Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/LANGUEDOC, ancienne province de France

Administration du grand dictionnaire universel (10, part. 1p. 161).

LANGUEDOC, ancienne province de France, dont la capitale était Toulouse. Bornée au N par l’Auvergne, le Rouergue, le Quercy, le Forez ; à l’E., par le cours inférieur du Rhône ; au S., par la Méditerranée et le Roussillon ; à l’O., par le Comminges, le pays de Rivière-Verdun, le Conserans et le pays de Foix, cette vaste province avait environ 272 kilom. de long sur 136 de large. On la divisait en haut Languedoc, comprenant les diocèses de Toulouse, Rieux, Lavaur, Comminges, Saint-Papoul, Montauban, Carcassonne, Aleth, Albi, Mirepoix, Castres ; et en bas Languedoc, comprenant les diocèses de Nîmes, Montpellier, Viviers, Uzès, Mende, Le Puy-Alais, Béziers, Narbonne, Agde, Lodève et Saint-Pons. Le Languedoc avait trois archevêchés (Toulouse, Narbonne, Albi) et vingt évêchés. Il possédait un parlement, qui siégeait à Toulouse, une cour des comptes, aides et finances, installée à Montpellier. Compris dans les pays d’états, il possédait une assemblée de notables, qui se réunissait chaque année à Montpellier et avait pour président-né l’archevêque de Narbonne. Les archevêques et évêques y représentaient l’ordre du clergé ; un comte, un vicomte et dix-neuf barons y constituaient les représentants de la noblesse ; le tiers état y envoyait soixante-sept députés. Enfin, le Languedoc formait une intendance et comprenait deux généralités dont les sièges étaient Toulouse et Montpellier. Le Languedoc forme aujourd’hui les départements de l’Ardèche, de l’Aude, du Gard, de la Haute-Garonne, de la Haute-Loire, de l’Hérault, du Tarn et de la Lozère.

Le Languedoc était habité par les Arécomiques et les Volsces Tectosages lorsque le proconsul romain Domitius en fit la conquête, en 121 av. J.-C. Par la suite, ce pays forma en grande partie la Narbonnaise Ire des Romains. Vers la fin de l’empire d’Occident, il prit le nom de Septimanie et fut ravagé par les Vandales, les Alains et les Suèves. Les Visigoths s’en emparèrent au Ve siècle, y fondèrent un royaume et l’appelèrent Gothie. Il fut envahi, en 719, par les Sarrasins, qui s’emparèrent de Narbonne. Ceux-ci en furent expulsés par Charles Martel et Pépin le Bref (759), Charlemagne l’érigea en marquisat ou duché, sous le nom de Septimanie, et y envoya des gouverneurs particuliers amovibles. Ces gouverneurs ne tardèrent pas à se rendre complètement indépendants de l’autorité royale ; mais, dès le Xe siècle, le duché de Septimanie se confondit avec le comté de Toulouse. Ce comté, donné à Amaury de Montfort, à la suite de la guerre des albigeois, fut cédé par lui au roi Louis VIII, et cette cession fut confirmée, en 1229, par un traité entre saint Louis et Raimond VII, héritier des anciens comtes de Toulouse. Un moment l’apanage d’Alphonse, un des frères de Louis IX qui mourut sans postérité, il fut définitivement réuni à la couronne sous Philippe le Hardi, en 1271. C’est à partir de ce moment qu’il a porté le nom de Languedoc, c’est-à-dire pays où l’on parle la langue d’oc, en opposition avec la langue d’oil, qui était en usage au nord de la Loire.

Le Languedoc, qui avait été en partie ravagé pendant la guerre d’extermination faite aux albigeois à l’instigation de la papauté, eut également beaucoup à souffrir pendant la guerre de Cent ans avec l’Angleterre. Au XVIe siècle, la Réforme s’y propagea rapidement, et ce fut dans cette contrée que les protestants jouèrent et perdirent leur dernière partie. Après le supplice de Montmorency, Richelieu établit dans le Languedoc un simple intendant chargé d’administrer la province au nom du roi. Sous Louis XIV, les dragonnades et la guerre des camisards firent répandre des flots de sang dans cette vaste contrée ; mais la création du canal de jonction des deux mers contribua largement à lui rendre la prospérité qu’elle avait perdue.

Depuis Richelieu jusqu’à la Révolution de 1789, le Languedoc fut administré par des intendants chargés de veiller à l’administration de la justice, de la police et des finances et de faire pénétrer l’action du pouvoir central. Voici la liste de ces fonctionnaires : Miron (1636) ; Machault, Vauquelin, Tause (1640) ; Bosquet (1642) ; Le Tonnelier de Breteuil(1646) ; Cl. Bazin (1653) ; Henri d’Aguesseau (1674) ; Lamoignon de Bâville (1685) ; Louis de Bernage (1718) ; Lenain d’Asfeldt (1743) ; E. Guignard de Saint-Priest (1751) ; M. J. Guignard de Saint-Priest (1764) ; Bernard de Balinvilliers (1786-1789).

Vins du Languedoc. Les vins du Languedoc sont foncés, corsés et spiritueux ; mais on leur reproche de manquer de bouquet. Les vins de liqueur, et surtout le muscat, tiennent un rang distingué parmi ceux de ce genre que l’on récolte en France ; ils soutiennent même la comparaison avec la plupart de ceux que l’on tire à grands frais des pays étrangers : parmi ces vins, nous citerons le picardan, le frontignan, le lunel, le marseillan et le pommerols.

Le Languedoc fournissait des vins aux Romains ; depuis cette époque, les eaux-de-vie et les alcools sont devenus l’objet d’un commerce immense, qui se développe encore tous les jours.

Pour obtenir les vins de commerce, on cultive la carignane, le terret noir, le grenache, le mourastel, le spiran, l’œillad, le sinsaou, les picpouilles et la clairette.

L’aramon et le terret-bourret produisent les vins de chaudière.

On donne le nom de garrigues aux vignes situées sur les coteaux ; elles fournissent les vins d’exportation, que l’on ne distille que dans les années de grande abondance.