Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Bac (Jean-Baptiste-Théodore)


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BAC (Jean-Baptiste-Théodore), avocat et homme politique français, ancien représentant du peuple, né à Limoges le 14 avril 1809, mort à Paris le 31 mai 1865, était déjà le plus brillant avocat de sa ville natale lorsque le procès de Mme Lafarge, dont il fut le défenseur conjointement avec M. Lachaud, répandit son nom dans toute la France (1840). On n’a pas oublié la passion que mirent à défendre leur cliente les deux jeunes avocats, brusquement devenus illustres ; ils devaient se retrouver peu de temps après, mais face à face, dans un procès non moins dramatique, le procès Marcellange, qui fournit à Bac l’occasion de déployer sous toutes ses faces son merveilleux talent. Comme homme politique, il n’a cessé d’appartenir à l’opposition démocratique. Il avait, dans les dernières années du règne de Louis-Philippe, exercé une influence considérable sur la population ouvrière de Limoges, et contribué d’une manière très-active à la propagande socialiste entreprise dans le centre de la France par M. Pierre Leroux devenu imprimeur à Boussac. Après la proclamation de la République, il fut le principal orateur populaire à Limoges, tint la ville tout entière entre ses mains et sut apaiser les foules. Acclamé alors partout, chez lui, dans la rue, au théâtre, on lui obéissait sur un signe. Sa conduite, à la fois calme et ferme, lui conquit tous les suffrages. Aussi, à la suite des troubles qui éclatèrent dans Limoges, à l’époque des élections (23 avril 1848), ne fut-il pas impliqué dans le procès intenté à ceux de ses amis politiques qui avaient été entraînés au désordre, ou qui n’avaient pas su en empêcher les effets. Envoyé à l’assemblée constituante par 38,775 voix, le troisième sur les huit représentants de la Haute-Vienne, il fit partie du comité des affaires étrangères et fut, à la tribune, le défenseur de la Montagne si vivement et si souvent attaquée. Homme honnête et convaincu, il vota constamment avec l’extrême gauche, eu motivant presque toujours son vote par des discours empreints des idées les plus généreuses, les plus larges, les plus démocratiques. On le vit repousser notamment l’institution de la présidence qui, telle qu’elle était formulée, lui paraissait offrir des dangers pour l’avenir, en se prêtant à l’usurpation des rôles et des pouvoirs. Il n’accepta pas l’ensemble de la Constitution et repoussa l’ordre du jour qui déclarait que le général Cavaignac avait bien mérité de la patrie dans les journées de juin. Après l’élection du 10 décembre, Bac combattit vivement la politique napoléonienne, protesta avec la Montagne contre la proposition Rateau, qui amena la dissolution de la Constituante après avoir donné lieu aux plus vives discussions (12 janvier 1849), fut un des signataires de la demande de mise en accusation contre le président et ses ministres, à l’occasion des affaires de Rome, le siège de cette ville étant alors regardé par le parti démocratique comme une violation de la Constitution. Renvoyé à l’assemblée législative par les départements de la Seine et de la Haute-Vienne, il s’associa de nouveau aux actes de la Montagne, et, après le mouvement du 13 juin., il se vit appelé à combler le vide que faisait dans le sein de la chambre l’exil des principaux chefs du parti révolutionnaire. Lorsque éclata le coup d’État du 2 décembre 1851, il prit part aux tentatives de résistance faites à Paris. Porté sur la liste des nombreux représentants expulsés de France comme protestant au nom de la Constitution contre un état de choses aussi nouveau qu’imprévu, il dut à l’amitié du prince de la Moscowa de n’être pas compris dans la mesure dite de sûreté générale. Libre de rester à Paris, il reprit sa place au barreau, et conserva sa foi politique. En mars 1864, lors d’une élection complémentaire à Paris, il se porta comme candidat à la députation, mais se retira devant M. Garnier-Pagès pour ne pas diviser les voix de la démocratie.

Bac fut une des personnalités les plus remarquables de notre barreau, un de ces hommes rares qui apportent dans la vie politique une probité, une droiture et une bonté que rien ne peut faire fléchir ; ses adversaires politiques eux-mêmes ont toujours rendu justice à son désintéressement. Nature honnête, plein de respect pour la robe qu’il portait et pour son titre d’ancien représentant du peuple, il choisissait scrupuleusement, dans les causes qu’on lui présentait, celles qu’il pouvait défendre avec une conviction profonde. Défenseur de Blanqui au mois de juin 1861, il prêta depuis le concours de ton talent à l’affaire dite des Treize, qui fit, on le sait, beaucoup de bruit. Il est mort d’un accès de goutte au cœur. « C’est, a dit un journal, la façon de finir de ceux qui souffrent et qui ont quelque chose là ! » Ses funérailles ont eu lieu à Bordeaux, où son corps a été transporté.


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