Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/BOURBON (Charles, cardinal DE), prince et prélat

Administration du grand dictionnaire universel (2, part. 3p. 1111).

BOURBON (Charles, cardinal de), prince et prélat, né en 1520, mort en 1590. Il était frère d’Antoine de Bourbon et oncle de Henri IV. Archevêque de Rouen, légat d’Avignon, cardinal, pair de France, membre du conseil, il se dévoua, malgré les intérêts de sa famille, aux prétentions des Guises, montra une animosité violente contre les réformés, et servit de prête-nom à la faction en se laissant désigner comme héritier présomptif de la couronne, au mépris des droits de son neveu, exclu par les ligueurs comme hérétique. Il signa le manifeste de la Ligue, se joignit au duc de Guise après la journée des barricades, fut arrêté à Blois par ordre de Henri III, et proclamé roi par les ligueurs après le meurtre de ce prince, sous le nom de Charles X. Les actes de la Ligue furent publiés en son nom ; on battit monnaie à son effigie, et il fut reconnu par plusieurs parlements (1589). Toutefois, ce fantôme de roi était toujours prisonnier à Fontenay-le-Comte, où il mourut en 1590. À ses derniers moments, il avait reconnu Henri IV comme son souverain, mais probablement dans l’intention de recouvrer sa liberté. C’était d’ailleurs un vieillard qui alliait des mœurs dépravées à une bigoterie sans caractère religieux, et mêlée de superstitions astrologiques.


BOURBON (Charlotte de), fille de Louis de Bourbon, duc de Montpensier, prince du sang royal, épouse de Guillaume d’Orange, surnommé le Taciturne, et l’une des femmes les plus dévouées à la réforme, morte à Anvers en 1582. Comme Louis de Bourbon ne se trouvait pas assez riche pour maintenir ses trois filles au rang élevé de leur naissance, il fit entrer Charlotte, à l’âge de treize ans, au monastère de Jouarre, avec le titre d’abbesse. Ce fut malgré elle que Charlotte embrassa la profession religieuse ; mais la volonté de son père était inflexible. Peut-être, d’ailleurs, voulait-il soustraire ses enfants à l’influence de Jacqueline de Longvic, sa femme, qui était fort attachée à la réforme. La nouvelle abbesse ne put s’accoutumer au genre de vie des monastères, ni surtout en accepter les petites et puériles pratiques ; elle resta fidèle aux enseignements de sa mère. Sans attaquer de front les doctrines de l’Église romaine, elle instruisait ses religieuses des principales vérités du christianisme et les amenait insensiblement à modifier leurs anciennes croyances, en leur inspirant le désir de connaître à fond les siennes. On s’aperçut, quoique un peu tard, des dangers qu’offraient ses enseignements, et on allait peut-être prendre contre elle des mesures de rigueur, lorsque le