Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/JEAN VI (Marie-Joseph-Louis), roi de Portugal

Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 3p. 931).

JEAN VI (Marie-Joseph-Louis), roi de Portugal, né à Lisbonne en 1769, mort en 1826. Il était fils de Marie Ire et de l’infant dom Pedro. Sa mère étant tombée en démence, il devint, sous le nom de prince des Algarves, régent en 1792, mais n’en prit le titre qu’en 1799. Les Anglais prirent sur lui un empire absolu, et il se jeta dans la première coalition contre la France (1793). Forcé de fermer ses ports aux Anglais, par suite de l’invasion d’une armée franco-espagnole (1801), il les leur rouvrit après la paix d’Amiens (1802). En 1807, il adhéra au blocus continental, mais refusa d’arrêter les sujets britanniques établis dans le pays, et de confisquer leurs biens. Alors parut au Moniteur un décret de Napoléon, où il était dit que la maison de Bragance avait cessé de régner (11 novembre). Une armée française, commandée par Junot, pénètre en Portugal, et, le jour même où elle entre dans Lisbonne, le régent s’en éloigne avec la flotte, faisant voile pour le Brésil (30 novembre), où il arrive le 21 janvier 1808. Là, il fonda un nouveau royaume, qui fut réuni, en 1815, à celui du Portugal. Il succéda à sa mère le 16 mars 1816, et ne revint que le 4 juillet 1821 en Portugal, où le gouvernement constitutionnel avait été établi à la suite d’une révolution, contre-coup de celle d’Espagne. Jean VI accepta franchement le nouveau régime, qu’il dut étendre au Brésil, et ce n’est que forcé par un soulèvement militaire, œuvre de la reine et de son fils dom Miguel, qu’il abolit à regret la constitution décrétée par les cortès (27 mai 1823). Dom Miguel se mit à la tête d’une réaction acharnée contre les patriotes et les libéraux, et voulut s’emparer du pouvoir sous le nom de régent. Jean VI était retenu captif dans son palais par son fils, depuis le 30 avril 1824, lorsque l’ambassadeur de France intervint et lui fit rendre la liberté. Le roi exila alors la reine au château de Quetuz, enleva à son fils le commandement de l’armée, et remit en vigueur le régime constitutionnel. Le 29 août 1825, il signa l’acte qui reconnaissait l’indépendance du Brésil et le séparait du Portugal. Profondément affecté de la conduite de son fils, il l’exclut du trône et désigna, pour lui succéder, sa fille Isabelle-Marie. Il mourut à la suite d’un dîner qu’il avait pris chez les moines hiéronymites, et tout porte à croire qu’il fut empoisonné par eux. Bien qu’il eût été élevé par des moines, il avait peu de sympathie pour eux, Il se plaisait à humilier la noblesse. Jean VI avait accepté franchement le régime constitutionnel, et, malgré sa grande piété, il était partisan de la liberté de conscience. Lorsqu’on établit dans la constitution portugaise que la religion catholique est la religion de l’État, « voici une chose absurde, dit-il. Je voudrais que, dans le code politique d’une nation, il ne fût point question de religion. Qu’y a-t-il de commun entre la religion et la politique ? » Il fit déclarer au pape, par l’ambassadeur Pinto,que la compagnie de Jésus ne serait point rétablie, lui vivant, dans son royaume. C’était un prince d’un caractère naturellement faible et d’un extérieur des plus communs.