Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Hiérodule s.
HIÉRODULE s. (i-é-ro-du-le — du gr. hieron, temple ; doulos, esclave). Esclave ou serviteur de l’un ou l’autre sexe attaché au service d’un temple païen.
— Encycl. Toute personne attachée au service d’un temple, pour y remplir des fonctions inférieures, était comprise sous la dénomination générale d’hiérodule, et souvent ces fonctions étaient héréditaires dans certaines familles. En Arménie, la grande déesse de la nature, Anaïtis, possédait autour de son temple un vaste territoire cultivé par de nombreux esclaves de l’un et de l’autre sexe, qui étaient considérés comme serfs de la déesse. Strabon raconte qu’il y avait 6,000 hiérodules dans le temple de Comana en Cappadoce, et 3,000 à Morimène ; c’étaient pour la plupart des esclaves du sexe féminin, et il arrivait souvent qu’elles se prostituaient aux étrangers qui venaient visiter le temple auquel elles étaient attachées. À Sumos, le temple de Vénus était encombré de ces courtisanes sacrées, qui dansaient en costume léger, couronnées de roseaux, pendant les cérémonies religieuses. Leur vêtement court, et ouvert sur le côté, leur avait valu l’épithète de phainomérides, c’est-à-dire qui montrent leurs cuisses. Il y avait encore dans les temples de la chaste Diane des hiérodules qui dansaient dans un costume aussi peu modeste. Pourtant, dans les autres villes de la Grèce, les hiérodules des deux sexes passaient pour avoir plus de retenue. Les jeunes éphèbes, ministres des autels et analogues à nos enfants de chœur d’aujourd’hui, étaient pris dans les meilleures familles, ainsi que les hiérodules du sexe féminin, dont les fonctions étaient d’orner de fleurs les temples et les autels, d’y suspendre les guirlandes et aussi probablement d’y disposer avec goût les offrandes.
On peut voir au musée du Louvre deux bas-reliefs curieux, où les archéologues ont cru reconnaître des hiérodules ; c’est : 1o un groupe de Danseuses (no 20), marbre pentélique, avec la robe ouverte sur le côté, et dont les gestes sont pleins de grâce et de vivacité ; 2o un bas-relief appelé les Offrandes (no 21), représentant des hiérodules ornant de guirlandes un autel en forme de candélabre qui brûle devant un temple.