Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/CONDÉ (Louis-Joseph DE BOURBON, prince DE), général en chef de l’émigration

Administration du grand dictionnaire universel (4, part. 4p. 867-868).

CONDÉ (Louis-Joseph de Bourbon, prince DE), général en chef de l’émigration, né à Chantilly en 1736, mort en 1818. À quinze ans, il reçut le titre de grand maître de la maison du roi et le gouvernement de la Bourgogne. Il fit avec distinction la guerre de Sept ans, et prit une éclatante revanche de la défaite de Rosbach, éprouvée par son parent le duc de Soubise, en battant, à Johannisberg, le prince de Brunswick, auquel il enleva toute son artillerie (1762). Pendant la longue paix qui suivit, il partagea son temps entre son gouvernement de Bourgogne, l’embellissement de Chantilly et la construction du Palais-Bourbon, où il engloutit une somme de 12 millions de francs. Lié avec les littérateurs du siècle, particulièrement avec Chamfort, il passait pour un prince libéral. On le vit prendre part à l’opposition du parlement contre Maupeou, et s’élever avec énergie contre l’introduction de la bastonnade dans la discipline de l’armée ; mais, lors de l’Assemblée des notables (1788), il fut un des princes du sang qui signèrent le fameux Mémoire contre le redoublement du tiers aux états généraux, et, aussitôt après la prise de la Bastille, il sortit de France pour commencer contre la Révolution une longue, mais impuissante croisade. Mis à la tête de l’armée de gentilshommes formée si bruyamment à Coblentz (1791), il fut tenu à l’écart pendant la campagne de 1792, combattit sous les ordres de Wurmser dans celle de 1793, eut l’occasion de se signaler à la prise des lignes de Wissembourg, resta cantonné le long du Rhin pendant les années 1794-1795, parvint à séduire Pichegru par de brillantes promesses, passa tour à tour à la solde de l’Angleterre, de l’Autriche et de la Russie (1797), suivit Souwarow en Italie (1799), partagea ses revers en Suisse, puis ceux des Autrichiens à Hohenlinden (1800), et dut, peu après, présider lui-même à la dissolution de son corps d’armée (1801). Il se rendit en Angleterre, où il vécut obscur, avec la princesse douairière de Monaco, qu’il épousa en secondes noces. Rentré en France l’année suivante, il reprit sa charge de grand maître de la maison du roi, à laquelle Louis XVIII joignit le titre de colonel général de l’infanterie française. On l’a inhumé à Saint-Denis, dans le caveau des rois de France et son oraison funèbre a été prononcée par l’évêque d’Hermopolis.