Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Angmasalik (supplément 2)

Administration du grand dictionnaire universel (17, part. 1p. 262).

ANGMASALIK, contrée sur les côtes orientales du Groenland (Terre de Christian IX), par 65° 37’ de lat. N., visitée pour la première fois par le capitaine Holm, chef de l’expédition danoise au Groenland (1884-1885), qui y passa l’hiver. Angmasalik est la dénomination du pays qui entoure le fiord ou golfe de ce nom, creusé profondément dans les terres. Le fiord présente un aspect pittoresque et renferme plusieurs lieux habités, dont le plus important est Tasiusarsuk-Kangigdlek. En général, la contrée est entièrement libre pour la navigation pendant les mois de juillet, d’août et de septembre. L’Angmasalik a une population totale de 350 âmes. Les habitants possèdent 142 kayaks (bateaux d’hommes), et 33 oumiaks (bateaux de femmes). Leur langage est le même que celui de la côte occidentale ; leur vois est agréable et douce. Us sont plus grands, mieux constitués que les Esquimaux des côtes méridionales et occidentules ; leur chevelure est de nuance claire ; leur visage ovale et plein de caractère. Ils semblent plus propres que les indigènes de l’Ouest et leurs vêtements, souvent ornés de jolies broderies, sont plus soignés. Les habitations, les armes et les ustensiles de ménage sont Les mêmes que ceux des Groenlandais de l’Ouest du temps d’Egede(m3), letoutsoigneusementtravaillè et présentant parfois des ornements artistiques. Les ustensiles sont en pierre et en os ; le fer est très rare, il se rencontre surtout à l’état de fragments de cerceaux et de débris de navires. Les vêtements d’été sont en peau et ceux d’hiver en fourrures ; leurs bonnets sont en peau de renard, dont la queue tombe sur les épaules. Ces vêtements ne se portent que dehors ; dans l’intérieur des huttes, les indigènes sont complètement nus ; seules les femmes ont une légère ceinture au’our des hanches. La situation sociale de la femme mariée n’est pas régulière tant qu’elle n’est pas devenue mère. Son vœu Je plus ardent est de donner le jour à un garçon, car alors les tribus possèdent un chasseur de plus. D’après une curieuse coutume, la femme enceinte qui veut avoir un fils danse en formant la figure d’un 8. Lorsque les garçons ont quatorze ans, on leur fait revêtir un pantalon, et ils sont alors regardés comme adultes. Au lieu de s’embrasser, les indigènes se frottent mutuellement le nez. Il leur arrive souvent d’échanger leurs femmes. Rarement on rencontre des hommes ayant atteint l’âge de soixante ans. Lorsqu’un individu tombe gravement malade, il consent, sur la demande de ses proches, a terminer ses souffrances en se jetant dans la mer. Les morts, dont les ancêtres ont péri dans la mer, y sont également jetés ; les autres sont enterrés et leur cadavre est couvert de pierres. Les habitants d’Angm&salik ne connaissent presque pas l’art de la pêche. Même le saumon, qui abonde dans les rivières, est pris avec des harpons, des lances et des flèches ayant la pointe en os ou en fer. On chasse principalement l’ours blanc, le narval, le phoque et la baleine. Les kayaks sont ornés de cornes de narval assez adroitement sculptées. En général, les indigènes sont très ingénieux à travailler le bois ou l’os. Les ustensiles de ménuge et les harpons sont parfaitement confectionnés et garnis souvent de petits morceaux d’os blancs. Parmi les objets rapportés par le capitaine Holm, on trouve une collection de bois représentant très exactement les contours de ia côte. Les détails que nous venons de donner sur cette contrée et ses habitants sont empruntés au « Dagbludet «, journal de Copenhague.