Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Barruel (abbé Augustin de), littérateur français

Administration du grand dictionnaire universel (2, part. 1p. 269).

BARRUEL (abbé Augustin de), littérateur français, né à Villeneuve-de-Berg en 1741, mort en 1820. Membre de l’ordre des jésuites lorsque ceux-ci furent expulsés de France, il se rendit successivement en Bohême, en Moravie et à Vienne, où il se livra à l’enseignement, puis il vint s’établir à Paris en 1774, avec la qualité d’aumônier de la princesse de Conti. Bientôt après, il devint collaborateur de Fréron à l’Année littéraire, puis il fit paraître les Helviennes ou Lettres provinciales philosophiques (Paris, 1788, 5 vol.), dans lesquelles il attaquait la philosophie de son temps avec une extrême violence et en mettant en cause les personnes mêmes. Il poursuivit son système de polémique haineuse et passionnée dans le Journal ecclésiastique, qu’il rédigea jusqu’en 1792. À cette époque, il passa en Angleterre, où il fit paraître ses Mémoires sur le jacobinisme (1797, 1813, 5 vol.), ouvrage rempli d’exagération et de mensonges, mais qui fit beaucoup de bruit, parce qu’on le prohiba. Après le 18 brumaire, il publia un opuscule dans lequel il prêchait l’obéissance et la soumission à l’autorité du premier consul. En récompense de cet écrit, Bonaparte le nomma chanoine de la cathédrale de Paris. Peu de temps après, parut son livre Du pape et de ses droits religieux (1803), apologie du concordat, qui lui valut une réfutation vigoureuse de l’abbé Blanchard. Il passa ses dernières années dans le même poste, bien qu’il se fût toujours empressé d’apporter ses protestations de fidélité à chaque pouvoir nouveau. Outre les ouvrages cités plus haut, mentionnons : Collection ecclésiastique ou Recueil complet des ouvrages faits depuis l’ouverture des états généraux, relativement au clergé (1791-92, 14 vol. in-8o) ; Histoire du clergé de France pendant la Révolution (1794 et 1804, 2 vol.) ; Du principe et de l’obstination des jacobins (1814), etc. Tous ces ouvrages, dirigés contre les principes de 1789, la Révolution, les francs-maçons, etc., sont écrits par un homme de talent, mais avec une partialité révoltante, et un esprit de dénigrement qui leur enlève toute autorité.