Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/LOUIS Ier, le Débonnaire ou le Pieux, roi des Francs et empereur d’Occident, fils de Charlemagne

Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 2p. 720).

LOUIS Ier, le Débonnaire ou le Pieux, roi des Francs et empereur d’Occident, fils de Charlemagne, né à Casseneuil (Agenois) en 778, mort en 840. Il n’avait que trois ans lorsque son père l’emmena à Rome pour le faire sacrer par le pape roi d’Aquitaine. Jeune encore, il conduisit plusieurs expéditions contre les Arabes et les Vascons et resta dans son royaume jusqu’à l’époque où il fut associé à l’empire (813). L’année suivante, Charlemagne étant mort, l’immense fardeau de l’empire tomba entre les mains débiles de Louis. Son premier acte fut juste et sage : il permit aux Saxons transportés par Charlemagne de rentrer dans leur patrie, ce qui lui gagna le cœur de ces exilés. Mais Louis était plus occupé de réformes ecclésiastiques que des affaires de l’État, et la décadence de l’empire de Charlemagne commençait déjà : toutes les nations dont il se composait essayèrent de briser le joug ; toutefois, ces révoltes furent réprimées. En 817, Louis partagea l’empire entre ses trois fils, Pépin, Louis (le Germanique), et Lothaire. Mais, s’étant remarié depuis et ayant eu un quatrième fils, Charles le Chauve, il voulut, afin de le doter, revenir sur le partage (823) : ses trois fils se révoltèrent et l’enfermèrent dans un couvent ; la diète de Nimègue le rétablit sur son trône. Une seconde fois, il est renversé (833) et rétabli de nouveau. Il mourut six ans après (840), dans une île du Rhin, du chagrin que lui causa une nouvelle rébellion de son fils Louis le Germanique. L’unité de l’empire mourut avec lui : Lothaire lui succéda comme empereur, et Charles le Chauve comme roi de France. Ce règne n’avait été qu’une suite de dissensions intestines et de guerres mêlées aux ravages continuels des Sarrasins et des Normands. Louis le Débonnaire fut un des principaux fondateurs de cette puissance des papes contre laquelle se débat encore le monde moderne, en souffrant qu’ils prissent possession, en 840, du souverain pontificat sans attendre sa confirmation. Pasquier, dans ses Recherches, fait la remarque suivante, qui donne bien le sens qu’on doit attacher à cette épithète de Débonnaire : « Les Italiens, qui en s’agrandissant de nos dépouilles ne furent chiches de belles paroles, voulurent attribuer ceci à piété, et pour cette cause l’honorèrent du mot latin Pius, et les sages mondains de notre France, l’imputant à un manque et faute de courage, l’appellèrent le Débonnaire, couvrant sa pusillanimité du nom de débonnaireté. Sur ce propos, il me souvient que le roi Henri III disoit en ses communs devis, qu’on ne pouvoit lui faire plus grand dépit que de le nommer le Débonnaire, parce que cette parole impliquoit sous soi je ne sçai quoi du sot. »