Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Atomes (architecture du monde des) (supplément)

Administration du grand dictionnaire universel (16, part. 1p. 249).

Atomes (l’architecture du monde des), par M.-A. Gaudin (1873, 1 vol. in-18 jesus). Quoique M. Gaudin cherche à appuyer sur des faits les idées qu’il se fait des atomes, on ne peut se dissimuler que l’imagination joue un grand rôle dans l’ouvrage, curieux à plus d’un titre, dont nous allons rendre un compte sommaire. D’après lui, nous n’avons eu jusqu’à présent sur la manière d’être de la matière que des notions bien imparfaites. Dans le moindre grain de poussière, il existe des assemblages d’atomes dont le nombre est incalculable et qui s’arrangent entre eux suivant des lois d’une merveilleuse régularité. Si l’on voulait compter les atomes contenus dans un morceau de métal gros comme une tête d’épingle, en supposant qu’on pût par la pensée compter par seconde un milliard de ces atomes, l’opération complète durerait 250 millions d’années. Bien des gens penseront que cela revient à dire que la matière est divisible à l’infini et que la seule différence consiste en ce que le mot infini n’est pas prononcé.

M. Gaudin voit dans les molécules des agrégations équilibrées ou symétriques d’atomes chimiques ; chacune d’elles est formée, en général, d’éléments linéaires à 3, à 5, à 7 atomes, équilibrés eux-mêmes, qui se placent parallèlement entre eux, de manière à former des solides géométriques, prismes, pyramides, prismes doublement pyramidés, etc., simples ou accolés, mais toujours solidaires et indivisibles. Dans les corps gazeux, les molécules sont entre elles à une distance constante, et la densité spécifique est proportionnelle au poids de la molécule. Pour les corps solides ou liquides, la distance des molécules est très-variable, et la densité spécifique est à peu près proportionnelle au poids moyen, non des molécules, mais des atomes. La matière organisée diffère de la matière brute en ce que, dans sa composition intime, la loi mathématique a été éludée ; on y remarque toujours un manque de symétrie qui en forme le caractère spécial. Il faut remarquer qu’il s’agit ici de la composition intime, et non de la forme visible. Les atomes ne sont jamais en contact ; leur distance probable est la centième partie d’un millionième de millimètre ; il n’y a point non plus de contact entre les molécules, mais la distance qui sépare celles-ci est beaucoup moindre. Un corps est solide quand ses molécules restent à la même place les unes par rapport aux autres, bien qu’elles puissent s’écarter plus ou moins, selon la température ; dans les corps liquides ou gazeux, au contraire, le déplacement des molécules est incessant.

M. Gaudin est porté à croire que les atomes résultent d’un groupement de particules de l’éther sous une forme sphéroïdale, pouvant prendre, sous certaines influences, un mouvement giratoire. Chaque atome d’une certaine espèce est placé juste au milieu de la ligne qui joint 2 atomes d’une autre espèce  ; il se forme ainsi des files d’atomes équilibrés entre eux par 3, par 5 et par 7, et ces files, placées et équilibrées parallèlement entre elles, engendrent toutes les molécules indiquées par les formules.

Nous ne suivrons pas l’auteur dans les applications qu’il fait de son système à un grand nombre de cas particuliers. Nous en avons dit assez pour donner une idée générale de son travail, qui finit par un rapprochement entre le mécanisme des atomes et la mécanique céleste. La seule différence qui existe entre ces deux mécanismes, dit-il, c’est que, pour les atomes, une seconde est un siècle, tandis que pour les astres un siècle est une seconde.