Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/JEAN XXIII (Balthasar COSSA), pape de 1410 à 1415

Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 3p. 930).

JEAN XXIII (Balthasar COSSA), pape de 1410 à 1415, né à Naples. Il avait été corsaire dans sa jeunesse, et, depuis son entrée dans les ordres, ne s’était fait connaître que par ses débauches, ses exactions et ses violences. Le pape Boniface IX ne l’avait pas moins nommé cardinal en 1402, puis légat de Bologne, où il s’était livré à de tels excès, que Grégoire XII s’était vu contraint de l’excommunier. Malgré son passé, Cossa se fit élire à prix d’argent, à l’époque où l’Église était déchirée par le grand schisme. Il avait promis de renoncer au pontificat si de leur côté Grégoire XII et Benoît XIII abandonnaient leurs prétentions ; mais il n’eut garde de tenir sa parole, porta sur le trône pontifical son avidité insatiable et ses mœurs dépravées, se prononça pour Louis d’Anjou en guerre avec Ladislas, son compétiteur au trône de Naples, se vit contraint de reconnaître ce dernier, qui, après avoir abandonné moyennant cent mille ducats le parti de Grégoire XII, surprit Rome et s’en empara, s’aliéna le roi de France en réclamant les décimes des bénéfices ecclésiastiques, et fut réduit, après la prise de Rome par Ladislas, à implorer l’appui de l’empereur Sigismond. Ce prince consentit à lui accorder sa protection, mais à la condition qu’il convoquerait le concile de Constance. Après de longues hésitations et après avoir pris des précautions pour sa sûreté personnelle, Jean XXIII consentit à la réunion du concile, qu’il ouvrit le 7 novembre 1414. Sommé alors de déposer la tiare, il jugea prudent d’y consentir ; mais, quelques jours après, il parvint à s’échapper sous un déguisement, pendant un tournoi que donnait le duc d’Autriche, se rendit à Lauffembourg et protesta contre la renonciation qu’on lui avait arrachée, disait-il, par violence. « Le concile un moment consterné, dit M. Alfred Franklin, reprit bientôt son énergie, grâce à la fermeté de Sigismond et de J. Gerson qui, dans un sermon, proclama hautement la prééminence des conciles généraux sur la papauté. Jean XXIII, sommé de comparaître à Constance, s’y refusa ; mais bientôt, abandonné par le duc d’Autriche, trop faible pour résister à l’empereur, il fut arrêté à Fribourg et conduit à Rudolfcell. » Le 29 mai 1415, ce pontife fut déposé par le concile comme simoniaque, impudique, empoisonneur, dissipateur des biens de l’Église, et emprisonné dans le château de Heidelberg. Au bout de quatre ans, il recouvra sa liberté moyennant 30, 000 écus d’or, se rendit à Rome, où il fit sa soumission à Martin V, et fut nommé par ce pontife cardinal-évêque de Frascati et doyen du sacré collège. Il mourut quelques mois après à Florence, de chagrin, selon les uns, empoisonné, selon d’autres. On a de lui deux lettres et quelques poésies latines.