraient pas cette invasion et où la paix serait assurée, il demande que la Convention ou l’Assemblée qui lui succédera délibère s’il y a lieu alors de commuer la peine. — Esnue, la mort. — Durocher, la mort. — Enjubault, la mort. (Se rallie à la motion de Bissy, même département.) — Jerveau, la mort. (Se rallie à la motion de Bissy, même département.) — Plaichard-Chottière, la détention, le bannissement à la paix de Louis et de sa famille. — Villars, la détention, le bannissement à la paix. — Lejeune, la détention perpétuelle.

Meurthe.

Salles, la détention, le bannissement à la paix. — Mallarmé, la mort. — Levasseur, la mort. — Mollevault, la détention, le bannissement à la paix. — Bonneval, la mort. — Lalande, le bannissement le plus prompt. — Michel, la détention, le bannissement à la paix. — Zangiacomi fils, la détention, le bannissement quand la sûreté publique le permettra.

Meuse.

Moreau, la détention, le bannissement à la paix. — Marquis, la détention, comme otage, responsable sur sa tête des nouvelles invasions que les puissances étrangères pourraient faire sur le territoire de la République ; le bannissement au moment où les représentants du peuple croiront pouvoir sans danger exécuter cette mesure. — Tocquot, la détention, le bannissement à la paix. — Pons (de Verdun), la mort. — Roussel, la détention, le bannissement à la paix. — Bazoche, la détention. (Se rallie à la motion de Marquis, même département.) — Humbert, la détention, le bannissement à la paix, sous peine de mort. — Harmand, le bannissement immédiat.

Morbihan.

Lemaillaud, la détention, le bannissement à la paix, sous peine de mort. — Leharay, la détention, le bannissement après l’acceptation de la Constitution par le peuple. — Corbel, la détention, comme otage, sauf les mesures ultérieures. — Lequinio, la mort. — Andrein, la mort, avec la condition d’examiner s’il est expédient ou non de différer. — Gillet, la détention, le bannissement à la paix, avec sa famille. — Michel, la détention, la déportation dès que la sûreté publique le permettra. — Rouault, la réclusion, l’expulsion à la paix.

Moselle.

Merlin (de Thionville), absent par commission, — Anthoine, la mort. — Couturier, absent par commission. — Hentz, la mort. — Blaux, la détention, le bannissement à la paix. — Thirion, la mort. — Hecker, la détention perpétuelle. — Bar, la mort.

Nièvre.

Sautereau, la mort. — Dameron, la mort. — Lefiot, la mort. — Guillerault, la mort. — Legendre, la mort, — Goyre-Laplanche, la mort dans le plus bref délai. — Jourdan, la détention, le bannissement quand les représentants croiront pouvoir appliquer cette mesure sans danger.

Nord.

Merlin (de Douai), la mort. — Duhem, la mort. — Gossuin, absent par commission. — Cochet, la mort. — Fockedey, la détention, le bannissement quand le danger de la patrie n’existera plus. — Lesage-Senault, la mort, l’exécution dans vingt-quatre heures. — Carpentier, la mort — Sallengros, la mort. — Poultier, la mort dans vingt-quatre heures. — Aoust, la mort. — Boyaval, la mort. — Briez, la mort.

Oise.

Coupé, la mort. — Calon, la mort. — Massien, la mort. — Ch. Villelle, la réclusion, le bannissement à la paix. — Mathieu, la mort. — Anacharsis Cloots, la mort. — Portiez, la mort. (Se rallie à la motion de Mailhe. V. le premier nom de l’appel nominal.) — Godefroy, absent par commission. — Bezard, la mort. — Isoré, la mort. — Delamarre, la réclusion, le bannissement six mois après la paix, en énonçant toutefois que Louis, pour ses crimes, avait mérité la mort. — Bourdon, la mort.

Orne.

Dufriche-Valazé, la mort ; sursis jusqu’à ce que l’Assemblée ait prononcé sur le sort de la famille de Louis. — Lahosdinière, la mort. — Plat-Beaupré, la mort avec sursis. — Duboë, la réclusion, le bannissement à la paix ; la peine de mort si les puissances étrangères envahissaient le territoire de la République. — Dugué-Dassi, la détention, le bannissement à la paix. — Desgrouas, la mort. — Thomas, la mort, avec sursis. ~ Fourmy, la détention, la déportation à la paix sous peine de mort. — Julien-Dubois, la mort. — Colombel, la mort.

Paris.

Robespierre, la mort. Voici les passages les plus saillants de son vote motivé : «... Je me pique de ne rien comprendre aux distinctions logomachiques imaginées pour éluder la conséquence évidente d’un principe reconnu. Je n’ai jamais su décomposer mon existence politique pour trouver en moi deux qualités disparates, celle de juge et celle d’homme d’État : la première pour déclarer l’accusé coupable, la seconde pour me dispenser d’appliquer la peine. Tout ce que je sais, c’est que nous sommes les représentants du peuple envoyés pour cimenter la liberté publique par la condamnation du tyran, et cela me suffit. Je ne sais pas outrager la raison et la justice en regardant la vie d’un despote comme d’un plus grand prix que celle des simples citoyens.... Je suis inflexible pour les oppresseurs parce que je suis compatissant pour les opprimés... Je ne cherche point non plus, comme plusieurs autres, des motifs de sauver le ci-devant roi dans les menaces ou dans les efforts des despotes de l’Europe, car je les méprise tous... Je sais que le seul moyen de les vaincre, c’est d’élever le caractère français à la hauteur des principes républicains, et d’exercer sur les rois et sur les esclaves des rois l’ascendant des âmes fières et libres sur les âmes serviles et insolentes... Enfin je ne sais point opposer des mots vides de sens et des distinctions inintelligibles à des principes certains et à des obligations impérieuses. Je vote pour la mort. » — Danton, la mort. — Collot d’Herbois, la mort. — Manuel, la détention jusqu’à ce que l’intérêt public permette la déportation. — Billaud-Varenne, la mort dans vingt-quatre heures. — Camille Desmoulins, la mort. — Marat, la mort dans vingt-quatre heures. — Labicomterie, la mort. — Legendre, la mort. — Raffron, la mort dans vingt-quatre heures.Panis, la mort. — Sergent, la mort. — Robert, la mort. — Dussaulx, le bannissement à la paix. — Frêron, la mort dans vingt-quatre heures. — Beauvais, la mort. — Fabre d’Églantine, la mort. — Asselin, la mort. — Robespierre jeune, la mort. — David, la mort. — Boucher, la mort. — Laignelot, la mort.Thomas, la détention jusqu’à la paix et la mort dans le cas d’envahissement du territoire. — Égalité, la mort. Vote motivé de Philippe-Égalité : « Uniquement occupé de mon devoir, convaincu que tous ceux qui ont attenté ou attenteront par la suite à la souveraineté du peuple méritent la mort, je vote pour la mort. » (Sourde rumeur.)

Pas-de-Calais.

Carnot, la mort. Vote motivé de Carnot : « Dans mon opinion, la justice veut que Louis meure, et la politique le veut également. Jamais, je l’avoue, devoir ne pesa davantage sur mon cœur que celui qui m’est imposé ; mais je pense que, pour prouver votre attachement aux lois de l’égalité, pour prouver que les ambitieux ne vous effrayent point, vous devez frapper de mort le tyran. Je vote pour la mort. » — Duquesnoy, la mort. — Lebas, la mort. — Thomas Payne, la détention, le bannissement à la paix. — Personne, la détention, le bannissement à la paix. — Guffroy, la mort. — Eulart, la déportation. — Rollet, la mort. — Magniez, la détention, le bannissement à la paix. — Daunou, la détention, la déportation à la paix. — Varlet, la détention, le bannissement à la paix, sous peine de mort.

Puy-de-Dôme.

Couthon, la mort. — Gibergues, la mort. — Maignet, la mort. — Romme, la mort. — Soubrany, la mort — Bancal, la détention, comme otage, sous la condition de répondre sur sa tête de l’invasion du territoire par l’ennemi ; le bannissement à la paix. — Girol-Pouzol, la détention, le bannissement à la paix. — Rudel, la mort. — Blancval, la mort, — Monestier, la mort. — Dulaure, la mort. — Laloue, la mort.

Pyrénées (Hautes-).

Barère, la mort. — Dupont, la mort, avec sursis. — Gerloux, la détention, le bannissement à la paix. — Picqué, la mort, avec sursis. — Féraud, la mort. — Lacrampe, la mort.

Pyrénées (Basses-).

Sanadon, la détention jusqu’à ce que la République soit reconnue par les puissances de l’Europe ; le bannissement alors sous peine de mort. — Conte, la détention, le bannissement à la paix, sous peine de mort. — Pémartin, la détention, le bannissement à la paix. — Meillant, la détention, le bannissement après raffermissement de la République. — Caseneuve, la détention, le bannissement à la paix. — Neveux, la détention.

Pyrénées-Orientales.

Guiller, la détention, le bannissement à la paix. — Fabre, absent par maladie. — Biroteau, la mort, avec sursis. — Montégut, la mort. — Cassaniez, la mort.

Rhin (Haut-).

Rewbel, absent par commission. — Ritter, la mort. — Laporte, la mort. — Johannot, la mort. (Se rallié à la motion de Mailhe, V. le premier nom de l’appel nominal.) — Pffieger aîné, la mort. — Albert aîné, la détention, le bannissement à la paix. — Dubois, la détention, le bannissement quand la sûreté publique le permettra.

Rhin (Bas-).

Ruhl, absent par commission. — Laurent, la mort. — Bentabole, la mort. — Dentzel, absent par commission. — Louis, la mort. — Ehrman, absent par maladie. — Arbogast, la détention, le bannissement à la paix. — Christiani, la détention, le bannissement à la paix. — Simon, absent par commission.

Rhône-et-Loire.

Chasset, la détention, le bannissement à la paix. — Dupuis fils, la mort. — Vitet, la détention et le bannissement de la race des Bourbons. — Duboucher, la mort. — Béraud, la détention, le bannissement à la paix. — Pressavin, la mort. — Patrin, la détention, le bannissement à la paix. — Moulin, la mort, avec sursis. — Michel, la détention perpétuelle. — Forest, la détention, le bannissement à la paix. — Noël Pointe, la mort. — Casset, la mort. — Javoque fils, la mort. — Lanthénas, la mort ; sursis jusqu’à la paix et l’affermissement de la Constitution. Alors, abolition de la peine de mort, en exceptant Louis, si ses parents et ses prétendus amis envahissent notre territoire. — Fournier, la détention, le bannissement à la paix.

Saône (Haute-).

Gourdan, la mort. — Vigneron, la détention, le bannissement à la paix. — Siblot, la mort. (Se rallie à la motion de Mailhe. V. le premier nom de l’appel nominal.) — Chauvier, la détention, le bannissement à la paix. — Balivet, la détention, le bannissement à la paix. — Dornier, la mort. — Bolot, la mort.

Saône-et-Loire.

Gelin, la mort. — Masuyer, la détention, le bannissement à la paix avec toute sa famille. — Carra, la mort. — Guillermin, la mort. — Reverchon, la mort. — Guillemardet, la mort. — Baudot, la mort. — Berlucat, la détention perpétuelle. — Mailly, la mort. — Moreau, la mort. — Mont-Gilbert, la mort ; sursis jusqu’à la paix, moment où le peuple sera consulté ; exécution en cas d’invasion.

Sarthe.

Richard, la mort. — Grimaudière, la mort. — Salmon, la réclusion, l’expulsion à la paix. — Philippeaux, la mort ; exécution prompte. — Boutroue, la mort. — Levasseur, la mort. — Chevalier, la détention, le bannissement à la paix. — Froger, la mort. — Sieyès, la mort. (Il est faux que Sieyès ait voté la mort sans phrase. Le fameux sans phrase ne se trouve ni dans le Moniteur, ni dans le procès-verbal, ni dans les Révolutions de Paris, tous documents où les différents votes motivés sont donnés d’une manière textuelle et uniforme. Sieyès a toujours nié cette parole cruelle et sarcastique tout à la fois. Arnault se trompe quand il écrit (Souvenirs d’un sexagénaire) que le Moniteur porte : Sieyès, la mort (sans phrase), et que l’erreur vint de ce qu’on a pris pour l’appendice du vote ce qui n’était qu’une note du journaliste. Cette ingénieuse explication est un pur roman ; il n’y a rien au Moniteur ni dans aucun compte-rendu du temps. Sieyès, d’ailleurs, ne fut pas le seul qui n’ajouta aucune réflexion à son vote, et les journalistes auraient eu bien souvent à répéter cette mention singulière et d’un français douteux.) — Letourneur, la mort.

Seine-et-Oise.

Lecointre, la mort. — Haussmann, absent par commission. — Bassal, la mort. — Alquier, la mort ; sursis jusqu’à la paix. Les représentants prononceront alors définitivement ; mais, en cas d’invasion nouvelle, l’exécution immédiate. — Gorsas, la détention, le bannissement à la paix, sous peine de mort. — Audouin, la mort. — Treilhard, la mort, avec sursis. — Roi, la mort, avec sursis. — Tallien, la mort. — Hérault de Séchelles, absent par commission. — Mercier, la détention perpétuelle. — Kersaint, l’ajournement de la peine à prononcer jusqu’après la guerre ; la détention jusque-là. — Chénier, la mort. — Dupuis, la détention jusqu’à l’affermissement de la Constitution, moment où le peuple prononcera définitivement.

Seine-Inférieure.

Albitte, la mort. — Pocholle, la mort. — Hardy, la détention, le bannissement à la paix. — Yger, la détention, le bannissement à la paix. — Hecquel, la détention, le bannissement à la paix, sous peine de mort. — Duval, la détention, le bannissement à la paix. — Vincent la détention, le bannissement quand la nation le jugera convenable. — Faure, la détention pendant la guerre. — Lefebvre, la détention, le bannissement à la paix. — Blutel, la détention, le bannissement à la paix. — Bailleul, la détention. — Mariette, la détention, le bannissement à la paix. — Doublet, la détention, le bannissement après l’affermissement dé la République. — Ruault, la détention, le bannissement après l’affermissement de la République. — Bourgeois, la détention, le bannissement à la paix. — Delahaye, . la détention, le bannissement à la paix.

Seine-et-Marne.

Mauduit, la mort. — Bailly de Juilly, la détention, le bannissement deux ans après la paix. — Tellier, la mort. — Cordier, la mort. — Viquy, la détention, le bannissement à la paix. — Geoffroy jeune, là détention, la déportation à la paix, — Bernard (des Sablons), la mort, avec sursis..— Imbert, la détention, le bannissement à la paix. — Opoix, la détention, la déportation à la paix. — Defrance, la détention, le bannissement à la paix. — Bernier, là détention jusqu’à l’acceptation de la Constitution, moment où le peuple prononcera.

Sèvres (Deux-).

Lecointe-Puyraveau, la mort. — Jard-Panvilliers ; la détention, le bannissement à la paix. — Auguis, la déportation, le bannissement à la paix, sous peine de mort. — Duchaslel, le bannissement. — Dubreuit-Chambardel, la mort. — Lofficial, la détention, la déportation à la paix. — Cochon, la mort.

Somme.

Saladin, la mort. — Rivery, la détention. — Gantois, la détention, le bannissement à la paix. — Devérité, la détention, le bannissement à la paix. — Asselin, la détention, la déportation à la paix. — Delecloy, la mort, avec sursis. — Florent Louvet, la détention, le bannissement à la paix. — Dufestel, la détention, le bannissement à la paix. — Sillery, la détention, le bannissement après l’affermissement de la République. — François., la mort, — Hourier, la mort. — Martin Saint-Prix, la détention, le bannissement à la paix. — : André Dumont, la mort.

Tarn.

Lasource, la mort. — Lacombe Saint-Michel, la mort. — Soloniac, la détention, le bannissement à la paix, — Campmac, la mort. — Marvejouls, la détention, la déportation à la paix. — Daubermenil, absent par maladie. — Gouzy, la mort, avec sursis. — Rochegude, la détention, le bannissement à la paix. — Meyer, ta mort.

Var.

Escudier, la mort. — Charbonnier, la mort. — Ricord, la mort. — Isnard, la mort. — Despinassy, la mort. — Roubaud, la mort. — Antiboul, la détention. — Barras, la mort.

Vendée.

Goupilleau-Fontenay, la mort, exécution prompte. — Goupilleau-Montaigu, la mort. — Gaudin, la détention, le bannissement à la paix. — Maignen, la mort. — Fayot, la mort. — Morisson, refuse de voter. — Musset, la mort. — Girard, la détention, le bannissement à la paix. — Garos, la mort.

Vienne.

Piorry, la mort. — Ingrand, la mort.Dutrou-Bornier, la détention, le bannissement à la paix. — Martineau, la mort. — Bion, la détention, le bannissement à la paix. — Creuzé-Latouche, la détention, le bannissement à la paix. — Thibaudeau, la mort. — Creuzé-Pascal, la détention, le bannissement à la paix.

Vienne (Haute-).

Lacroix, la détention, le bannissement à !a paix. — Lesterpt-Beauvais, la mort, avec sursis. — Bordas, la détention. — Gay-Vernon, la mort. — Faye, la détention, le bannissement à la paix. — Rivaud, la détention, le bannissement à la paix. — Soulignac ; la détention, le bannissement à la paix.

Vosges.

Poulain-Grandprey, la mort, avec sursis. — Hugo, absent pour cause de maladie. — Perrin, la mort. — Noël, se récuse. — Jullien-Souhait, la mort. Il demande comme législateur que la Convention examine s’il ne serait pas utile de surseoir jusqu’à l’acceptation de la Constitution. Cette proposition est indépendante de son vote comme juge. — Bresson, la détention, le bannissement quand la tranquillité publique le permettra. — Couhey, la détention, l’exil après trois armées de paix, sous peine de mort. — Balland, la détention, le bannissement à la paix ; la mort néanmoins si le peuple le demande.

Yonne.

Maure aîné, la mort. — Lepelletier Saint-Fargeau, la mort. — Turreau, la mort.Boileau, la mort. — Précy, la mort, avec sursis. — Bourbotte, la mort. — Hérard, la mort. — Finot, la mort. — Chastelain, la détention, le bannissement à la paix.

Ain

Deydier, la mort. — Gauthier, la mort. — Royer, la détention, le bannissement à la paix. — Jagot, absent par commission. — Mollet, la détention, le bannissement quand la sûreté publique le permettra. — Merlinot, la mort.

Aisne.

Quinette, la mort. — Jean Debry, la mort. — Beffroy, la mort. — Bouchereau, la mort, avec sursis. — Saint-Just, la mort. — Belin, la détention, la mort si les puissances étrangères veulent le remettre sur le trône. — Petit, la mort. — Condorcet, la peine la plus grave ; qui ne soit pas celle de la mort. (Vote motivé de Condorcet : « Toute différence de peine pour les mêmes crimes est un attentat contre l’égalité. La peine contre les conspirateurs est la mort ; mais cette peine est contre mes principes ; je ne la voterai jamais... Je vote pour la peine la plus grave dans le code pénal, et qui ne soit pas la mort. ») — Fiquet, la réclusion, la déportation à la paix. — Lecarlier, la mort. — Loysel, la mort, avec sursis. — Dupin jeune, la peine la plus forte, qui ne soit pas celle de la mort.

Allier.

Chevalier, déclare son voeu inadmissible, parce qu’il n’a pu indiquer la peine sans la sanction du peuple, rejetée par un décret. — Martel, la mort dans vingt-quatre heures. — Petit-Jean, la mort dans vingt-quatre heures. — Forestier, la mort dans vingt-quatre heures. — Beauchamp, absent par commission. — Giraud, la mort, avec sursis comme condition expresse. — Vidalin, la mort.

Alpes (Hautes-).

Barély, la détention, l’exil à la paix. — Borel, la détention, le bannissement à la paix. — Izoard, la détention. — Serres, la détention, le bannissement à la paix. — Caseneuve, la détention, le bannissement à la paix.

Alpes (Basses-).

Verdollin, la détention, le bannissement à la paix. — Reguis, la détention, le bannissement à la paix, sous peine de mort. — Derbez-Latour, la mort. — Maisse, la mort. — Peyre, la, mort. (Se rallie à la motion de Mailhe. V. le premier nom de l’appel nominal.) — Savornin, la mort. (Se rallie à la motion de Mailhe. V. le premier nom de l’appel nominal.)

Ardèche.

Boissy d’Anglas, la détention, le bannissement quand la sûreté publique le permettra. — Saint-Prix, la mort, avec sursis. — Gamon, la mort, avec sursis jusqu’au cas où les ennemis reparaîtraient sur le territoire de la République. — Saint-Martin, la réclusion, le bannissement à la paix. — Garilhe, la détention, le bannissement à la paix. — Gleizal, la mort, avec sursis. — Coren-Fustier, la détention, le bannissement à la paix.

Ardennes.

Blondel, la détention, la mort en cas d’invasion. — Ferry, la mort. — Mennesson, la mort, avec sursis jusqu’après l’expulsion des Bourbons et jusqu’au cas où l’ennemi envahirait le territoire. Dans le cas contraire, le bannissement à la paix. — Dubois-Crancé, la mort. — Vermon, la mort, avec sursis. — Robert, la mort. — Baudin, la réclusion, la déportation à la paix. — Thierrier, la détention perpétuelle.

Ariège.

Vadier, la mort. — Clauzel, la mort. Champmartin, la mort. — Espert, la mort. — Lakanal, la mort. — Gaston, la mort.

Aube.

Courtois, la mort. — Robin, la mort.Perrin, la détention, le bannissement à la paix. — Duval, la détention, le bannissement à la paix. — Bonnemain, la détention, le bannissement à la paix. — Pierret, la détention, le bannissement à la paix. — Bouge, la détention, le bannissement à la paix. — Garnie)’, la mort. — Rabaut-Saint-Étienne, la détention, le bannissement à la paix.

Aude.

Asema, la mort. — Bonnet, la mort. — Ramel, la mort. — Tournier, la détention, le bannissement à la paix. — Marragon, la mort. — Periès jeune, la détention, le bannissement à la paix. — Morin, la détention, le bannissement à la paix, sauf les mesures ultérieures, même la peine de mort en cas d’invasion. — Girard, la mort.

Aveyron.

, la mort. — Saint-Martin Valogne, la détention, le bannissement à la paix. — Lobinhès, la détention, le bannissement à la paix. — Bernard Saint-Affrigue, la détention.Camboulas, la mort. — Seconds, la mort. — Joseph Lacombe, la mort. (Se rallié à la motion de Mailhe. V. le premier nom de l’appel nominal.) — Louchet, la mort dans le plus bref délai. — Izarn-Valady, la détention.

Bouches-du-Rhône.

Jean Duprat, la mort. — Rebecqui, la mort. — Barbaroux, la mort. — Granet, la mort dans les vingt-quatre heures.— Durand-Maillane, la détention, le bannissement à la paix, sous peine de mort. — Gasparin, la mort.Moyse-Bayle, la mort dans vingt-quatre heures. — Baille, la mort. — Rovère, la mort.Duperret, la réclusion, le bannissement à la paix. — Pélissier, la mort. — Laurent, la mon.

Calvados.

Fauchet, la détention, le bannissement à la paix. — Dubois-Dubois, la mort, avec sursis. — Lomont, la détention, la déportation à la paix. — Henri Larivière, la détention, l’exil à la paix. — Bonnet, la mort. (Se rallie à la motion de Mailhe. V. le premier nom de l’appel nominal.) — Vardon, la détention, le bannissement à la paix. — Doulcet (Pontécoulant), la détention, le bannissement, à la paix. — Taveau, la mort, avec sursis. — Joueune, la mort. (Se rallie à la motion de Mailhe. V. le premier nom de l’appel nominal.) — Dumont, la détention, le bannissement à la paix. — Legot, la détention, le bannissement à la paix. — Cussy, la détention, le bannissement à la paix. — Delleville, la détention, le bannissement à la paix.

Cantal.

Thibault, la détention, le bannissement à la paix. — Milhaud, la mort dans vingt-quatre heures. — Mejansac, la détention, le bannissement à la paix. — Lacoste, la mort dans vingt-quatre heures. — Carrier, la mort. — Joseph Mailhe, absent par maladie. — Chabanon, la détention, le bannissement à la paix. — Peuvergue, la détention, le bannissement à la paix.

Charente.

Bellegarde, la mort. — Guimberteau, la mort. — Chazaud, la mort. — Chedaneau, la mort, avec sursis. — Ribereau, la mort.Devars, la détention, le bannissement à la paix. — Brun, la mort. — Crevelier, la mort dans les vingt-quatre heures. — Maulde, la détention perpétuelle.

Charente-Inférieure.

Bernard, la mort. — Bréard, la mort. — Eschasseriaux, la mort. — Niou, la mort. — Ruamps, la mort. — Garnier, la mort. — Dechezeaux, la détention, le bannissement quand la tranquillité publique le permettra. — Lozeau, la mort. — Giraud, la détention, le bannissement à la paix. — Vinet, la mort. — Dautriche, la détention jusqu’à la paix, sauf les mesures ultérieures.

Cher.

Alasseux, la détention, le bannissement a la paix. — Foucher, la mort. — Beaucheton, la détention, le bannissement à la paix.Fauvre-Labrunerie, la mort. — Dugenne, la détention, le bannissement à la paix.Pelletier, la mort,

Corrèze.

Brival, la mort dans le plus bref délai. — Borie, la mort. — Chambon, la mort. — Bidon, la mort. (Se rallie à la motion de Mailhe. V. le premier nom de l’appel nominal.) — Lanot, la mort dans les délais de la loi.Pénière, la mort. Il demande pour l’avenir l’abolition de la peine de mort. — Lafon, se récuse.

Corse.

Salicetti, la mort. — Chiappe, la détention, la déportation à la paix. — Casa-Bianca, la détention. — Andrei, la réclusion. — Bosio, la détention, le bannissement à la paix.Mottedo, la détention pendant la guerre.

Côte-d’Or.

Basire, la mort. — Guyton-Morveau, la mort. — Prieur, la mort. — Oudot, la mort. — Florent-Guyot, la mort. — Lambert, la détention, le bannissement à la paix. — Marey jeune, la détention, l’expulsion quand les despotes coalisés auront reconnu la République. — Trullard, la mort. — Rameau, le bannissement perpétuel. — Berlier, la mort.

Côtes-du-Nord.

Couppé, la détention, le bannissement à la paix. — Champeaux, la détention pendant la guerre, l’expulsion à la paix, sous peine de mort. — Gautier jeune, la détention perpétuelle. — Guyomard, la détention, le bannissement à la paix. — Fleury, la détention, le bannissement à la paix. — Girault, la détention, le bannissement à la paix. — Loncle, la mort. — Gondelin, la détention, le bannissement à la paix, sauf, en cas d’invasion, à faire tomber sa tête si le peuple le demande.

Creuse.

Huguet, la mort. (Se rallié à la motion Mailhe. V. le premier nom de l’appel nominal.) — Debourges, s’abstient de voter, ne croyant pas avoir reçu le pouvoir d’être juge. — Coulissons-Dumas, la réclusion. — Guyès, la mort. — Jaurand, la détention, le bannissement à la paix. — Baraillon, la détention, le bannissement contre tous les Bourbons. — Texier, la mort.

Dordogne.

Lamarque, la mort. — Pinet aîné, la mort. — Lacoste, la mort. — Roux-Fasillac, la mort. — Taillefer, la mort. — Peyssard, la mort.Cambert, la mort. — Allafort, la mort.Meynard, la détention. — Bouquier aîné, la mort.

Doubs.

Quirot, la réclusion, le bannissement à la paix. — Michaud, la mort. — Seguin, la détention, le bannissement à la paix. — Monnot, la mort. — Vernery, la mort. — Besson, la mort,

Drôme.

Julien, la mort. — Sauteyra, la mort. — Gerente, la détention, la déportation à la paix. — Marbos, la détention. — Boisset, la mort. — Calaud-Lasalcette, la détention, le bannissement à la paix, la mort en cas d’invasion. — Jacomin, la mort. —Fayolle, la détention, le bannissement à la paix. — Martinet, la détention, le bannissement à la paix.

Eure.

Buzot, la mort. (Se rallie à la motion de Mailhe. V. le premier nom de l’appel nominal.) — Duroy, la mort ; exécution sur-le-champ. — Lindet, la mort. — Richoux, la détention, le bannissement à la paix. — Lemaréchal, la détention, le bannissement à la paix. — Topsent, absent par maladie. — Fouillerot, la mort. — Vallée, la détention jusqu’à la reconnaissance de la République par l’Europe, l’expulsion à la paix ; néanmoins, la mort dans le cas où les ennemis pénétreraient sur le territoire. — Savary, la détention jusqu’à la paix. — Dubusc, la détention, le bannissement quand la sûreté publique l’exigera. — Robert Lindet, la mort.

Eure-et-Loir.

Lacroix, la mort. — Brissot, la mort, avec sursis. — Pêtion, la mort. (Se rallie à la motion de Mailhe. V. le premier nom de l’appel nominal.) — Giroust, la réclusion. — Lesage, la mort. (Se rallié à la motion Mailhe. V. le premier nom de l’appel nominal). — Loiseau, la mort. — Bourgeois, absent par maladie.Chasles, la mort. — Fremenger, la mort.

Finistère.

Bohan, la mort. — Blad, la mort, avec sursis. — Guezno, la mort. — Marec, la détention, le bannissement à la paix. — Queinec, la détention, le bannissement à la paix.Kervélégan, la détention, le bannissement à la paix. — Guermeur, la mort. — Gommaire, la détention, le bannissement à la paix.

Gard.

Leyris, la mort. — Bertezène, la mort, avec sursis. — Vouland, la mort. — Jac, la mort, avec sursis. — Aubry, la mort, avec sursis. — Balla, la détention, le bannissement quand la sûreté publique le permettra. — Rabaud-Pommier, la mort, avec sursis. — Chazal fils, la mort. (Se rallie à la motion Mailhe. V. le premier nom de l’appel nominal.)

L’appel nominal se termina le 17 à huit heures du soir ; il avait duré vingt-quatre heures sans désemparer. Pendant le recensement des votes, on apporte une lettre du chargé d’affaires d’Espagne. (Il s’agissait de propositions pour sauver le roi ou du moins pour obtenir un délai.) Après quelques paroles brèves et hautaines de Danton sur l’audace d’une puissance qui ne craint pas de prétendre exercer son influence sur les délibérations de la Convention, après une proposition de Gensonné, qui considère comme injurieuse toute intervention dans les affaires particulières de la République, l’Assemblée passe unanimement à l’ordre du jour en refusant la lecture de la dépêche.

Un député, Duchatel, malade et la tête enveloppée, vient apporter un nouveau suffrage pour l’indulgence. Il vote pour le bannissement.

Résultat du troisième appel nominal :

L’assemblée est composée de…….. 749 membres
Absents par commission………….. 15
Absents par maladie……………… 8 total : 28
Non votants…………………….. 5

Nombre restant…………………721 membres

La majorité absolue est de… 361 membres

Deux ont voté pour les fers (Condorcet et Dupin de l’Aisne)………… 2 membres

Pour la détention, le bannissement, la réclusion, la mort conditionnelle, etc. 256

Pour la mort avec sursis………………..46

Pour la mort…………………………361 total 387

Pour la mort, en demandant avec Mailhe une discussion sur le point de savoir s’il conviendrait à l’intérêt public qu’elle fût ou non différée ; mais en déclarant leur vote indépendant de cette demande…………………… 26

Total…………………………721 membres

Résumé :

Pour la mort sans condition…………….. 387 membres
Pour la détention, les fers, le bannissement, la mort conditionnelle, etc…………………….334
Absents et non votants…………………..28
Total…………………………..749 membres

Le président ('avec l’accent de la douleur)  : Je déclare, au nom de la Convention nationale, que la peine qu’elle prononce contre Louis Capet est la mort.

L’Assemblée entend ensuite dans le plus grand silence les dernières réclamations des défenseurs de Louis, rejette l’appel à la nation que ce dernier prétend opposer au jugement, et ajourne au lendemain la discussion sur la question de savoir si l’exécution sera différée, conformément à la proposition de Mailhe.

Cette séance mémorable avait duré trente-six heures. La question du sursis ne fut réglée que dans la nuit du 19 au 20, après d’orageuses délibérations. Voici le résultat du quatrième appel nominal qui eut lieu à ce sujet. Il y eut 690 votants (le reste absent par commission, maladie, non votants, etc.).

Pour le sursis…………….310
Contre le sursis…………….380
Total…………….690

La Convention rejette le sursis.

[Les parties essentielles des délibérations qui précèdent sont textuellement conformes aux procès-verbaux. On n’a résumé que ce qui aurait grossi démesurément cet article, déjà si long, sans offrir aucun intérêt pour les recherches.]

Louis XVI au Temple (JOURNAL DE LA CAPTIVITÉ DE), connu également sous le nom de Journal de Cléry, par J.-B. Cant Hanet Cléry, valet de chambre de Louis XVI (Londres, 1798, in-8o). Le journal de Cléry eut à son apparition une certaine vogue ; il fut exploité par les passions réactionnaires, et coopéra beaucoup à la légende du roi martyr. Voici quel est le préambule du livre : « J’ai servi pendant cinq mois le roi et son auguste famille dans la tour du Temple, et, malgré la surveillance des officiers municipaux qui en étaient les gardiens, j’ai pu cependant, soit par écrit, soit par d’autres moyens, prendre quelques notes sur les principaux événements qui se sont passés dans l’intérieur de cette prison. En classant ces notes en forme de journal, mon intention est plutôt de fournir des matériaux à ceux qui écriront l’histoire de la fin malheureuse de l’infortuné Louis XVI, que de composer moi-même des mémoires : je n’en ai ni le talent ni la prétention. Seul témoin continuel des traitements injurieux qu’on a fait souffrir au roi et à sa famille, je puis seul les écrire et en attester l’exacte vérité ; je me bornerai donc à présenter les faits dans tous leurs détails, avec simplicité, sans aucune réflexion et sans partialité. Je commencerai donc ce journal à l’époque du 10 août 1792, jour affreux où quelques hommes renversèrent un trône de quatorze siècles, mirent leur roi dans les fers et précipitèrent la France dans un abîme de malheurs. »

La fidélité est une vertu ; nous ne blâmerons donc pas ce serviteur fidèle. Il a vu les événements sous un jour faux, mais il ne lui était pas possible de les voir autrement. Il était témoin de mesures rigoureuses qu’il ne pouvait apprécier, et il ne lui était pas loisible de remonter des effets aux causes. Son injustice pour la Révolution, qu’il ne comprend pas, lui, le serviteur d’un monarque, n’a rien qui nous surprenne ; elle ne nous empêche pas de voir que le narrateur n’a jamais inventé ou calomnié, ce que les écrivains royalistes ne se gênaient pas de faire, à cette époque, pour la plus grande gloire de leur parti. Il est partial, et c’était inévitable, mais il n’est pas haineux. Les souffrances de gens qu’il était habitué à vénérer lui paraissent, pour la nation, des crimes inexpiables : son entendement ne va pas au delà.

Ce brave serviteur n’a vu en Louis XVI qu’un homme malheureux et opprimé, tandis que la Révolution, en le frappant, croyait frapper en lui quatorze siècles de tyrannie. Comme homme, on peut plaindre Louis XVI ; comme roi, on ne saurait l’absoudre qu’avec la foi d’un aveugle. C’est le cas de Cléry, qui a raconté avec simplicité et d’une manière touchante les épreuves et les malheurs de la famille royale jusqu’à la mort de Louis XVI. Sa relation est exacte et sans prétention.

Louis XVI (règne de), par M. J. Droz (1839-1842, 2 vol. in-8o). L’auteur n’a voulu écrire l’histoire de ce règne que « pendant les années où l’on pouvait prévenir ou diriger la Révolution française. » Tel est le cadre qu’il s’était tracé à l’avance, et l’on a lieu de le regretter ; car, abandonnant Louis XVI à la clôture de l’Assemblée constituante, il s’est ainsi privé d’achever la leçon si dramatique et si terrible que l’histoire lui fournissait. On n’est pas libre d’arrêter l’histoire où l’on veut. Puisque M. Droz reculait devant la seule narration des faits qui ont suivi, que ne nous expliquait-il, du moins, par quelle déplorable série de fautes le roi, la noblesse et le clergé ont précipité une révolution, que, suivant M. Broz, ils pouvaient prévenir ou diriger vers le bien commun ; comment, au lieu de la modérer, ils l’ont aigrie, irritée et rendue furieuse ?

En acceptant l’ouvrage de M. Droz tel qu’il l’a conçu, on doit reconnaître que nul historien n’a mieux compris et expliqué le caractère de Louis XVI, mieux louvoyé entre les deux versions qui en font un traître ou un martyr. M. Broz, tout en rendant justice à ses bons instincts, condamne sa faiblesse et le juge impartialement. Que de ressources, pendant tout son règne, le monarque n’a-t-il pas eues sous la main, ressources qu’il a toutes laissé échapper par l’incertitude éternelle de son esprit. Pour prévenir la Révolution, il a eu Turgot et Malesherbes ; il a eu Necker, qui, s’il n’était pas un génie politique, savait du moins réparer le désordre des finances, et qui, pendant son premier ministère, lui fournit les moyens de soutenir et d’achever une guerre glorieuse sans écraser le peuple. Il n’y a pas jusqu’à ce ministre léger et dissipateur, si fatal d’ailleurs à la France, le contrôleur général Calonne, que la justesse naturelle de son esprit n’ait fini par ramener aux idées de réforme, dans lesquelles seules était alors le salut de la monarchie. Louis XVI commençait toutes les réformes par justice et les laissait toutes inachevées par indolence, irritant la passion d’innover sans la satisfaire, faisant entrevoir le bien sans l’opérer, ne touchant d’une main aux abus que pour les rendre insupportables de l’autre. Pour prévenir la Révolution, Louis XVI n’avait su rien faire de Malesherbes, de Turgot, de Necker ; pour la diriger, il eut, l’un après l’autre, et non moins inutilement, les premiers constitutionnels, Mounier, Malouet, Lally, et, après ceux-ci, Mirabeau, après Mirabeau, Barnave et les Lameth, La Fayette enfin. Rien d’écrasant, pour la cause de Louis XVI, comme cette exposition de son incapacité, qui croît à mesure que les événements, chaque jour aggravés, exigent une intelligence plus active. Même dans le point de vue spécial auquel il a plu à M. Droz de se placer, son livre reste un bon livre ; il montre comment s’est perdue irrévocablement, en France, la cause de la royauté.

Louis XVI, par M. de Falloux (1840). Ce livre est moins une histoire qu’une homélie et un pamphlet : homélie, quand il célèbre les vertus du roi martyr ; pamphlet, lorsqu’il touche aux grands hommes et aux grandes choses de la Révolution. C’était le début de l’auteur qui s’est rarement montré plus maladroit dans ses apologies. « Le souvenir de Louis XVI, dit-il, ne reste confié désormais qu’à l’histoire de la Révolution qui l’immola. Cela est-il juste ? » Répondant négativement, M. de Falloux se pose en historiographe posthume ; il prend Louis XVI à sa naissance et l’accompagne jusqu’à l’échafaud, plus loin même, jusqu’à son exhumation en 1815. Son livre, qui implique la condamnation de la Révolution de 1789 et de ses principes, est un manifeste réactionnaire sous une forme élégiaque. Louis XVI est un agneau sans tache, la Révolution de 1789 un bourreau, un assassin, et tous les malheurs qu’elle a entraînés sont la faute de Voltaire et de Rousseau. Un procès de tendance est fait, à ce sujet, aux philosophes et à l’Encyclopédie, procès absolument déplacé ; car, si les grands principes de la Révolution ont été posés par les philosophes, la mort de Louis XVI ne fut qu’un accident tout à fait indépendant de ces principes. Nous n’analyserons pas ce livre, dont il nous faudrait réfuter chaque page ; notre impartialité nous obligeait seulement à le mentionner.

Louis XVI (journal de), publié par M. Nicolardot (Paris, 1873). C’est un cahier de notes intimes peu fait pour relever dans l’estime publique le prestige de ce prince. M. Nicolardot, cet ennemi passionné de Voltaire, ce partisan déclaré de la monarchie et du cléricalisme, en dépit de son culte pour Louis XVI, n’hésite point à avouer qu’il connaissait mal l’orthographe ; mais ce n’est point tout. Dans ce journal, écrit régulièrement tous les jours, Louis XVI consigne tout ce qui l’a frappé et intéressé depuis le matin, et rien n’est plus étrange, plus puéril, rien ne donne une plus triste idée de l’homme qui tenait entre ses mains, à une pareille époque, les destinées de la France. « Ce qui le frappe, dit un écrivain, c’est le nombre de révérences qui lui ont été faites à propos de la mort de sa belle-mère Marie-Thérèse ; ce qui l’intéresse, c’est le résultat de ses chasses au gros ou au petit gibier. Un soir, — et quelque grave événement s’était peut-être passé dans la journée, — il écrit tristement : « Rien. Pas chassé. » Tout lui était bon pourtant pour ses coups de fusil. Entre la digestion du déjeuner et l’appétit du dîner, il tuait plus de « deux cents hirondelles, » et il notait cet exploit avant de se mettre au lit pour s’endormir dans la conscience d’une journée bien remplie. C’est le Titus des chasseurs sauvages, et rien de plus.