Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/CHARLES II (Louis DE BOURBON)

Administration du grand dictionnaire universel (3, part. 4p. 1018-1019).

CHARLES II (Louis DE BOURBON), né en 1799, fils du roi Louis d’Étrurie et de Marie-Louise, fille du roi d’Espagne Charles IV. En 1803, sous la tutelle de sa mère, il devint roi d’Étrurie, royaume de création récente qui fut annexé à la France en 1807. Napoléon le remplaça à Florence par sa sœur Elisa Baciocchi, et tailla fictivement dans le Portugal un nouveau royaume de Lusitanie pour le jeune roi. La reine Marie-Louise partit avec son fils pour Madrid, attendant son prétendu royaume de Lusitanie, qui n’était qu’une décevante chimère. Les événements de la guerre l’obligèrent bientôt à quitter l’Espagne (1808), pour se rendre d’abord à Bayonne, puis à Compiègne, et plus tard à Nice. Elle y habitait depuis deux ans, lorsque, à la suite de la découverte d’un complot avec l’Angleterre (1811), elle fut, sur l’ordre de l’empereur, séparée de son fils. Celui-ci fut conduit à Marseille, auprès de son aïeul Charles IV, tandis que sa mère fut transférée à Rome et enfermée dans un couvent avec sa fille ; Napoléon lui fit une rente de 30,000 fr., mais elle fut privée de ses bijoux. L’année suivante (juin 1812), l’empereur permit à Charles IV de se rendre à Rome avec son petit-fils.

Au congrès de Vienne, en 1815, Charles-Louis eut beaucoup de peine à obtenir le petit duché de Lucques, avec une rente de 500,000 fr. que l’Autriche et la Toscane s’engageaient à lui payer ; cependant, sur les vives réclamations de l’Espagne, le droit de retour sur le duché de Parme fut réservé au jeune prince après la mort de l’ex-impératrice Marie-Louise ; mais alors le duché de Lucques devait faire retour à la Toscane. Depuis l’installation à Lucques du jeune prince et de la régente (qui n’eut lieu qu’en 1817, grâce à des difficultés soulevées par l’Espagne dans l’intérêt de l’infante) jusqu'à la mort de la duchesse-mère, arrivée en 1824, Charles-Louis, entièrement sous la tutelle maternelle, ne prit aucune part au gouvernement. À partir de cette époque, et en dépit des stipulations de Vienne, l’absolutisme le plus pur continua de régner à Lucques. Ce régime fut heureusement mitigé par la douceur, l’insouciance et la nonchalance du souverain, beaucoup plus occupé de ses plaisirs que des soins du gouvernement. Cette vie facile, qui ne tarda pas à faire monter les dettes de Charles-Louis à un chiffre fort élevé, ne l’empêcha pas de se convertir au protestantisme ; mais cet accès de ferveur ne tint pas longtemps contre l’indignation et les vives remontrances du saint-siége, et bientôt le nouveau converti abjura ses croyances d’un jour entre les mains du patriarche de Venise. Peu difficile sur le choix d’un premier ministre, le duc confia ce poste important à un Anglais, ancien palefrenier, nommé Ward. De 1840 à 1847, le mécontentement causé à Lucques par la vie dissipée du souverain et par le gaspillage et la mauvaise administration, n’avait fait que s’accroître, soit à la suite de mesures arbitraires, soit par l’insolence de la force armée, dirigée par le prince héréditaire, jeune écervelé aux manières brutales. Des émeutes n’ayant pas tardé à éclater, le duc céda au courant : le 1er septembre 1847, il accorda l’institution de la garde nationale et promit des réformes ; mais le calme qui suivit ces promesses était à peine rétabli, qu’il s’enfuit à Massa, d’où il ne revint que sur les instances de sa belle-fille. Quinze jours après, il résigna le pouvoir entre les mains du conseil d’État, et abdiqua le mois suivant. Ce dernier acte fut amené par l’extrême détresse où se trouvait le duc, forcé de faire face aux exigences de ses nombreux créanciers. Charles-Louis consentit à l’annexion anticipée de son duché à la Toscane, en échange d’un pension considérable.

Bientôt après (17 décembre 1847), la mort de l’ex-impératrice Marie-Louise vint donner à Charles-Louis le trône de Parme et de Plaisance. Il commença par se dépopulariser à Parme en signant, d’accord avec le duc de Modène, un traité d’alliance avec l’Autriche. Le 9 avril 1848, il abdiquait de nouveau, laissant le pouvoir à un conseil de régence, et mettant le pays sous la protection et la tutelle de Charles-Albert. Depuis, ce prince, d’un caractère faible et bon, a vécu dans la vie privée, à Nice, à Londres, à Paris, à Baden-Baden, recherchant partout les plaisirs du grand monde. Il a épousé, en 1820, Marie-Thérèse de Savoie.