Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Elne (Illiberis, Helena)


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ELNE (Illiberis, Helena), ville de France (Pyrénées-Orientales), cant. E., arrond. et à 13 kilom. de Perpignan, sur une colline dominant la plaine du Trech ; pop. aggl. 2,535 hab., pop. tot., 2,800 hab. Magnanerie importante. L’origine d’Elne remonte à une époque inconnue ; mais il est certain qu’avant son expédition en Italie Annibal campa sous ses murs avec une armée immense. Au temps de Tibère, cette ville était entièrement déchue. Constantin la releva et y bâtit un château, auquel il donna, ainsi qu’à la ville, le nom de sa mère Hélène ; elle fut érigée en évêché lorsque les Francs la conquirent sur les Goths ; c’était alors une place assez considérable. Elne tomba tour à tour au pouvoir de Philippe le Hardi, de Louis XI, de Louis XIII, de Condé, du duc d’Ossuna et de Lugommier, qui venait de prendre le commandement de l’armée des Pyrénées-Orientales.

Le seul monument remarquable de la ville d’Elne est sa cathédrale, construction du xie siècle, classée au nombre des monuments historiques. Cette basilique est divisée en trois nefs, dont les piliers lourds et massifs portent des colonnes à chapiteaux grossièrement ébauchés. L’ornementation est, en général, très-pauvre ; cependant l’intérieur renferme un ancien tombeau en marbre blanc, dans le style du Bas-Empire, et des tables d’autel soutenues par des colonnettes romanes. Une porte ogivale mauresque du xiiie siècle, à voussoirs de marbre, alternativement ronges et blancs, fait communiquer la cathédrale et le cloître, du xiie siècle, parallélogramme de 16 mètres sur 15, d’une admirable élégance ; colonnes, piliers, arcades, tout est revêtu de marbre blanc. Sur les fûts et les chapiteaux se déroulent à profusion toutes les ornementations du moyen âge ; le mur porte quelques bas-reliefs encastrés et un morceau de marbre qu’on dit avoir appartenu au tombeau d’un fils de Constantin. Dans les environs de la ville, on a découvert à diverses reprises des débris de monuments gallo-romains.

Plusieurs conciles ont été tenus à Elne. Le premier eut lieu en 1040. En l’absence de Bérenger, évêque d’Elne, qui était allé en pèlerinage à la terre.sainte, l’évêque d’Ausone (aujourd’hui Vic, en Catalogne) présida ce synode, dans lequel on continua la trêve de Dieu, en ordonnant que, dans tout le comté du Roussillon, personne n’attaquerait son ennemi depuis le samedi au soir jusqu’au lundi matin, et cela afin que l’on put en toute liberté célébrer le dimanche et se rendre en toute sûreté à l’église ; on défendit aussi d’attaquer une église ou les maisons qui l’environnaient à un rayon de trente pas, sous peine d’excommunication, susceptible, au bout de trois mois, d’être convertie en anatheme. Les mariages incestueux, l’usurpation des biens ecclésiastiques et d’autres abus appelèrent également l’attention du synode, qui adopta plusieurs mesures afin d’y mettre un terme.

En 1065, un concile continua tout ce qui avait été arrété dans le synode in prato Tuluyiensi de 1040. On menaça d’exil perpétuel celui qui, pendant la trêve de Dieu, oterait la vie à quelqu’un.

Un dernier concile fut tenu dans cette ville, en 1114, pour terminer un différend entre les abbayes de Saint-Michel-de-Cuxa et d’Arles. Depuis, Elne n’a plus d’evêché et n’a plus vu de concile.


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