Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/CHARLES III, le Simple ou le Sot, fils posthume de Louis le Bègue

Administration du grand dictionnaire universel (3, part. 4p. 1008).

CHARLES III, le Simple ou le Sot, fils posthume de Louis le Bègue, né en 879, mort à Péronne en 929. Il fut exclu de la couronne même après la mort de ses frères Louis III et Carloman, et vit successivement monter sur le trône Charles le Gros et le comte Eudes. Pendant le règne de ce dernier, il justifia en quelque sorte son exclusion en se plaçant sous le patronage d’Arnulf, roi de Germanie, et se fit sacrer à Reims en 893. Toutefois, tant que vécut son rival, il ne parvint qu’à obtenir une ombre d’autorité entre la Seine et la Meuse. Reconnu en 898, il régna d’abord sans opposition pendant vingt-deux ans, impuissant contre les Normands, qui continuaient de dévaster périodiquement le pays, impuissant contre les dynasties féodales, qui se constituaient librement de toutes parts à l’abri de leurs donjons et de leurs forteresses. L’événement le plus important du règne de Charles le Simple est la fondation du duché de Normandie. Les pirates danois commençaient à se fixer les uns sur la Loire, d’autres sur la Seine. Ces derniers, sous leur chef Roll ou Rollon, dominaient sur tout le pays qu’ils appelaient déjà de leur nom Northmannie, et poussaient leurs ravages jusqu’aux portes de Paris. Les expulser de vive force semblait impossible à un pays qui n’osait même pas leur résister. Le roi de France fit offrir à Roll la main de sa fille Gisèle avec la cession du territoire qu’il occupait, le titre de duc, la suzeraineté sur la Bretagne, à la condition qu’il fermât la Seine aux invasions nouvelles, qu’il reçût le baptême et devînt le vassal du roi. Le vieux pirate accepta, mais fit dédaigneusement rendre l’hommage par l’un des siens. Le soldat normand, sans se baisser, s’y prit de telle manière pour baiser le pied du roi qu’il le jeta à la renverse (911). Tel était l’avilissement où était tombée la race énervée de Charlemagne, que cet outrage d’un barbare demeura impuni.

Après la mort de Louis l’Enfant, fils d’Arnulf et le dernier carlovingien de Germanie, Charles voulut s’emparer de la Lorraine ; mais, battu par l’empereur Henri l’Oiseleur, il dut renoncer à ses prétentions, et fut bientôt déposé par les grands, qui proclamèrent roi de France le duc Robert (922), tué l’année suivante à la bataille de Soissons, où Charles montra une bravoure inutile à sa fortune. Attiré dans les États du comte de Vermandois, pendant que ses ennemis donnaient sa couronne au duc Raoul, il fut emprisonné par son perfide feudataire, ressaisit un moment le pouvoir à la faveur des divisions des factions ennemies, mais fut jeté de nouveau dans la tour de Péronne (928) et mourut l’année suivante. Son fils, Louis d’Outre-mer fut appelé au trône en 936, par un de ces retours de fortune qui précédèrent l’extinction définitive de la race carlovingienne.