Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/LOUIS VI, dit le Gros, roi de France

Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 2p. 699).

LOUIS VI, dit le Gros, roi de France, né vers 1078, mort en 1137. Il fut associé à la royauté par son père Philippe Ier, en 1100, et devint seul roi en 1103. Le domaine royal, à cette époque, se composait seulement de l’Île-de-France et d’une partie de l’Orléanais ; et encore s’en fallait-il de beaucoup que ce petit pays fût entièrement soumis à l’autorité royale. Aussi la vie tout entière de Louis se consuma-t-elle dans des guerres continuelles contre les seigneurs de son étroit domaine, qui infestaient les routes, rançonnaient les voyageurs, et exerçaient leurs brigandages jusqu’aux portes de Paris. Pendant ces luttes contre les barons, Louis s’engageait aussi dans une guerre contre Henri Ier, roi d’Angleterre, à qui il voulait enlever la Normandie. Battu à Brenneviîle (1119), il signa la paix. Il repoussa ensuite une invasion de l’empereur Henri V, que le roi d’Angleterre avait armé contre la France (1124), donna la Flandre à Guillaume de Cliton (1127), convoqua un concile à Étampes (1130) au sujet de la rivalité des deux papes Innocent II et Anaclet, se prononça pour le premier et vit ses États mis en interdit (1134). Ce roi avait montré une grande activité et laissait la royauté beaucoup plus puissante qu’au commencement de son règne. C’est à cette époque qu’éclata dans les villes le mouvement révolutionnaire des communes. Louis n’affranchit pas les communes dans le sens absolu du mot, comme on s’est plu à le répéter ; il confirma seulement, par des chartes qu’il faisait chèrement payer, les franchises municipales déjà conquises sur les seigneurs par quelques cités de son domaine ; encore fit-il plusieurs fois la guerre à des communes pour leur enlever ces libertés. Cependant il faut reconnaître que l’ensemble de sa politique fut favorable à cette émancipation, par ses luttes contre la féodalité et par la nécessité où il se trouvait de s’appuyer sur le tiers état grandissant. Ce prince eut pour ministre le sage Suger. Ce fut sous son règne qu’on vit paraître pour la première fois l’oriflamme dans les armées royales. De son mariage avec Adélaïde de Savoie, qui, après sa mort, se remaria avec le connétable Matthieu de Montmorency, il avait eu sept fils et une fille. Les deux aînés étaient Philippe, associé à la couronne, mort par accident en 1131, et Louis, qui devint roi sous le nom de Louis VII.