Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/France (Obsevations sur l’histoire de)


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France (obsevations sur l’histoire de), ouvrage de Mably, dont la première partie parut en 1765, et la seconde vingt-trois ans après. Le succès de cet ouvrage fut immense ; il exerça, sur les esprits les plus graves et les plus capables de le juger, une sorte de fascination. En 1787, l’Académie des inscriptions et belles-lettres accepta la mission de décerner le prix d’un concours ouvert pour l’éloge de l’auteur des Observations sur l’histoire de France.

« Le propre de ce système, dit Aug. Thierry, son caractère essentiel, est de mêler et de confondre des traditions jusque-là distinctes ; de rendre commune au tiers état la démocratie des anciens Francs, et d’abandonner, pour ce même tiers état, son vieil héritage de liberté, le régime municipal romain. L’abbé de Mably admet, avec Boulainvillier, Une république germaine transplantée en Gaule pour y devenir le type idéal et primitif de la constitution française, et, avec Dubos, la ruine de toute institution civile par l’envahissement de la noblesse. Il part du même point que François Hotman, d une nationalité gallo-franque, pour arriver à sa conclusion politique, le rétablissement des états généraux… Ce qui ressort de plus clair au milieu de cette confusion historique, c’est la prédilection de l’auteur pour la forme démocratique du gouvernement des Francs au delà du Rhin, telle qu’on peut l’induire du livre de Tacite, et la découverte, sous Charlemagne, d’un gouvernement mixte de monarchie, d’aristocratie et de démocratie, avec trois États : clergé, noblesse et peuple. »

« En détruisant les états généraux, dit Mably, pour y substituer une administration arbitraire, Charles le Sage a été l’auteur de tous les maux qui ont depuis affligé la monarchie. Il est aisé de démontrer que le rétablissement de ces états, non pas tels qu’ils ont été, mais tels qu’ils auraient dû être, est seul capable de nous donner les vertus qui nous sont étrangères et sans lesquelles un royaume attend, dans une éternelle langueur, le moment de sa destruction. »

Ce vœu du publiciste ne tarda guère à se réaliser par le rétablissement des États généraux en 1789. Il y a plus de roman que d’histoire dans le système de Mably, plus d’excitation révolutionnaire que de vérité scientifique ; c’est ce qui en fit le succès parmi les contemporains. L’auteur n’avait aucune science des antiquités nationales.