Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/JEAN (Baptiste-Joseph-Fabien-Sébastien), archiduc d’Autriche

Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 3p. 932).

JEAN (Baptiste-Joseph-Fabien-Sébastien), archiduc d’Autriche, né à Florence en 1782, mort à Gratz en 1859. Il était le treizième enfant de l’empereur Léopold II et le frère de l’empereur François Ier. Appelé en 1800, à l’âge de dix-huit ans, à prendre le commandement en chef de l’armée autrichienne, il fut battu par Moreau à Hohenlinden (3 décembre) et près de Salzbourg (14 décembre). Malgré ces échecs, il n’en tut pas moins nommé, quelque temps après, directeur général du corps du génie et directeur de l’Académie des ingénieurs à Vienne. Lorsque éclata, en 1805, la guerre entre la France et l’Autriche, l’archiduc Jean essaya de soulever le Tyrol, battit les Bavarois au pas de Strub et s’avançait pour couvrir Vienne, quand la défaite d’Austerlitz contraignit l’empereur d’Autriche à signer la paix. Le prince Jean se mit alors à parcourir les Alpes Noriques, la Styrie, la Carinthie, avec des naturalistes, des antiquaires et des dessinateurs, et à étudier ces contrées au point de vue de l’histoire naturelle, de l’ethnographie et de l’économie politique et rurale. Nommé, en 1809, commandant en chef de l’armée de l’Autriche intérieure, il organisa l’insurrection du Tyrol, puis marcha contre le prince Eugène, le vainquit et s’avança même jusqu’à l’Adige ; mais, en apprenant les défaites essuyées par l’Autriche à Eckmühl et à Ratisbonne, il dut battre en retraite pour aller couvrir Vienne. Dans cette marche rétrograde, l’archiduc Jean n’éprouva que des échecs. Battu sur la Piave, à Tarvis, à Raab (14 juin), il ne put opérer sa jonction avec l’archiduc Charles, tomba en disgrâce, fut mis à l’écart pendant la campagne de 1813 à 1814, et ne prit part à celle de 1815 qu’en s’emparant d’Huningue. Tenu éloigné des affaires, il vivait dans la retraite, lorsque eurent lieu les événements de 1848. L’empereur Ferdinand, contraint de fuir à Inspruck, nomma son lieutenant général l’archiduc Jean, à qui sa disgrâce avait donné une certaine popularité, et le chargea d’arranger les affaires de Hongrie et de Croatie et d’ouvrir la diète de Vienne (22 juillet 1849). Sur ces entrefaites, le parlement national se réunit a Francfort, pour nommer un vicaire de l’empire. L’archiduc Jean, qui avait prononcé, dans une circonstance solennelle, ces paroles mémorables : « Plus d’Autriche, plus de Prusse ! qu’il n’y ait plus qu’une Allemagne ! » l’archiduc fut élu vicaire par 438 voix contre 52 données à Henri de Gagern. Il accepta ce poste difficile et forma un ministère ; mais il se montra bientôt le défenseur énergique des intérêts autrichiens, et, après la nomination du roi de Prusse comme empereur, il remplaça le ministère Gagern par un cabinet dévoué à l’Autriche, et donna sa démission de vicaire le 20 décembre 1849. Il se retira alors à Gratz, où il vécut, jusqu’à sa mort, dans la retraite. En 1825, il avait épousé morganatiquement la fille d’un maître de poste, Anna Plochel, à qui il fit donner les titres de comtesse de Meran et de baronne de Brandof.