Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/LORRAINE (Charles V, duc DE), fils du précédent

Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 2p. 686).

LORRAINE (Charles V, duc DE), fils du précédent, né en 1643, mort en 1690. Devenu par le décès de son frère seul et légitime héritier de la couronne de Lorraine, il se vit dépouillé de ses droits par la conclusion du traité de Montmartre et la cession faite par Charles IV, son oncle, à Louis XIV (1662). 11 vint à Paris pour protester ; mais on lui intima l’ordre de quitter le royaume sous quatre jours. Dès lors, il voua une profonde haine à la France. Après avoir sollicité et obtenu de Léopold Ier un régiment, il prit part au passage du Raab, à la bataille de Saint-Gothard, se signala dans la guerre de Hongrie, puis rejoignit les impériaux dans les Flandres et fut blessé à la bataille de Senef. En 1G75, il prit le titre de duc de Lorraine, sous lequel il fut reconnu par toutes les puissances européennes, sauf la France. Nommé généralissime des troupes impériales, Charles V s’empara de Philippsbourg. Il espérait reconquérir promptom’ent ses États ; Créqui refusa tout engagement sérieux, le laissa s’épuiser dans des escarmouches et aux sièges de quelques villes, et réduisit Fribourg à capituler. Rappelé à Vienne, le duc de Lorraine épousa l’archiduchesse Éléonore d’Autriche, reine douairière de Pologne, et fut chargé du’gouvernement du Tyrol. La paix de Niniègue vint couper court à toutes ses velléités belliqueuses. Il refusa, il est vrai, de démembrer ses États, ainsi que le demandait Louis XIV ; mais il consentit à licencier ses soldats lorrains et prit l’engagement de ne plus porter les armes contre la France. Vers cette époque, l’invasion des Turcs en Autriche mit l’Europe chrétienne à deux doigts de sa perte. Le duc de Lorraine se porta à la rencontre des envahisseurs, opéra sa jonction avec Sobieski et prit une part glorieuse à la bataille devienne. Fier du succès de ses armes, Léopold voulut recommencer la guerre contre la France ; Charles V combattit ce projet de toutes ses forces, mais son opposition ne fut point prise en considération. Mis il la tète des armées autrichiennes en 1GS9, il prit Mayence et Bonn. L’année suivante, il se préparait à une nouvelle campagne lorsqu’il fut emporté par une courte maladie.

Ce prince, au dire de ses biographes, possédait au plus haut degré les solides qualités qui constituent le capitaine heureux et le profond politique : l’esprit judicieux, la modestie, l’ordre, la prudence et la promptitude de décision. Eu apprenant sa mort, Louis XIV prononça ces paroles flatteuses pour le caractère du duc de Lorraine. < Je viens tle perdre le plus grand, le plus sage et le plus généreux de nies ennemis. »