Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/BASIN ou BAZIN (Thomas), chroniqueur et prélat français

Administration du grand dictionnaire universel (2, part. 1p. 311).

BASIN ou BAZIN (Thomas), chroniqueur et prélat français, né à Caudebec en 1402, mort

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en 1491. Après avoir étudié le droit à Louvain et à Paris, voyagé en Italie, en Angleterre, en Hollande, remonté le Rhin et traversé les Alpes, il se retrouva à Florence lors du célèbre concile œcuménique de 1439, qui devait faire cesser la scission de l’Église latine et de l’Église grecque. Peu de temps après, il fit partie d’une mission que le pape Eugène IV envoyait en Hongrie, et dont le chef était le cardinal archevêque d’Otrante ; puis, à son retour et en récompense de son zèle, il reçut un canonicat à la cathédrale de Rouen, ainsi que d’autres bénéfices. Les Anglais, qui occupaient encore la Normandie, venaient de créer l’université de Caen. On offrit à Basin d’y remplir la chaire de droit canon, qu’il accepta. Il fut ensuite chanoine de Baveux, conservateur de l’Université, et officiai de i’évêque ; enfin, il fut appelé, en 1447, à occuper un des sièges épiscopaux les plus importants de la Normandie, celui de Lisieux, qui, outre ses revenus considérables, donnait au titulaire le droit de siéger dans le conseil institué pour gouverner cette province au nom du faible Henri VI. Lorsque, deux ans après, la guerre recommença entre l’Angleterre et la France, l’armée de Charles VII vint assiéger Lisieux. L’évêque Basin, dans cette grave occurrence, déploya la plus grande habileté. Au nom de sa mission de paix, il proposa une capitulation qu’il fit accepter des deux parties, et l’exemple de cette soumission au roi de France détermina en peu de temps celle des autres évêques de la Normandie et des principales villes. La conduite de Basin lui valut le titre de membre du conseil privé de Charles VII, qui le gratifia en même temps d’une pension de 1,000 livres. Lorsque le roi songea à faire reviser l’odieux procès de Jeanne Darc et demanda au pape Calixte III d’instituer une commission dans ce but, Basin fut un des évêques chargés de l’enquête, et il rédigea, en 1453, trois ans avant le jugement de réhabilitation, un Mémoire justificatif en faveur de la Pucelle. À cette époque, l’évêque de Lisieux était un des hommes les plus influents du royaume. Le dauphin, plus tard Louis XI, essaya de le mettrs dans ses intérêts, afin qu’il engageât Charles VII à lui donner le gouvernement de la Normandie. Basin, en repoussant ses offres, le blessa profondément. Devenu roi de France, Louis XI trouva l’évêque de Lisieux au nombre des membres les plus actifs de la Ligue du bien public, qui s’était formée contre lui. Lorsqu’il fut parvenu a en triompher, le roi, dont les ressentiments étaient implacables, s’empressa de faire sentir à Basin le poids de sa haine. Celui-ci, pour échapper aux persécutions, s’enfuit à Louvain, puis à Bruxelles, près du duc de Bourgogne ; mais le roi, feignant de vouloir se réconcilier avec lui, le manda à Orléans, où il le reçut avec une insultante froideur, puis l’exila en Roussillon avec le titre de chancelier de cette province, et de là en Aragon avec celui d’ambassadeur. Enfin, Louis XI se détermina à le faire arrêter ; mais Basin, averti à temps, put se réfugier en Savoie, d’où i ! passa en Allemagne. Il habita successivement Genève, Bâle, Trêves, Louvain, Bréda et Utrecht. En 1474, les revenus de son évêché avaient été séquestrés par ordre du roi, et il avait été obligé de donner sa démission du siège de Lisieux ; mais la cour de Rome le nomma archevêque de Césarée en Palestine, avec une modique pension. L’évêque d’Utrecht, David, un bâtard de Bourgogne, accueillit Basin en ami et en fit son coadjuteur. C’est dans cette ville qu’il termina sa vie. On a de lui divers ouvrages écrits en latin ; le plus remarquable est une Histoire de Charles VII et de Louis XI, intitulée : De rébus gestis Caroli VII et Ludovici XI, etc., qui renferme des détails fort intéressants, mais qui est restée à l’état de manuscrit et que l’auteur a signée du nom d’A melgard, prêtre liégeois. Son mémoire sur Jeanne Darc a été publié par M. Quicherat, dans l’ouvrage intitulé : Procès de la Pucelle.