Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/HILDEGONDE, héroïne légendaire de la fin du XIIe siècle

Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 1p. 284).

HILDEGONDE, héroïne légendaire de la fin du XIIe siècle. Les bollandistes la font naître à Nuitz, près de Cologne, vers 1168. Elle est inscrite, dans quelques martyrologes et dans les Âcta sanctorum à la date du 20 avril, mais elle n’a jamais été canonisée et son existence même est douteuse, car bon nombre de ses aventures sont attribuées également à sainte Marine. Son père avait fait vœu de l’emmener en pèlerinage à Jérusalem ; dès qu’elle fut en âge de voyager, il la travestit en garçon, l’appela Joseph et s’embarqua, en Provence, avec des croisés ; mais, arrivé à Saint-Jean-d’Acre, il mourut, laissant la jeune fille déguisée entre les mains d’un valet qui disparut avec ce qu’elle possédait d’habits et de vêtements. Un ermite s’intéressa à celle qu’il prenait pour un malheureux orphelin et l’emmena à Jérusalem ; là, elle se réfugia dans un couvent de templiers, singulier refuge pour une jeune fille, et, ayant pu faire parvenir de ses nouvelles en Europe, elle y fut rejointe par un ami de son père, qui la reconduisit à Cologne.

Hildegonde aurait pu s’en tenir là, mais elle avait pris goût aux aventures ; elle continua de s’appeler Joseph, garda son vêtement masculin et entra, en qualité de familier, dans la maison d’un chanoine qui lui fit faire le voyage de Rome. Ils allaient à cheval, et se perdirent en route ; près d’Augsbourg. Le soi-disant Joseph, arrêté comme voleur, grâce à un bizarre concours de circonstances, fut condamné à mort ; mais le véritable criminel ayant été pris, on les soumit tous les deux au jugement de Dieu, consistant à tenir dans les mains une barre de fer rouge. Il va sans dire que Hildegonde se tira avec honneur de l’épreuve, grâce à la divine Providence, et que le coupable se brûla horriblement. On rend son cheval à la sainte et la voilà partie à la recherche de son chanoine ; elle comptait sans les amis du brigand, qui lui dressent une embuscade dans un bois, la saisissent et la pendent à un arbre. Là encore, l’intervention de Dieu se manifesta : des bergers coupèrent la corde et lui sauvèrent la vie. Alors, Hildegonde revint à Cologne et embrassa la profession monastique, mais dans un couvent d’hommes. Cette singulière sainte se retira chez les cisterciens de Schonange, près de Heidelberg. Elle avait vingt ans, et ses biographes assurent qu’elle y fut dévorée par les plus grandes tentations. Elle mourut peu de temps après (1188, 20 avril). En lavant son corps, les moines, stupéfaits, découvrirent que c’était celui d’une femme.

Aucun décret du saint-siége n’a autorisé la canonisation de Hildegonde ; cependant les cisterciens l’ont inscrite dans leur martyrologe et la fêtent le 20 avril. Consultez : Bollandistes, Acta sanctorum (avril, tome II) ; Thierrot et Belin, Abrégé de la vie des saints (1822) ; Baillet, Vie des saints.