Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Homme sensible (L’), par Henri Mackenzie

Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 1p. 364).

Homme sensible (L’), par Henri Mackenzie (1771). Dans ce roman, comme dans les autres œuvres du même genre sorties de sa plume, l’écrivain anglais s’est attaché à exciter l’intérêt du lecteur en se montrant à la fois pathétique et moral. Harley, c’est le nom du héros de ce récit, a reçu de la nature un cœur affectueux, rempli des sentiments les plus nobles et les plus délicats, toujours prêt à défendre l’opprimé, une âme dont l’excessive délicatesse est l’unique et noble défaut. Harley devient amoureux, et cette passion qu’il renferme en lui-même use le reste de ses forces. N’en trouvant plus pour supporter l’excès de son bonheur quand il apprend que son amour est partagé, il expire, et sa mort, admirablement racontée par M. Mackenzie, est déchirante. L'Homme sensible n’est point une histoire, mais une série d’incidents qui se succèdent, et sont tous rendus intéressants par les sentiments qu’ils excitent dans Harley, dont le caractère est supérieurement tracé. Quoique dupé et escroqué à Londres, le héros ne cesse pas d’être à nos yeux un homme de sens et d’esprit. Sa conduite énergique avec un impertinent voyageur qu’il rencontre en diligence, son mouvement d’indignation en écoutant l’histoire d’Édouard, sont des détails amenés avec art, pour montrer au lecteur que la douceur et l’affabilité de son caractère ne tiennent point à la faiblesse, et que, dans l’occasion, il sait se conduire en homme de cœur. Ce roman, qui a obtenu un très-grand succès en Angleterre, a été traduit en français par Saint-Ange (1775) et par Bonnet (1825).