Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/KIRCHER (Athanase), célèbre jésuite allemand, physicien, mathématicien, orientaliste, philologue


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KIRCHER (Athanase), célèbre jésuite allemand, physicien, mathématicien, orientaliste, philologue, né Geyssen, près de Fulde, en 1602, mort à Rome en 1680. Il étudia dans les collèges de la compagnie à Paderborn, à Munster, à Cologne, enseigna quelque temps le grec à Coblentz, la philosophie, les mathématiques et les langues orientales à Wurtzbourg, se retira ensuite à Avignon, dans la maison de son ordre, professa encore les mathématiques à Vienne, puis à Rome, et passa le reste de ses jours dans la retraite, entièrement livré à ses travaux d’érudition. Il acquit ainsi une somme énorme de connaissances, d’autant plus que son esprit investigateur était servi par une mémoire prodigieuse, à laquelle il se fiait parfois trop facilement, car elle lui fit émettre une foule d’inexactitudes qu’il ne prenait pas la peine de vérifier, tant il se croyait sûr de lui-même. Il a énormément écrit, et sur toutes les matières de la connaissance humaine. Ses principaux ouvrages sont : Prodromus coptus (1636), l’un des premiers ouvrages scientifiques sur la langue copte, mais plein d’erreurs ; Lingua egyptiana restituta (1643), estimé de Champoliion ; Ars magna lucis et umbrae in mundi (1645), qui renferme la description de machines ingénieuses, notamment la lanterne magique, dont le père Kircher parait bien réellement l’inventeur ; il avait aussi imaginé des horloges à réflexion ; Œdipus aegyptiacus (1652-1655, 3 vol. in-fol.), fruit de vingt années de recherches, mais qui ne se lit plus aujourd’hui que par curiosité. L’auteur était tellement persuadé qu’il avait retrouvé le sens des hiéroglyphes, qu’il n’hésita pas à faire restaurer les inscriptions de certains endroits effacés sur l’obélisque de Rome. Au reste, sa sincérité est douteuse. Un railleur lui ayant envoyé de prétendus hiéroglyphes sur une feuille de papier, il fut complètement dupe de cette mystification, et en donna sur-le-champ une traduction complète ; Polygraphia, seu artificium linguarum... (1663), ouvrage curieux, qui contient un projet d'écriture universelle et une instruction pour écrire et déchiffrer les écritures secrètes ; Magneticum naturae regnum (1667), où il cherche a expliquer tous les phénomènes par le magnétisme ; Mundus subterraneus (1665-1668, 2 vol. in-fol.), ouvrage dans lequel il relate un grand nombre de faits fabuleux et extravagants et se montre l’adversaire déclaré des alchimistes ; Arithmetologia sive de abditis numerorum mysteriis (1665, in-fol.) ; China monumentis, qua sacris, qua profanis illustrata (1666, in-fol.), traduit en français par Alquié (1670, in-fol.), livre plein d’inexactitudes ; Ars magna sciendi (1669, in-fol.) ; Latium, id est nova et paralella Latii, tum veteris, tum novi, descriptio (1669, in-fol.) ; Principis christiani archetypon politicon (1669, in-4o) ; Turris Babel sive archontologia (1679, in-fol.) ; Sphinx mystagoga, sive diatribe hieroglyphica (1676, in-fol.), et un grand nombre d’autres ouvrages et opuscules imprimés ou manuscrits. Ses ouvrages relatifs aux sciences mathématiques attestent également plus d’érudition que de profondeur. Nous citerons particulièrement : Primitiae gnomonicae caloptricae, hoc est horologiographiae novae specularis (1635, in-4o) ; Specula Melitensis encyclica sive syntagma novum instrumentorum physico-mathematicorum (1638) ; Iter ex slaticum qui et mundi subterranei prodromus dicitur (1657, in-4") ; Tariffa Kircheriana, sive mensa pythagorica expansa (1679, in-8o). Enfin, ce savant universel a écrit sur la musique plusieurs ouvrages, parmi lesquels brille en première ligne le Musurgia universalis (1662, in-fol.), divisé en dix livres, dont le neuvième traite des effets physiques et moraux de la musique sur l’homme valide et sur les malades, particulièrement de la guérison par la musique des morsures de la tarentule. Le second ouvrage, intitulé Phonurgia nova (1673, in-fol.), développe certaines parties de la Musurgia. Enfin, dans un traité du magnétisme, intitulé Magnes sive de arie magnetica opus tripartitum (1640, in-4o), Kircher a consacré deux chapitres au magnétisme musical et à la musique hiéroglyphique. Dans ces divers écrits se rencontrent des trésors d’érudition mêlés à des rêveries maladives et à des hypothèses qui défient la raison humaine. Quoi qu’il en soit de ces aberrations, les livres de Kircher n’en sont pas moins dignes de fixer l’attention des savants.


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