Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Confessions (LES), par Gustave Drouineau

Administration du grand dictionnaire universel (4, part. 4p. 903-904).

Confessions (LES), par Gustave Drouineau (Paris, 1834, 1 vol. in-8°). Ce volume, qui appartient à la révolution philosophique, ou plutôt à la réaction d’un certain groupe de romantiques contre l’école mère, est l’unique recueil de vers de l’auteur. On sait que Gustave Drouineau, l’auteur du Manuscrit vert et de Résignée, possédé de la noble ambition d’être l’apôtre du xixe siècle, après avpir déclaré qu’il n’admettait les formes artistiques de la poésie et du roman que pour faire pénétrer les idées régénératrices au sein des masses, a fini un jour par déclarer « qu’il n’avait pas le temps de bien écrire, parce qu’il pensait trop. » Allant plus loin, il finit par dire que la langue n’avait pas de mots suffisants pour rendre ses pensées et ses rêves, et qu’il serait plus convenable au poète de s’exprimer par des cris, comme les animaux, que par des paroles. Drouineau était fou. Néanmoins son volume de poésies : Confessions, contient des choses charmantes, entre autres une petite pièce en stances de six vers, se terminant chacune par un refrain unique. Le poète admire la campagne verte et fleurie, le printemps tout ensoleillé : « Pourquoi suis-je prêt à pleurer ? » dit-il. Il voit passer une jolie fille, gaie, heureuse, courant peut-être à un rendez-vous… « Hélas ! dit le poète, pourquoi suis-je prêt à pleurer ? » Les Tapisseries sont une sorte de légende guerrière de l’épopée napoléonienne. Les Toits rappellent le Maçon de Louis Bertrand (dans Gaspard de la nuit) ; c’est la rêverie d’un écolier réfugié sur le toit d’une maison, et là savourant à la fois le triple plaisir du grand air qu’il respire, du splendide panorama de la ville qu’il contemple à ses pieds, de la vue de la jeune fille qu’il aime et qui est penchée à une fenêtre. Quelques vers que nous allons citer achèveront de donner une idée de la forme de Gustave Drouineau dans ses Confessions, forme souvent indécise, mais enveloppant toujours une idée, et parfois une idée profonde ou sympathique :

Encor si l’on savait le secret de la tombe !
Si l’âme s’élevait ainsi qu’une colombe,
À travers le ciel bleu, vers cette immensité
Où Dieu jouit de tout et de l’éternité !
Si l’âme, se trouvant sous la forme d’un ange,
S’enivrait à jamais de bonheur sans mélange !
Si, rejetant la coupe où l’on boit tant de fiel,
Les âmes qui s’aimaient se revoyaient au ciel !
Si des mondes roulants l’ineffable harmonie,
La majesté de Dieu, sa puissance infinie.
L’orgueil d’être immortel, de voir créer sans fin,
D’unir son chant d’amour au chant du séraphin,
Si les plaisirs sacrés du céleste domaine,
Qui n’auraient point de mot dans toute langue humaine
Dont notre esprit a soif et qu’il ne conçoit pas.
Se montraient devant nous au delà du trépas !

Les Confessions de Drouineau, qui n’ont eu aucun succès et n’ont par conséquent pas été réimprimées, sont à peu prés introuvables aujourd’hui.