Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Angkor (supplément 2)

Administration du grand dictionnaire universel (17, part. 1p. 260).

ANGKOR, site archéologique de l’Indo-Chine, dans le Cambodge siamois, à 4 kilom. N. de Siemréap et à 18 kilom. N. du Grand-Lac ou Tonlé-Sap. Les ruines d’Angkor se répartissent en deux groupes de monuments : 1° celui de Nakhor ou Angkor-Vat (Ankor la Pagode), le plus célèbre ; 2° celui de Nakhor-Thôm (Angkor-la-Grande), situé à 8 kilom. N. du premier.

Un plan grandiose, dépassant les proportions ordinaires ; une symétrie parfaite, mais souvent dissimulée avec art ; une architecture sévère dans ses formes générales, élégante dans ses détails, savante et originale dans ses conceptions, font de ces édifices une œuvre capitale. Le monument religieux de Nakhor-Vat, construit du viie au xive siècle, marque une évolution mémorable du boud-


dhisme : l’alliance de la doctrine de Çakya-Mouni avec les mythes brahmaniques. Les monuments de Nakhor-Thôm sont les vestiges de l’ancienne capitale du Cambodge, dont le nom sanscrit était Indraprasthapoura, et le nom pâli Indrapathabouri.

Le site de Nakhor-Vat représente un immense quadrilatère de 3.550 mètres sur ses quatre faces et de 5 kilom. et demi de tour, y compris le fossé, large de 200 mètres, qui l’encadre. Une chaussée ornée de dragons fantastiques conduit à une sorte d’arche triomphale s’ouvrant au milieu de la première enceinte extérieure, galerie à colonnade précédée d’une terrasse. Au delà, à 500 mètres en arrière d’une deuxième terrasse plus grande que la première, se présente la masse sombre et imposante du temple lui-même, couronné par neuf tours. L’édifice se compose de trois rectangles concentriques, s’étageant les uns au-dessus des autres et formés par des galeries ; le 2° et le 3° sont sommés de tours aux quatre angles ; une tour centrale s’élève au milieu, à l’intersection des galeries médianes ; sa hauteur est de 56 mètres. Un quadruple sanctuaire occupe la base de la tour centrale. Tout y conduit : escaliers et galeries sans fin, cours intérieures à colonnades où se dressent quelques édicules. Des bas-reliefs (l’un a un développement de 500 mètres) et des inscriptions en deux langues (sanscrit et ancien khmer) se déroulent sur les murailles.

Les ruines de Nakhor-Thôm, entourées d’une forêt et envahies par une végétation tropicale, ont pour enceinte une muraille quadrangulaire, haute de 9 mètres, précédée d’un large fossé. Les quatre portes de la ville, auxquelles on accédait par quatre ponts gigantesques, étaient surmontées de tours en forme de tiare. Dans l’enceinte s’élèvent des palais, des temples, des pyramides, qui rappellent un art plein de force et d’originalité.

Les monuments d’Angkor, dont le véritable révélateur fut le voyageur Mouhot (1861), ont été décrits par Doudart de Lagrée et F. Garnier (Voyage en Indo-Chine, 1873, in-8»), par Delaporte (1873), par Aymonier (1883), par Bergaigne (1885), etc.