Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/LOUIS (Antoine), célèbre chirurgien français

Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 2p. 722).

LOUIS (Antoine), célèbre chirurgien français, né à Metz en 1723, mort à Paris en 1792. Il suivit la carrière médicale, malgré la résistance des jésuites qui l’avaient élevé et voulaient accaparer cette belle intelligence au profit de leur ordre. Son père, chirurgien en chef de l’hôpital militaire de Metz, fut son premier maître dans l’art de guérir. Dès l’âge de vingt et un ans, Antoine-Louis était employé dans les armées en qualité de chirurgien-major de régiment. La Peyronie, ayant entendu parler de lui, le fit venir à Paris, et lui proposa une place avantageuse de gagnant maîtrise à la Salpêtrière. Précisément une de ces places devint vacante. Un concours s’ouvrit ; Louis, aimant mieux devoir son avenir à son mérite qu’aux protections, se mit sur les rangs et fut nommé. À peine entré dans cet hôpital, il attira sur lui l’attention de la Société de chirurgie en remportant plusieurs des divers prix qu’elle avait proposés. Aussi la docte assemblée l’appela-t-elle vite dans son sein. Dès ce jour il prit une part très-active à toutes les discussions, entre autres à celles que suscita entre les médecins et les chirurgiens de Paris la fameuse déclaration de 1743 sur l’enseignement de la chirurgie. Bien qu’installé depuis cinq ans à la Salpêtrière, il voulut passer en 1749 sa thèse latine pour la maîtrise, conformément aux nouveaux règlements. Appelé l’année suivante à la chaire de physiologie au collège de chirurgie de Paris, il y professa pendant plus de quarante ans. En 1757, il entra à la Charité comme chirurgien adjoint ; mais il eut dans ces fonctions de tels déboires, qu’il résolut de rentrer dans la médecine militaire. Il demanda en conséquence et obtint un brevet de chirurgien-major consultant à l’armée du Rhin. Atteint d’une maladie grave à Cassel, il alla rétablir sa santé à Montpellier, puis, à son retour à Paris, il fut nommé prévôt du collège de chirurgie, et en 1763, après la conclusion de la paix, il se consacra tout entier à ses travaux scientifiques et littéraires. Élu en 1764, après Morand, secrétaire perpétuel de l’Académie royale de chirurgie, il publia à cette époque ses plus beaux mémoires ; mais ces œuvres ayant été à plusieurs reprises l’objet de critiques violentes, il en conçut un tel dégoût que, pendant dix-huit ans, c’est-à-dire jusqu’à sa mort, il refusa de faire paraître la suite tant attendue de ces mémoires. Louis était doué d’une grande perspicacité, d’un excellent jugement et d’une vaste et solide érudition. Tous se3 écrits sont remarquables par l’élégance du style et la solidité du fond. Ses éloges historiques sont restés comme des modèles du genre. Outre des articles et des mémoires insérés dans le Recueil de l’Académie de chirurgie, dans le Journal de médecine, dans le Dictionnaire de chirurgie, on lui doit de nombreux écrits, dont les principaux sont : Cours de chirurgie pratique sur les plaies par armes à feu (Paris, 1746) ; Observations sur l’électricité (Paris, 1747) ; Essai sur la nature de l’âme (Paris, 1747) ; Réfutation d’un mémoire sur la subordination des chirurgiens aux médecins (1748) ; Observation et remarque sur les effets du virus cancéreux (Paris, 1749) ; Lettre sur la méthode de tailler les femmes (Paris, 1749) ; Lettre sur la certitude des signes de la mort (Paris, 1752) ; Lettres sur les maladies vénériennes (1754) ; Parallèle des différentes méthodes de traiter les maladies vénériennes (1755) ; Mémoire sur une question anatomique relative à la jurisprudence, dans lequel on établit les principes pour distinguer, à l’inspection d’un corps trouvé pendu, les signes du suicide d’avec ceux de l’assassinat (1763) ; Mémoire contre la légitimité des naissances prétendues tardives (1764) ; Discours sar les loupes (1765) ; Recueil d’observations d’anatomie et de chirurgie (1768) ; les Aphorismes de Boerhaave commentés par Van Swieten, traduits par Louis (1768, 8 vol. in-12) ; Dictionnaire de chirurgie (1772, 2 vol. in-12) ; Précis sur l’histoire, les effets et l’usage de la saignée (Amsterdam, 1778) ; Consultation relative à un parricide (1786) ; Œuvres diverses de chirurgie (1788, 2 vol. in-12), etc.