Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Kanad ou Kanada


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KANAD ou KANADA, célèbre philosophe indou, fondateur de la secte des veisheshiks. Ce fut, suivant le Riguéda, un homme grand, à longue barbe grise, aux cheveux tortillés sur la tête comme un turban, au corps sillonné par les traces de ses austérités, et flétri par les jeûnes et les abstinences. Il vécut en anachorète sur le mont Nila, il eut pour disciple le saga Moudgala, dont la postérité devint si nombreuse, que, aujourd’hui encore, beaucoup de brahmines se vantent d’être issus de lui. Il enseignait que la forme visible de Dieu est la lumière ; que, lorsque Dieu voulut créer le monde, il fit d’abord de l’eau, et qu’aussitôt après des mondes innombrables flottèrent sur sa surface ; que parmi ces mondes était l’œuf duquel sortit Vichnou ; que celui-ci avait au nombril une fleur de lotus, dans laquelle naquit Brahma ; que Brahma, ayant reçu l’ordre de Dieu, créa la terre d’abord avec son esprit et eusuite avec les atomes primitifs. Les substances matérielles sont considérées par Kanad comme étant primitivement des atomes et ensuite des agrégats. Il soutient l’éternité des atomes ; leur existence et leur agrégation sont expliquées par lui d’après un système d’une grande subtilité. La philosophie dialectique de Gotama et la philosophie atomistique de Kanad, appelées, l’une nyâya ou de raisonnement, l’autre vaisêchika ou d’individualité, peuvent être considérées généralement comme des parties d’un même système, se suppléant l’une l’autre dans ce qui leur manque, et s’accordant communément sur les points principaux qu’elles traitent, différant, toutefois, sur quelques-uns. De ces deux philosophies sont nées diverses autres écoles subordonnées, qui, dans l’ardeur de la dispute scolastique, se sont séparées sur les matières de doctrine ou d’interprétation.

La collection des Soutras de Kanad se compose de dix lectures, divisées similairement en deux leçons journalières, et celles-ci en phrakaranas ou sections, contenant deux soutras, ou plus, relatifs au même sujet. Comme le texte des autres sciences parmi les Indous, les soutras de Kanada ont été expliqués et annotés par une triple série de commentaires, sous le titre usuel de Bâchya, Vârtika ou Tôkâ.