Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/LORRAINE, ancienne division administrative de la France

Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 2p. 686).

LORRAINE, ancienne division administrative de la France, au N.-E., formée en 1766, et située entre le Luxembourg et l’électorat de Trêves au N., le bas Palatinat et le duché de Deux-Ponts, au N.-E., l’Alsace à l’E., la Franche-Comté au S. et la Champage à l’O. Ch.-l., Nancy. Cette province comprenait plusieurs pays annexés à la France à différentes époques : 1" le duché de Lorraine, réuni à la France après la mort de Stanislas Leczinski, en 1766 ; 20 le Barrois ou duché de Bar, légué à Louis XI par René d’Anjou, en 1481 ; 3U les trois évêchés de Metz, Toul et Verdun, conquis par Henri II, en 1552, et assurés à la France par le traité de Westphalie (1643J ; 4° le Luxembourg français, cédé par l’Espagne dans le traité des Pyrénées (1659) ; 5° la Lorraine allemande, ou pays de la Sarre, cédée par le traité d’Utrecht (1713) ; 0° le duché de Bouillon, enlevé par Louis XIV à l’évêque de Liège. Tous ces pays,

3ui constituaient un grand gouvernement ans l’ancienne division de la France, ont formé les quatre départements de la Meuse, de la Moselle, de la Meurthe et des Vosges. Par le traité de Francfort (mai 1871), une partie de la Lorraine a été cédée à la Prusse. Cette partie a été prise dans les départements de la Meurthe et de la Moselle, dont les débris ont été réunis en un seul département, appelé Meurthe-et-Moselle.

Lorraine à la Franco (LA RÉUNION DE Là), par M. le comte d’Haussonville (Paris, 1S54-1859,4 vol. in-S°). Dans cet ouvrage, l’auteur a entrepris de raconter l’histoire des négociations qui ont amené la réunion de la Lorraine à la France. M. d’Haussonville n’a rien négligé pour élargir un sujet où l’intérêt local semblait devoir restreindre le terrain et l’occuper tout entier, à Nous avons tâché,

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dit-il, sans négliger absolument les événements généraux de l’histoire de Lorraine, de mettre surtout en relief les incidents delà lutte qui a précédé l’incorporation de la Lorraine à la France, lutte soutenue avec persévérance contre les rois de France par une race de princes illustres, qui n’ont quitté leurs États héréditaires que pour monter sur le trône de l’Autriche. Nous nous sommes principalement appliqué à préciser la série des faits que la prudence des conteurs contemporains a quelquefois préféré taire, ou que leur passion a quelquefois dénaturés. » Tel est le but que s’est proposé l’auteur et qu’il a parfaitement atteint. Il s’est chargé de résumer lui-même son ouvrage en quelques lignes excellentes : « La Lorraine, cédée en 1737 au roi Stanislas, a été définitivement réunie à la France en 1768 ; mais cette réunion, accomplie par Louis XV, avait été préparée par ses prédécesseurs. Vainqueur de la Ligue, Henri IV s’empressa de donner sa sœur à l’héritier du roi Charles III. Cette alliance rompue par la mort de Catherine, il prit soin d’arranger le mariage du dauphin, encore enfant, avec la fille aînée du duo Henri. Louis XIII, devenu maître de son royaume par la défaite des grands et par la prise de La Rochelle, revendiqua le Barrois faute d’hommage, envahit deux fois la Lorraine et démantela toutes celles des places qu’il ne put retenir. Louis XIV, poussantplus loin la même politique, arracha au duc Charles IV la cession de son duché, s’en empara bientôt après, et, malgré les efforts de 1 Europe coalisée, le garda pendant la plus longue partie de son règne. Ainsi tour à tour occupée de vive force, ou momentanément rendue à ses souverains légitimes, la Lorraine n’a jamais cessé d’être, soit le théâtre des entreprises violentes des rois de France, soit l’objet de leurs incessantes négociations, et l’on peut dire que la paix elle-même ne lui a pas été moins funeste que la guerre. » Tel est le début du livre et son analyse succincte ; mais, avant d’entrer dans la partie essentielle de son sujet, l’auteur croit nécessaire de consacrer quelques pages au théâtre de la lutte qu’il va raconter. Il résume à grands traits l’histoire des ducs de Lorraine depuis leurs premiers démêlés avec les ducs de Bourgogne jusqu’aux troubles de la Ligue, qui préparent le conflit suprême qui né se ■terminera qu’avec l’existence de la Lorraine comme royaume indépendant, lorsqu’elle fut définitivement réunie à la France.

M. d’Haussonville a consulté autant !e témoignage des historiens français que celui des chroniqueurs locaux, ainsi que la collection des dépêches des ministres français et de leurs agents en Lorraine, qui forme plus de quatre-vingts volumes in-folio ; c’est assez dire qu’il n’a rien négligé pour arriver à la vérité. Il l’a exposée clairement, sobrement, dans un style élégant, que relèvent de temps en temps des traits d’esprit du meilleur aloi ; l’histoire de nos provinces, comprise comme l’a entendue M. le comte d’Haussonville, étend singulièrement l’horizon de l’histoire générale, et l’auteur, en reprenant, pour en montrer l’importance, un sujet jusqu’ici abandonné à l’érudition locale, a indiqué à la science historique un terrain où il lui reste encore plus d’une conquête à faire.