Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Antigna (jean-pierre-alexandre)

Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 2p. 442).

ANTIGNA (Jean-Pierre-Alexandre), peintre français, né à Orléans en 1818. Elève de Paul Delaroche, il a commencé par faire de la peinture religieuse et a exposé successivement la Naissance de Jésus-Christ (1841), la Vision de Jacob (1842), la Tentation de saint Antoine (1843), qui n’eurent aucun succès. En 1845, outre une Madeleine repentante, il envoya au Salon divers tableaux de genre, entre autres un Mendiant et des Baigneuses, qui attirèrent sur lui l’attention. A partir de cette époque, il a eu le bon esprit de renoncer aux tableaux de religion pour ne peindre que des sujets familiers, empruntés d’ordinaire à la vie rustique. Il a obtenu dans ce genre d’honorables succès, en copiant la nature simplement, franchement, sans recherche de l’élégance, comme sans parti pris de réalisme. Les scènes de deuil, les intérieurs enfumés et misérables, les enfants en haillons et les vieilles gens courbés par le travail, sont les motifs qu’il traite avec une sorte de prédilection, le plus souvent dans des cadres de dimensions restreintes. L’Incendie (V. ce mot) qu’il a exposé en 1850 et 1855, et qui figure aujourd’hui au musée du Luxembourg, a les proportions d’un tableau d’histoire ; c’est son œuvre la plus importante et la mieux réussie ; elle lui a valu une médaille de première classe. L’Empereur visitant les ouvriers ardoisiers d’Angers pendant l’inondation de 1856 (commande du min. d’Etat, 1857) est un tableau froid et péniblement exécuté. La Scène de guerre civile (chouans poursuivis par les bleus et réfugiés dans une chaumière) (1859) pourrait servir de pendant à l’Incendie : la composition est assez bien conçue, un peu mélodramatique toutefois. Ces trois grandes toiles font exception dans l’œuvre de M. Antigna, qui n’est jamais plus expressif que lorsqu’il met en scène de petites figures. On a reproché à sa peinture un excès de solidité et l’abus des tons gris et ternes ; mais ce n’est pas sans intention qu’il assombrit sa couleur et qu’il évite les mièvreries et les papillotages de la touche, en peignant les misères et les tristesses sociales. Il a su d’ailleurs, trouver sur sa palette des tons clairs et gais lorsqu’il a voulu peindre des scènes riantes, telles que la Ronde d’enfants (1853), la Descente et le Sommeil de midi (1859). Cette dernière composition, qui a été justement admirée, n’a qu’un personnage : une fillette des champs, endormie dans un nid de verdure et de fleurs où jouent les rayons du soleil. M. Antigna n’a rien fait de plus séduisant que ce tableautin. C’est une figure charmante aussi, mais de plus grandes proportions, qu’il a placée dans son tableau du Salon de 1864, intitulé le Miroir des bois : une petite villageoise entièrement nue et debout auprès d’une source, où elle est toute surprise et tout heureuse d’apercevoir son image.