Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/JEAN (Népomucène-Marie-Joseph), roi de Saxe

Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 3p. 933).

JEAN (Népomucène-Marie-Joseph), roi de Saxe, né à Dresde en 1801. Il est fils du prince Maximilien et de Caroline de Parme. Il reçut une instruction très-solide et très-étendue, et devint, à vingt ans, membre du collège des finances, dont il eut la vice-présidence en 1825. En 1821, il partit pour l’Italie, dont il étudia la langue et la littérature, puis, de retour en Saxe, il publia en vers libres, avec une préface et des notes, la traduction des dix premiers chants de l’Enfer du Dante, sous le pseudonyme de Philalethes. En 1830, il fut nommé commandant de la garde civique, puis président du conseil d’État, premier président du conseil des finances, et entra, comme premier prince du sang, à la chambre des États. À la suite d’un nouveau voyage en Italie (1838), il publia une traduction complète, avec notes critiques, de la Divine comédie du Dante (1839), traduction qui est justement estimée. La mort de son frère Frédéric-Auguste (1854) fit monter sur le trône de Saxe le prince Jean, qui prit au sérieux son rôle de roi constitutionnel. Malgré l’opposition des seigneurs, il établit dans toute la Saxe des juges de paix royaux, montra la plus grande tolérance religieuse, fit élever une synagogue à Leipzig, s’attacha à propager les établissements de bienfaisance et à consulter incessamment l’opinion. C’est ainsi qu’il conclut des traités de commerce avec la France et la Prusse, et qu’on le vit s’empresser de reconnaître le royaume d’Italie. Lorsqu’eut lieu, en 1863, la guerre entre le Danemark d’une part, la Prusse et l’Autriche de l’autre, au sujet du Sleswig-Holstein, le roi de Saxe prit part à cette guerre, comme membre de la Confédération germanique. Une nouvelle guerre ayant éclaté, en 1866, entre la Prusse et l’Autriche, le roi Jean, fidèle aux décisions de la diète, se rangea parmi les adversaires de la Prusse. Bientôt après, la Prusse envahissait les États du roi de Saxe, qui se retirait en Bohème avec ses troupes et opérait sa jonction avec l’armée autrichienne. Après la bataille de Sadowa, le roi Jean fut sur le point de perdre son royaume. Toutefois, par le traité de Prague, il fut maintenu sur son trône ; mais il se vit contraint de faire partie de la Confédération germanique du Nord, constituée par la Prusse et pour la Prusse. En 1870, lors de la rupture entre la France et la Prusse, le roi de Saxe envoya au roi Guillaume un corps d’armée, qui devint le 12e corps, fut placé sous les ordres du prince héritier, Albert de Saxe, et prit part aux batailles devant Metz, à la bataille de Sedan et à l’investissement de Paris. Le roi de Saxe est un des princes allemands qui offrirent à Guillaume le titre d’empereur d’Allemagne et qui sont devenus ses très-humbles feudataires. La Chambre des députés de Saxe ayant aboli la peine de mort en 1868, le roi Jean lui adressa des félicitations publiques. Du mariage de ce prince avec Augusta, fille du roi de Bavière, Maximilien-Joseph, sont issus trois fils et trois filles. Le fils aîné, héritier présomptif de la couronne, est le prince Albert, né en 1828, et dont nous avons déjà parlé.