Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/BERTRAND DE MOLLEVILLE (Antoine-François, marquis DE), magistrat et historien français

Administration du grand dictionnaire universel (2, part. 2p. 627).

BERTRAND DE MOLLEVILLE (Antoine-François, marquis DE), magistrat et historien français, né à Toulouse en 1744, mort en 1818. Nommé par le chancelier Maupeou maître des requêtes et intendant de Bretagne, il fut chargé, en 1778, de dissoudre le parlement de Rennes, et faillit être bâtonné par la jeunesse de cette ville. Appelé par Louis XVI, en 1790, à prendre le portefeuille de la marine, il ne montra qu’incapacité, et fut accusé d’avoir, par ses fausses mesures, causé la perte de Saint-Domingue en même temps qu’il favorisait l’émigration des officiers de marine. Obligé de donner sa démission, il fut mis par le roi à la tête de la police secrète, se rendit ridicule par les impuissantes mesures avec lesquelles il prétendit enrayer la Révolution, conseilla à Louis XVI un plan d’évasion, après lui avoir proposé de faire occuper les tribunes de l’Assemblée par ses émissaires, et fut décrété d’accusation, le 15 août 1792, sur la proposition de Gohier et de Fouché de Nantes. Après avoir échappé à mille dangers, Bertrand de Molleville parvint à se réfugier en Angleterre, où il composa divers écrits politiques et d’où il fit passer en France de faux assignats, qui compromirent et firent monter sur l’échafaud un habitant de Boulogne. Il revint en France en 1814 ; mais il était tombé dans la disgrâce de Louis XVIII, et il termina ses jours dans l’oubli. Ses principaux ouvrages sont : Histoire de la Révolution de France (1801-1803, 10 vol. in-8°), pleine d’erreurs, de mensonges et de calomnies. Il dénature tous les événements, se montre toujours guidé par l’esprit de vengeance ainsi que par ses préjugés, et y donne des preuves surabondantes de sa nullité comme ministre. Costumes des États héréditaires de la maison d’Autriche (50 planches coloriées, 1804, in-fol.) ; Histoire d’Angleterre depuis la première invasion des Romains jusqu’en 1763 (1815, 6 vol.) ; Mémoires particuliers pour servir à l’histoire de la fin du règne de Louis XVI (1816,2 vol. in-8°). Ils sont écrits dans le même esprit que sa prétendue Histoire de la Révolution, mais curieux néanmoins à consulter, à cause des aveux indiscrets qu’ils contiennent.